Micro européen – au sujet de la désinformation

Dans le « Micro européen » sur France Info, José-Manuel Lamarque se penche, avec Aurélie Julia, directrice de « La Revue des Deux Mondes », sur la désinformation.

Les Fake News font aujourd'hui partie des stratégies militaires. Qui peut-on encore croire ? Foto: Nick Youngson Alpha Stock Images / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(José-Manuel Lamarque / France Info) – Focus sur une pratique qui ne fait pas obligatoirement notre quotidien, mais qui y contribue : la désinformation. « La Revue des Deux Mondes », dans son numéro de novembre, y consacre un dossier. Une pratique militaire qui a commencé au VIe siècle avant Jésus-Christ. Manipulation, propagande informatique, théorie du complot, Fake News, la lutte contre la désinformation en Europe. Entretien avec Aurélie Julia, la directrice de « La Revue des Deux Mondes ».

Aurélie Julia, la désinformation, ce fléau ?

Aurélie Julia : « La Revue des Deux Mondes » s’est emparée de ce sujet très ancien et très actuel, la désinformation. Vous savez que la Bible en parle dans ses dix commandements, « Tu ne feras pas de faux témoignages contre ton prochain ». Sun Tzu, le grand stratège chinois, revendiquait cette pratique, « Faites courir le plus de bruits possibles et de rumeurs sur vos ennemis, pour les déstabiliser ». Et aujourd’hui, nous avons des maîtres qui sont passés dans l’art de la désinformation, comme Vladimir Poutine ou Donald Trump.

On a l’impression que l’Europe est en train de devenir de plus en plus petite parce qu’on est très entouré : Biden, Trump, Poutine, Xi Jinping, Narendra Modi, Erdogan, pratiquent cette désinformation ?

AJ : Beaucoup de personnes comme vous le dites, beaucoup de despotes et de personnalités qui veulent du mal à la démocratie, utilisent cette désinformation. Nous mettons au point, notamment en France, des pratiques pour lutter contre cette désinformation. Il y a l’organisme Viginum (Nouvelle fenêtre) qui a été mis en place en 2021, et qui permet de lutter contre ces pratiques.

Et dans votre dossier, cette désinformation, elle est au quotidien, mais elle fait aussi le fruit d’Internet. Toutes les télés internet, les radios internet, les journaux internet, etc.

AJ : Le réseau social est devenu une grande machine de guerre cognitive. Nous avons mis en couverture Elon Musk, je ne pense pas qu’Elon Musk est un maître de la désinformation. Mais en tout cas, c’est un bon relayeur de la désinformation.

Désinformation – pour vous, c’est guerre de l’information ?

AJ : Pour moi, oui, aujourd’hui, ça l’est devenu.

Et justement, dans votre dossier « Vérité, Poison ou Antidote », on sait très bien que c’est la dose qui fait le poison. Donc désinformation = poison ?

AJ : La désinformation = poison, on fait dire à la vérité ce qu’on veut. Ce que fait notamment Elon Musk. La vérité est ce qu’il en fait, et ce qu’il en dit, en tout cas.

Le fameux Sun Tzu, le grand stratège chinois, disait : « Allez-y, allez-y, désinformez, désinformez… », mais il y a des siècles de cela. Et aujourd’hui, dans votre dossier, « L’art des opérations militaires de déception », parce que désinformation est aussi déception.

AJ : C’est aussi une déception. C’était une pratique qui a été utilisée pendant la Seconde Guerre mondiale, qu’on a appelée comme ça, « désinformation, déception » une pratique militaire. Et donc, vous le voyez, c’est pour vous prouver que cette désinformation a cours depuis Sun Tzu, VIe siècle avant Jésus-Christ, jusqu’au XXIe siècle.

Sauf qu’aujourd’hui, nous arrivons à l’intelligence artificielle. Alors bien sûr, c’est l’humain qui fournit l’intelligence artificielle, mais peut-être qu’à un moment, l’intelligence artificielle va fonctionner d’elle-même, et donc peut-être, elle aussi va pratiquer la désinformation ?

AJ : Je crois qu’on se heurte à un double défi aujourd’hui, c’est qu’il faut douter, mettre en cause, une des grandes qualités de notre démocratie, sans tomber dans un scepticisme radical qui mettrait en cause nos institutions.

Justement, lutter contre la désinformation, veut-il dire aussi désinformer soi-même, désinformer le désinformateur ?

AJ : Oui, ce pourrait être une technique aussi de faire courir des rumeurs. J’en ai parlé à un homme politique qui me disait il ne faut pas, il ne faut tout de même pas tomber dans ce travers-là.

C’est la raison pour laquelle vous avez dans votre dossier « La diplomatie aux avant-postes » ?

AJ : Exactement. Et ce n’est pas une technique qu’ils pratiquent. En tout cas, ils essaient de contrecarrer les opérations d’ingérence, mais ils ne pratiquent pas du tout la désinformation, m’ont-ils dit. Mais sur tous les sujets, il y a désinformation.

Donc notre chère Europe, si l’Europe désinforme et elle doit aussi se protéger des désinformateurs ?

AJ : C’est fait, on a aucune leçon à donner je pense. Et cette grande pratique de la désinformation a été notamment utilisée par les Américains, le plus bel exemple pour moi, c’est l’Irak, et le plus tragique exemple, cette invasion de l’Irak, cette déclaration qui a été déclenchée sur de fausses informations.

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