Menos Ecrãs, Mais Vida !

L’expérience pilote de passage aux manuels numériques, lancée en pleine pandémie de Covid-19, avait alors tout son sens. Foto: Intel Free Press / WikimediaCommons / CC-BY-SA 2.0

(Jean-Marc Claus) – Que dirait aujourd’hui Victor Hugo, qui en son siècle affirmait : « Les maîtres d’école sont des jardiniers en intelligence humaine » ? Jardiniers en intelligences, comme les jardiniers de la folie d’Édourad Zarifian, ou jardiniers façon chaîne de restauration d’autoroute à enseigne bovine ? Cultiver les intelligences, vaste programme aujourd’hui, quand les marchands de temps de cerveau humain disponible, s’emploient méthodiquement à farcir les têtes avec de productions télévisuelles et internetiques excrémentielles !

Si en France, il est question de généraliser les expériences « collège sans portable », au Portugal, le mouvement « Menos Ecrãs, Mais Vida » (Moins d’Écrans, Plus de Vie) pousse le raisonnement plus loin. Là où la suffisance franchouillarde ne voit pas une vache dans un couloir, l’esprit pragmatique portugais, prend le taureau par les cornes, en replaçant le problème dans la globalité de son contexte.

Un contexte où la généralisation des écrans va jusqu’au remplacement des manuels scolaires par des supports numériques. Une enquête menée fin mai par « Menos Ecrãs, Mais Vida », et rapportée par l’agence de presse Lusa, montre que 90% des parents interrogés préfèrent les manuels papier, car ils permettent aux élèves une meilleure concentration, contre 8% qui optent pour les manuels numériques, or près d’un tiers continue à acheter des manuels papiers malgré l’évolution en cours.

Une évolution que ne semblent pas prêts à vouloir contrer les pouvoirs publics, car l’interdiction des smartphones dans les écoles est pour l’heure encore laissée à la libre appréciation des chefs d’établissements. Mais le Ministério da Educação, Ciência e Inovação (Ministère de l’Éducation, de la Science et de l’Innovation (MECI), va créer des guides d’information à destination des écoles. Ce que les tenants de « Menos Ecrãs, Mais Vida » estiment très insuffisant.

Tout comme l’évaluation de l’impact du projet pilote de favorisation du recours aux manuels numériques, prévue seulement à l’horizon de la préparation de l’année scolaire 2025-2026. Alors qu’il faudrait déjà évaluer maintenant, car ce projet pilote qui a débuté l’année scolaire 2020-2021 avec un millier d’élèves, en a concerné l’an dernier 24.011 élèves. Il y a donc moyen dès aujourd’hui d’évaluer.

Il faut dire que cette expérience, lancée en pleine pandémie de Covid-19, avait alors tout son sens. Mais depuis, les cours sont assurés en présentiel et les écoles ont retrouvé entre autres fonctions, celle d’intégration sociale. Or, les écrans, notamment employés immodérément par les enfants, ne sont pas des facteurs favorisant la sociabilité. A quand un mouvement tel que « Menos Ecrãs, Mais Vida », interpellant directement les pouvoirs publics en France, et appréhendant dans sa globalité, la question des écrans et leur incidence négative sur les enfants ?