Meuh non, pas « tous pourris »…

Combattre les paradis fiscaux et en profiter à titre personnel – l’ancienne Commissaire Européenne à la concurrence Neelie Kroes montre d’où vient ce sentiment ‘tous pourris » chez les citoyens.

Chic - Neelie Kroes a fait du bénévolat pour un homme d'affaires richissime. Un engagement social des plus louables... Foto: Sebastiaan ter Burg, Utrecht, The Netherlands / Wikimedia Commons / CC-SA 2.0

(KL) – José Barroso qui s’engage chez Goldman-Sachs, l’ancien chef de la chancellerie à Berlin Ronald Pofalla qui s’engage comme lobbyiste chez la Deutsche Bahn, Neelie Kroes qui était directrice d’une société boite aux lettres aux Bahamas, Jérôme Cahuzac… – difficile de ne pas adopter cette perspective des « tous pourris ». Décidément, la politique souffre d’un manque de crédibilité et la méfiance vis-à-vis du monde politique qui s’accentue de plus en plus, n’est pas infondée.

Neelie Kroes était connue comme une défenseure des intérêts des citoyens vis-à-vis des grands groupes économiques, veillant à empêcher des conglomérats trop puissants, une vraie femme politique au service des citoyens. Et – de 2000 à 2009, aussi la directrice d’une société offshore aux Bahamas, la « Mint Holdings Ltd. ». La « Mint Holdings Ltd. » appartient à un certain Amir Badr-El-Din, un ancien consultant du président des Emirats, impliqué dans de grandes affaires comme le rachat du groupe « Enron », une affaire d’une valeur estimée entre 6 et 8 milliards d’euros (qui ne s’est finalement pas réalisé).

Si les avocats de Neelie Kroes se sont dépêchés de déclarer que l’ancienne commissaire européenne « n’a pas été rémunérée » pour son mandat en tant que directrice de cette société offshore (important, car une commissaire européenne n’a pas le droit d’exercer d’autres fonctions, mais cette règle implique également des fonctions non-rémunérées), cela n’enlève rien à la question pourquoi elle aurait accepté un tel mandat. Par altruisme ? Pour donner un coup de pouce à une opération financière menée par un richissime homme d’affaire qui autrement, passe son temps à élever des chevaux de polo ?

Les hommes et les femmes politiques qui mêlent leur mandat aux affaires personnelles, comptent parmi les raisons pour lesquelles les gens se détournent de la politique, en soupirant ce fameux « tous pourris ». L’implication personnelle de responsables politiques dans des affaires « bizarres » pose problème – par exemple dans le contexte des négociations sur les traités transatlantiques sur le libre échange qui sont rejetés par la majorité des citoyens et qui continuent à être promus par le monde politique, sans que leurs motivations ne soient très compréhensibles.

En vue de la défaillance des mêmes responsables dans la quasi-totalité des dossiers politiques de l’Union Européenne, il ne faut pas s’étonner que les citoyens ne croient plus en cette Europe. En 2019, nous arriverons à un moment décisif où il nous incombera à nous, citoyens et citoyennes, de limoger la génération actuellement au pouvoir et de les remplacer par des Européens convaincus issus de la « Génération Erasme ». Il serait temps de rendre sa noblesse à cette Europe malmenée par des « responsables » qui ont conduit notre Europe aux bords du gouffre. 70 ans de paix et de lutte pour une Europe solidaire ne devraient pas être anéantis par les intérêts personnels d’une poignée de « responsables » qui, visiblement, prennent l’Europe pour une sorte de supermarché en libre service.

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