Micro européen – La peur norvégienne

José Manuel Lamarque parle avec la journaliste norvégienne Vibeke Knoop Rachline des menaces qui pèsent actuellement sur les pays scandinaves.

La Norvège, pays d'une beauté extrême, est inquiet depuis l'invasion russe en Ukraine, disposant soi-même d'une frontière avec la Russie. Foto: Ximonic (Simo Räsänen) / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(José Manuel Lamarque / France Info) – La Norvège, un pays riche grâce à ses ressources naturelles, fait face à des inquiétudes croissantes depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Bien que le pays bénéficie d’un haut niveau de vie et d’un fonds souverain puissant, les Norvégiens s’inquiètent des menaces russes et des conséquences des politiques internationales, comme les droits de douane de Donald Trump. Le gouvernement encourage la population à se préparer à une crise, ce qui reflète un réveil face aux risques géopolitiques, malgré une stabilité économique enviable. Pour en parler, dialogue avec Vibeke Knoop Rachline, correspondante de la presse norvégienne.

Vibeke Knoop Rachline, resituons la Norvège, elle n’est pas un État membre de l’Union européenne mais, membre de l’espace économique européen. Avec le fonds d’investissement le plus important au monde grâce à son pétrole, gaz, et la pêche à la morue, ainsi, grosso modo, les Norvégiens détiennent un an de salaire sur leur compte en banque, donc la Norvège est un pays très riche, avec un très haut niveau de vie.

Vibeke Knoop Rachline : C’est à peu près ça, un très haut niveau, et les ministres des Finances norvégiens qui se succèdent sont les plus heureux au monde. Ils peuvent puiser dans le fonds pétrolier pour boucler leur budget tous les ans.

Quand tout va bien, généralement on a tendance à s’endormir. Aujourd’hui, les Norvégiens sont inquiets par la situation internationale.

VKR : En effet, et ce qui les inquiète surtout, c’est depuis, on va le dire, depuis l’invasion de l’Ukraine par les Russes. Que se passerait-il s’ils venaient nous voir ? On a quand même une longue frontière commune avec la Russie et ce n’est pas qu’imaginaire ce danger. J’ai vu dans un rapport qui a été publié cette semaine sur 40 différentes intimidations russes. Toutes formes d’intimidations, ça peut être du brouillage du système GPS, ça peut être un problème avec les câbles sous-marins, brouillage pour les avions, franchement, cela a franchi un seuil et les Norvégiens ont peur…

A la mi-février, l’ancien secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, a été nommé ministre des Finances…

VKR : Il est extrêmement populaire, ce qui ne gâte rien. Mais à lui tout seul, il ne va pas pouvoir résoudre le problème. Je suis allé dernièrement en Norvège et c’est intéressant parce que, c’est la première fois que l’on ressent sur place cette peur.

La Norvège, pays scandinave avec la Suède, la Finlande, le Danemark, y a-t-il une union scandinave sous forme d’entraide ? Est-on prêt à s’aider les uns les autres ?

VKR : Absolument, et justement, pour calmer la situation, là, tout récemment, la Première ministre danoise, Mette Frederiksen, a invité ses collègues scandinaves à un dîner. C’était à la suite des déclarations de Donald Trump sur le Groenland pour montrer que ces pays sont solidaires quoi qu’il arrive.

Il faut dire aussi que le Danemark n’a plus de défense. Elle a tout donné à l’Ukraine.

VKR : C’est un peu ça aussi, il ne faut pas l’oublier.

Cette inquiétude malgré le haut niveau de vie se traduit comment ?

VKR : Le gouvernement, justement, incite beaucoup la population à être consciente du danger des problèmes qui peuvent survenir. On utilise des grands mots, on dit carrément guerre ou grande crise. On a distribué à tous les ménages norvégiens une brochure conseillant de prévoir un petit stock que chacun ait chez soi, des conserves, des bougies avec des couvertures, avec de l’eau potable. Et les Norvégiens prennent ça vraiment au sérieux. Il y a le même une sorte de brochure, aussi en Suède et au Danemark, et en Finlande. En Suède, ils vont encore plus loin, ils ont dit que l’on peut avoir des armes chez soi.

Que pensent les Norvégiens de l’arrivée de Donald Trump ?

VKR : Les Norvégiens sont déjà très inquiets en ce qui concerne les droits de douane que Donald Trump veut instaurer. Ça va toucher des secteurs économiques norvégiens comme l’aluminium par exemple. Ce qui fait encore plus peur aux Norvégiens, c’est comment l’Union européenne va éventuellement répliquer, car nous ne faisons pas partie de l’Union. On a peur de ne pas être dans le coup ou de ne pas être défendus au même titre que les autres. Et ça, on a très, très peur aussi.

Donc un réveil difficile, les Norvégiens s’aperçoivent qu’un très haut niveau de vie c’est bien, mais ce n’est pas suffisant.

VKR : Exactement, ce n’est pas suffisant…


Pour écouter cet entretien, il suffit de cliquer ici !

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