Mémoire vivante : 1918, l’homme qui titubait dans la guerre

Des enfants français et allemands ont chanté la paix le 11 novembre à Strasbourg. Impressionnant. Et le mieux - ils présenteront ce spectacle une deuxième fois le 30 novembre à Freiburg.

Lors du récit de la lettre du petit "Paul" à son père au front, il n'y avait pas que les parents qui avaient les larmes aux yeux. Foto: Eurojournalist(e)

(KL) – Ce que l’Opéra National du Rhin à Strasbourg et le Theater Freiburg ont mis sur pied avec les «Petits Chanteurs de Strasbourg» et le «Kinder -und Jugendchor» du Theater Freiburg mérite à ce que l’on s’y arrête un moment. Les enfants, épaulés par deux excellents chanteurs et un acteur-narrateur, ont livré une manifestation contre la guerre et pour la paix, démontrant toute la désolation de la guerre et, remarquable, ils ont décliné ce cri contre la guerre en langue française, en langue allemande et en langue anglaise. Magnifique.

Déjà, il n’est pas encore évident qu’Allemands et Français commémorent ensemble des dates comme le 11 novembre – et il est encourageant de constater que les générations aient pu surmonter les plaies du passé. La génération de jeunes chanteurs sur la scène à l’Opéra National mardi soir, ne prendra jamais les armes contre les voisins, contre les amis – l’amitié franco-allemande est un concept qui a pu être solidement installé entre les deux pays et l’excellente prestation de ces enfants originaires des deux pays en témoigne.

Cet oratorio-opéra d’Isabelle Aboulker était la plus belle des manières pour personnaliser les horreurs de la guerre. Car la guerre, c’est quelque chose de très personnel. Ou, comme la chanté la mezzo-soprano Qiu Ying Du, «on meurt toujours seul» – 20 millions de victimes de la Ière Guerre Mondiale ont du se rendre compte que crever dans les tranchés, même pour la patrie, n’est pas vraiment doux.

Avec le jeune Gautier Eich qui représentait un soldat français qui se rend compte qu’il ne reverra jamais son aimée Lou, incarne toute la désolation de la guerre, la négation suprême de la vie, de la jeunesse, des espoirs. Chantés en français, en allemand et en anglais, les extraits de lettres et poèmes signés Céline, Cendras, Apollinaire, Barbusse, Bataille, Cocteau, ou encore Romain Rolland et Stefan Zweig, en partie interprétés par le baryton Jocelyn Desmares avec une colère et force vraies, étaient impressionnants.

Tout comme la performance des enfants qui, le public le sentait bien, avaient fait du message de ce spectacle le leur. Devant un décor inexistant, vêtus de jeans et de t-shirts noirs, rien ne pouvait détourner le regard de la scène où ces enfants se dépassaient, autant au niveau de la discipline de la chorégraphie qu‘au niveau de l‘intensité de la représentation. Le moment le plus fort, c’était la lecture d’une lettre qu’un petit Paul avait adressé à son père au front – il n’y avait pas que les parents qui avaient les larmes aux yeux.

Tout aussi remarquable – la présence mardi soir du maire adjoint de la ville de Freiburg Ulrich von Kirchbach qui était venu assister à ce spectacle, marquant ainsi aussi une présence officielle lors de cette journée pas comme les autres. Que de signes encourageants qui indiquent que nous avons accompli des progrès énormes dans le développement des relations franco-allemandes. L’extraordinaire présence des enfants allemands et français en constitue la plus belle preuve.

Le 30 novembre prochain, «1918, l’homme qui titubait dans la guerre», d‘ailleurs soutenu par le ministère de la culture et la Fondation Entente Franco-Allemande (FEFA) se joué une deuxième fois au Theater Freiburg. Si par malheur, vous avez loupé la soirée à l‘Opéra du Rhin à Strasbourg, vous devriez absolument réserver vos places pour le 30 novembre à Freiburg. Ce spectacle vaut vraiment le déplacement.

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