Même pas peur…

La perception du danger du Covid-19 est en train de changer en Allemagne. Les gens en ont ras-le-bol et commencent carrément à nier que ce virus représente un danger. Inquiétant.

Le virus est là et bien là - même si les Allemands n'y croient plus. Foto: National Institute of Allergy and Infectious Diseases (NIAID) / Wikimedia Commons / CC-BY 2.0

(KL) – Une étude réalisée par des scientifiques de l’Université de Mannheim a donné un résultat surprenant. Si à la mi-mars, 91% des Allemands étaient favorables aux mesures comme la fermeture des écoles, ils ne sont plus que 40% aujourd’hui à y adhérer. On dirait que le fait que leur pays n’ait (pas encore) été touchée comme d’autres pays européens donne l’impression aux Allemands que cette crise n’est pas si grave que cela, et que l’on peut rapidement revenir à un mode de vie normal.

Concernant la fermeture des frontières, l’approbation des Allemands a baissé de 85% à 64% : maintenant, au début de la saison touristique, les Allemands ne veulent plus être embêtés par cette histoire de virus, ils veulent partir en vacances ; et puisque les grands tour opérateurs mettent tout en œuvre pour proposer des voyages pendant la période des grandes vacances, le sentiment que le danger du virus n’existe plus s’en trouve renforcé.

Même son de cloche en ce qui concerne le confinement et la réduction des contacts sociaux. Il y a deux mois, environ 50% des Allemands étaient pour un confinement ; aujourd’hui, ils ne sont plus que 10% à y être favorables. Et 6% estiment même qu’aucune mesure sanitaire ne devrait encore être appliquée, y compris le port du masque ou les gestes-barrière.

Après un confinement largement plus léger qu’en France ou en Italie, les Allemands veulent rapidement revenir à la normalité. Ainsi, la semaine dernière, donc la première semaine d’un grand déconfinement, 75% des sondés ont indiqué avoir rencontré d’autres personnes ne faisant pas partie de leur foyer – amis, collègues etc. Beaucoup de ces contacts se déroulent sans aucune protection, et on ne peut qu’espérer que cela ne se traduise pas par une nouvelle augmentation d’infections.

Ce changement de perception concerne toutes les couches sociales et toutes les tranches d’âge. Pour une grande partie des Allemands, la corona-crise se décline au passé. Que ce soit la reprises des classes et des crèches, la réouverture de la gastronomie, la reprise du tourisme – pour une majorité des Allemands, la crise sanitaire est finie. Mais cette attitude est dangereuse. Le virus, qu’on le veuille ou non, est toujours là, et l’insouciance allemande risque de favoriser une nouvelle vague de propagation.

Cette image d’une crise terminée est également véhiculée par les nombreuses manifestations « anti-coronavirus » où se côtoient extrémistes de tous bords, militants anti-vaccin, complotistes de toute sorte, mais aussi des citoyens lambda qui estiment que l’Etat n’a pas à intervenir.

Croisons les doigts pour que l’Allemagne ne paie pas le prix fort pour cette légèreté. Car il est facile de dire « il faut vivre avec ce virus ». On peut aussi en mourir.

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