Michel Barnier, à vous de jouer !

A quelques jours du « Brexit », l'Union Européenne devrait émettre une condition à la poursuite des échanges entre l'UE et la Grande Bretagne : la libération immédiate de Julian Assange et son transfert dans un hôpital en Europe.

Michel Barnier doit rompre les négociations avec la Grande Bretagne, tant que Julian Assange y est torturé et menacé. Foto: Eurojournalist(e) / CC-BY-SA 4.0int

(KL) – Il y a des dossiers qui tombent un peu dans les oubliettes pendant la Covid crise et ça, c’est dangereux. Un exemple de ces dossiers « oubliés » est celui de Julian Assange, l’emblématique lanceur d’alerte, incarcéré dans la prison de haute sécurité de Belmarsh en Grande Bretagne. La Covid-19 est présente dans cette prison et Julian Assange se trouve dans un état de santé tel qu’il compte sans doute parmi les « personnes particulièrement vulnérables ». Son procès qui le menace d’une extradition vers les Etats-Unis (où il risque 150 ans de prison), a été reporté du 26 novembre au 11 décembre. Puisque la Grande Bretagne semble prête à poursuivre la torture physique et psychique de Julian Assange, l’Union Européenne se doit de faire valoir tout son poids vis-à-vis des responsables britanniques. Avant la libération de Julian Assange, Michel Barnier doit refuser tout autre entretien, toute autre réunion – l’Union Européenne ne négocie pas avec des tortionnaires qui mènent des procès politiques pour amadouer des tiers pays.

Jusqu’ici, dans le dossier de Julian Assange, l’attitude des leaders européens est aussi lamentable que celle de la Grande Bretagne. Tous ceux qui se vantent de leur « engagement en faveur des lanceurs d’alerte », ont détourné le regard du dossier Julian Assange. De peur de froisser les Etats-Unis, les Européens regardent, les bras croisés, la violation des Droits de l’Homme et de tout standard éthique que commet la Grande Bretagne. L’ONU a déterminé que le traitement infligé à Julian Assange était de la torture et ceux qui laissent faire les tortionnaires, ne valent pas plus que ceux qui commettent les actes de torture. Le « crime » de Julian Assange ? Avoir divulgué au monde, les crimes de guerre et contre l’humanité américains en Irak, en Afghanistan et au Pakistan. Les documents publiés par « WikiLeaks » faisaient, entre autres, état de la torture pratiquée dans les prisons américaines dans ces pays. Aujourd’hui, Julian Assange est lui-même victime de la torture et ce, au cœur même d’un pays qui se dit démocratique et adhérent aux Droits de l’Homme.

Une extradition de Julian Assange, qui est aujourd’hui dans un état de santé qualifié de « critique » par une soixantaine de médecins qui avaient adressé un courrier à la ministre de l’intérieur britannique demandant son transfert immédiat dans un clinique spécialisée, reviendrait à la peine de mort. Et tous les discours sur la protection des lanceurs d’alerte ne serviront à rien si nous laissons le doyen des lanceurs d’alerte à son destin. Il ne reste que quelques jours pour que les leaders européens se fassent entendre et qu’ils parlent d’une voix. La place de Julian Assange n’est pas dans une prison de haute sécurité en Grande Bretagne, mais dans une clinique en Europe, avant qu’il puisse retourner dans son Australie natale.

Il n’est pas trop tard. La Grande Bretagne dépend de l’Union Européenne et des bienfaits du marché européen. L’Europe doit imposer maintenant la libération de Julian Assange, en insistant qu’une extradition ou même le maintien en prison d’Assange constituerait une raison de rompre les négociations entre l’UE et la Grande Bretagne. Celui qui pourra imposer cela, est Michel Barnier, qui est en contact permanent avec le gouvernement britannique. Pour cela, il lui faut un mandat des leaders européens – avec la promesse d’accueillir Julian Assange sur le sol européen où il recevrait les soins dont il a besoin.

Si cette Union Européenne, qui va d’échec en échec, qui trahit régulièrement ses principes humanistes les plus sacrés, veut gagner un peu en crédibilité, elle doit s’imposer sur cette question. Quid à frapper la Grande Bretagne des mêmes sanctions que l’on réserve habituellement à d’autres états. Julian Assange, ce n’est pas uniquement Julian Assange. Julian Assange, c’est aussi la liberté de la presse et ainsi, un garant des libertés et des Droits de l’Homme.

Michel Barnier, à vous de jouer !

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