Merci, Monsieur Juncker (pour rien)

La bonne nouvelle de ce début de semaine – le président de la Commission Européenne ne brigue pas de deuxième mandat. Et il ne manquera à personne.

Ce serait bien s'il pouvait déjà partir avant 2019 - Jean-Claude Juncker. Foto: EU2016SK / Wikimedia Commons / CC0 1.0

(kl) – Dans une interview accordée au Deutschlandfunk, le président de la Commission Européenne Jean-Claude Juncker a déclaré qu’il ne serait pas disponible pour un deuxième mandat à la tête de la Commission en 2019. En dressant un bilan désastreux de ses années comme chef de la Commission, il a toutefois oublié un détail – c’est lui qui a conduit l’Europe aux bords du gouffre.

« Je me fais du souci pour l’Europe », a dit Juncker, soulignant que le « Brexit » constituait un danger énorme pour la cohérence européenne. « Je crains que les Britanniques arriveront sans trop de mal à diviser les états-membres, en promettant des choses différentes aux uns et aux autres. » Son bilan est aussi juste que triste – « Je crois que les états européenns aient des objectifs bien différents en ce qui concerne l’Europe… »

Peu étonnant, puisque nous avions des responsables européens comme Jean-Claude Juncker. Privant les Européens de milliards d’euros en instaurant le système d’évasion fiscale au Luxembourg qui a été dévoilé dans le cadre du scandale « LuxLeaks », Juncker porte une responsabilité individuelle dans de nombreuses crises européennes. Crise économique, crise financière, crise de la Grèce, absence d’un véritable projet européen, la liste est longue et toutes ses crises sont étroitement liées à la personne de Jean-Claude Juncker.

Qu’a-t-il fait depuis le 23 juin dernier, jour du référendum en Grande Bretagne ? Comme tous les autres ténors européens, Juncker avait, dès le lendemain de ce malheureux référendum, annoncé l’élaboration d’un « nouveau projet européen » – mais il n’a rien fait en ce sens.

Juncker, ce n’est pas « Monsieur Europe », mais il fait partie des fossoyeurs européens, de ceux qui ont loupé l’occasion de relancer cette Europe en pleine crise de sens. Une Europe sociale ? Une Europe basée sur les valeurs humanistes ? Une Europe forte dont la voix compterait au niveau mondial ? Rien de tout ça – Juncker s’est contenté de transformer l’Europe en une sorte d’agent pour le « Big Business », acceptant qu’une grande partie des 500 millions Européens et Européennes souffre des injustices sociales, acceptant un chômage de jeunes dramatique, acceptant la montée de l’extrémisme dans de nombreux pays européens qui lui aussi, est étroitement lié à ces manquements politique pour lesquels Juncker porte la responsabilité.

Les belles paroles (« lors de mon élection en 2014, je suis à nouveau tombé amoureux de l’Europe…»), il peut se les garder. Jean-Claude Juncker est l’incarnation de l’échec européen, d’une Europe qui malmène ses citoyens et citoyennes pour servir les intérêts des actionnaires, des « marchés », de la grande finance.

Non, Monsieur Juncker, vous n’allez pas nous manquer. Au contraire. Et puisque vous ne voulez pas continuer au-delà de 2019, pourquoi ne pas rendre un vrai service à cette Europe qui bat de l’aile – en démissionnant immédiatement pour laisser la place à quelque’un d’autre qui ferait ce que vous avez toujours refusé de faire : transformer l’Europe intergouvernementale et paralysée en une Europe fédérale, basée sur un Parlement Européen fort et démocratique, une Europe capable de faire vivre aux Européens et Européennes ce « rêve européen » que nous méritions ? Si vraiment vous aimez l’Europe, vous n’attendrez pas 2019 pour la débarrasser de vous…

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