Micro européen – les Grecs veulent faire le ménage !
Justice, corruption, mécontentement en Grèce et dans les communautés grecques dans d'autres pays. José Manuel Lamarque analyse la situation avec la journaliste grecque Thomaïs Papaïoannou.

(José Manuel Lamarque / France Info) – La Grèce est sans-dessus dessous et dans la rue depuis le 28 février 2025, qui est un jour historique qui a vu des grèves et des manifestations dans toute la Grèce, mais aussi dans les communautés grecques en France, Argentine, Corée du Sud et en Australie. Cette grève intervient deux ans après un accident de train qui a coûté la vie à 57 personnes en 2023, lors d’une catastrophe ferroviaire au nord d’Athènes et au sud de Thessalonique, à Tempe. Depuis, la colère des Grecs ne cesse de croître. Interview avec Thomaïs Papaïoannou, journaliste et correspondante de la Télévision publique grecque ERT.
Que représente cet accident pour les Grecs ?
Thomaïs Papaïoannou : C’est un scandale dans le sens où la justice traîne les pieds. Il n’y a pas une vraie avancée dans le processus judiciaire. Et surtout, on découvre presque tous les mois des nouveaux éléments. L’un des juges d’instruction n’avait pas révélé aux familles et n’avait pas mis dans les dossiers, 600 000 fichiers qui concernaient l’accident, des conversations, des e-mails, des vidéos. Et ce qui a le plus choqué les gens, c’est qu’ils ont bétonné le lieu de l’accident quelques heures après l’explosion.
Une explosion très intense et incomprise ?
TP : Au fur et à mesure de l’enquête, même si elle a été bâclée, on comprenait que les éléments qui ont provoqué l’explosion, étaient des hydrocarbures, très inflammables. Donc, depuis, les familles ont créé un collectif pour essayer de faire avancer l’enquête. Ils éprouvaient des sentiments d’injustice et ils ont commencé à accuser les gouvernements, mais pas que le gouvernement actuel, mais aussi les gouvernements précédents en disant qu’il y avait eu un grave cas de corruption, mais aussi des mises en cause, telle la compagnie ferroviaire, mais aussi l’exploitant ferroviaire. Le pays n’a jamais réussi à rendre justice pour les grands scandales qui ont tourmenté le pays et les gens ont redouté que ce soit encore le cas, donc ils sont sortis dans la rue.
On parle du président de la République Constantinos Tassoulas dans cette affaire. Pourquoi ?
TP : Le collectif des familles considère qu’il a une part de responsabilité politique parce qu’avant, il était président du Parlement et on l’accuse d’avoir retardé l’avancée des dossiers politiques, sachant que le président de la République en Grèce, c’est un poste honorifique. Le système qui devrait être en place pour prévenir des accidents comme celui-là, ne fonctionnait pas. Donc, on parle d’une corruption au sein des entreprises dont Alcatel, qui est accusé, et il y a eu un conflit entre compagnies ferroviaires, dont une compagnie italienne. Le train appartient à un conglomérat italien. Tout cela est le résultat notamment de la grande crise économique qui a touché le pays violemment. Ils ont privatisé les secteurs sans véritablement faire une vraie réforme. Donc les résultats étaient presque inévitables. Les employés de la compagnie ferroviaire avaient prévenu : « Attention, on va dans le mur, il va y avoir un accident. »
Les Grecs sont-ils toujours prêts à redescendre dans la rue ?
TP : Oui, mais pour l’instant, il y a tellement d’éléments qui sortent constamment de l’enquête que les gens attendent de voir comment les choses vont évoluer. Si finalement il va y avoir un miracle de justice en Grèce. On salue tous le courage des familles parce que dans leur douleur extrême, elles essayent vraiment de faire changer les choses en Grèce.
Quelle est la position, cette fois-ci du Premier ministre Kyriakos Mitsotakis ?
TP : Il a reconnu des erreurs du passé. Il a promis que les choses vont évoluer. On reconnaît tous que ce n’est pas la faute du gouvernement. Il faut absolument faire le ménage, c’est ce que demandent les Grecs.
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