Michel Platini suspendu avec Sepp Blatter – la FIFA et l’UEFA s’enlisent…

La commission d'éthique de la FIFA a suspendu son président Sepp Blatter et Michel Platini, dans un premier temps pour 90 jours. Mais il y a de fortes chances à ce que les deux ne reviennent pas.

La fin de sa carrière de fonctionnaire risque d'être moins glorieuse que sa carrière sportive... Foto: Piotr Drabik / Wikimedia Commons / CC-BY 2.0

(KL) – Le football mondial et européen se retrouvent sans présidence. Hier, la commission d’éthique de la FIFA a exclu le président de la FIFA Sepp Blatter ainsi que le président de l’UEFA Michel Platini «de toute participation aux activités footballistiques nationales et internationales». Les investigations du parquet suisse concernant un paiement de 2 millions de Francs Suisses que les deux patrons du football international avaient «oublié», ne pouvait plus être ignoré. Il paraît de plus en plus clairement que les ambitions de Michel Platini de succéder à Sepp Blatter en février 2016, s’envolent pour de bon.

Cette suspension empêchera logiquement les deux d’exercer leurs fonctions au sein de la FIFA et de l’UEFA qui se trouvent donc sans présidence. En ce qui concerne la FIFA, c’est le vice-président camerounais Issa Hayatou qui assumera temporairement la présidence, mais cela n’arrangera pas les choses. Le professeur de droit pénal suisse Mark Pieth, jusqu’en 2013 président de la commission de gouvernance de la FIFA, disait récemment dans une interview que Hayatou «pouvait être le prochain à avoir des problèmes»… car Issa Hayatou, depuis 1992 vice-président du comité exécutif de la FIFA, se trouve autant dans le collimateur des enquêteurs que les deux présidents suspendus.

Dans le cadre de l’affaire autour de la société de marketing sportif ISL, Hayatou a reçu des paiements qu’il avait justifié par la suite en déclarant qu’ils s’agissait de «dons à sa confédération continentale». De plus, il est soupçonné d’avoir «vendu» son vote lors de l’attribution de la Coupe du Monde 2022 en faveur du Qatar. Est-ce vraiment un remplaçant digne pour un président soupçonné de corruption ?

Autant Sepp Blatter que Michel Platini se défendent contre les allégations de corruption, mais leurs dépositions concernant ce paiement de 2 millions de Francs Suisse à l’ancien capitaine de l’équipe de France semblent faibles. En 2011, la FIFA lui avait versé cette somme, qui aurait constitué un honoraire pour des prestations de consultant que Platini aurait effectué entre janvier 1999 et juin 2002. D’une part, il est difficile de croire la première déposition de deux qui avaient déclaré avoir «oublié» cette somme due, par la suite, Platini avait expliqué le retard de ce paiement par «la situation financière de la FIFA» à ce moment. Qui, en 2002 était excellente – la FIFA avait réalisé un bénéfice de 115 millions de Francs Suisse en cette année, ce qui aurait amplement été suffisant pour payer ces «prestations». Néanmoins, les deux persistent à dire que toute cette affaire soit montée dans le but «de nuire à la réputation» de Blatter et de Platini. Honni soit qui mal y pense. Une affaire de calomnie, concertée par la justice américaine, la justice suisse, les instances du football mondial ?

En ce qui concerne l’intérim à l’UEFA, la situation n’est en rien meilleure. Selon les statuts (article 29), le premier vice-président de l’UEFA devrait le remplacer, mais il s’agit de l’espagnol Maria Villar Llona qui lui, fait également partie du comité exécutif de la FIFA et il ne se trouve pas non plus au-dessus de tout soupçon, au contraire. Son fils Gorka occupe actuellement le poste du secrétaire général de la confédération de l’Amérique du Sud où il fait l’objet de reproches de chantage de la part de clubs uruguayens. Sans évoquer la question si ses relations familiales l’aient aidé à décrocher ce poste lucratif, on commence à comprendre ce que la ministre de la justice américaine, Loretta Lynch, voulait dire lorsqu’elle parlait de «structures mafieuses». Toutefois, l’UEFA ne voulait ou ne pouvait pas encore se prononcer hier – si Llona ne devrait pas être retenu pour assurer l’intérim, ce rôle reviendrait au chypriote Marios Lefkaritis.

L’organisation du football mondial doit se réinventer de A à Z. Il ne suffira plus de remplacer quelques acteurs, il faudra réinventer toute la structure. Une structure qui a géré pendant trop longtemps et sans contrôle efficace des sommes d’argent trop importantes pour ne pas tenter ses dirigeants. Et qui ont fini par attribuer leurs manifestations lucratives de manière politique à des états comme la Russie (2018) et le Qatar (2022) en faisant fi des considérations sportives. Il n’y a pas quelque chose de pourri dans le royaume de la FIFA, mais le royaume de la FIFA est complètement pourri. La première chose qu’il faudra faire après la mise en œuvre d’une toute nouvelle structure dans le football mondial, serait de retirer les Coupe du Monde déjà attribuées, même si pendant ces années-là, il faudra se passer d’une telle manifestation. Et ensuite, il conviendra de faire exactement le même travail au niveau des autres grandes fédérations sportives. L’implosion de la FIFA n’est que le début d’une phase d’épuration du sport mondial. Qui elle, ne vient pas trop tôt…

1 Kommentar zu Michel Platini suspendu avec Sepp Blatter – la FIFA et l’UEFA s’enlisent…

  1. Yveline MOEGLEN // 9. Oktober 2015 um 22:00 // Antworten

    Aussi longtemps qu’il y aura des spectateurs au foot … RIEN ne changera … Que ce soient les directions ou le salaire des footballeurs…

Hinterlasse einen Kommentar zu Yveline MOEGLEN Antworten abbrechen

E-Mail Adresse wird nicht veröffentlicht.

*



Copyright © Eurojournaliste