Mercadona : avancées sociales et reconnaissance faciale…
Améliorations des conditions de travail des salariés et reconnaissance faciale pour tous : Mercadona innove !
(Jean-Marc Claus) – Forte de ses 1.638 supermarchés, la société « Mercadona » est devenue leader de la grande distribution alimentaire en Espagne. Lancée en 2019 à la conquête du marché portugais, cette chaîne fondée en 1977 et toujours dirigée par le valencien Juan Roig Alfonso, possède maintenant une dizaine de magasins dans le pays voisin. Derrière le slogan « Supermercados de confianza » se pratique la politique commerciale du SPB (Siempre Precios Bajos = prix toujours bas) en vue de satisfaire le client, nommé « el jefe » (le chef), dont l’importance surpasse tout. Mais ces choix stratégiques sont aussi à l’origine d’un mécontentement croissant chez les personnels.
Cependant, au chapitre des bonnes nouvelles, El País annonçait début Juillet qu’à compter du 3 Août, suite aux négociations engagées avec les syndicats UGT et CC OO, les conditions de travail des salariés vont s’améliorer. Ils travailleront 5 jours et se reposeront 2. De plus, durant l’année, ils pourront bénéficier de 8 longs week-ends (samedi-dimanche-lundi). Il est intéressant de noter que préalablement à la signature de cet accord, ce nouveau régime a été testé avec succès plusieurs mois dans 31 magasins. Un « Observatoire de la Convention Collective » créé en 2019, a permis cette avancée sociale importante à l’issue d’une année et demie de travail. Les menaces de grèves fin 2019 dans toute la grande distribution espagnole, ne furent peut-être pas étrangères à cette réussite. Mais il s’avère que la négociation a payé ; ce qui peut être aussi une manière efficace de mener des luttes sociales.
Au chapitre des moins bonnes nouvelles, El Diario et La Vangardia rapportent que l’enseigne fait l’objet d’une enquête de l’Agence Espagnole de Protection des Données Personnelles (AEPD) – Un organisme qui en 2017 avait tout de même infligé une amende de 1,2 millions d’Euros à Facebook pour avoir collecté, à des fins publicitaires, des informations personnelles sensibles sans l’accord des usagers. Il est question pour Mercadona, de l’installation d’un système de reconnaissance faciale déjà mis en œuvre à Majorque, Saragosse et Valence, dans 40 établissements. Le système détecte les personnes ayant reçu l’ordre de quitter le magasin et de ne plus y entrer. Cela concerne les clients indélicats, mais peut aussi s’appliquer à certains salariés.
La société affirme que cette expérimentation a été préalablement travaillée en contact avec les autorités, mais l’AEPD avait à ce moment là déjà émis plusieurs réserves. L’enquête ouverte dès a présent lui permettra de vérifier si ses doutes se vérifient. Marché en pleine croissance, la technologie de la reconnaissance faciale est aussi sévèrement critiquée. Notamment par des chercheurs dont Joy Buolamwini (MIT), fondateur de l’Algorithmic Justice League (AJL), auteur d’une étude démontrant comment elle porte atteinte aux droits humains en facilitant la stigmatisation de catégories de personnes. Par ailleurs, son taux d’erreur d’environ 30% dans les milieux fermés peut dépasser les 90% en environnement ouvert, selon Gemma Galdón, fondatrice la Fondation Ethics. A suivre.
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