Micro européen – quel sera le nouveau gouvernement allemand ?

Le nouveau gouvernement allemand sera validé mardi par le Bundestag et le « Micro européen » analyse la situation avec Kai Littmann, directeur d’Eurojournalist(e).

Friedrich Merz sera élu nouveau chancelier allemand mardi. Foto: Steffen Prößdorf / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0int

(José Manuel Lamarque / France Info) – Après une lourde défaite du SPD d’Olaf Scholz (SPD) à l’élection législative récente, le futur chancelier Friedrich Merz, membre du CDU, reste impopulaire en son pays. Sans majorité absolue, il vient toutefois de rallier le SPD pour une coalition. Rêvant de prendre le leadership européen, il souhaite se consacrer aux problèmes internationaux.

Lundi 5 mai, le gouvernement allemand sera formé. L’élection législative a eu lieu le 23 février dernier, mais on ne sait toujours pas qui va participer au gouvernement du chancelier Merz.

Kai Littmann : Effectivement, on ne connaît pas encore la composition du nouveau gouvernement. En revanche, le suspense est relatif puisque la semaine dernière, les adhérents du SPD ont validé le contrat de coalition, avec ses 144 pages qui auparavant, avait déjà été validé par la direction de la CSU, la petite sœur bavaroise de la CDU, donc des conservateurs. Et lors d’un petit congrès, la CDU avait également validé ce contrat de coalition. Ainsi, pour les trois partis qui vont former le nouveau gouvernement, cette coalition a été actée et sera confirmée mardi 6 mai lors du vote au Bundestag.

Que pensez-vous de ce gouvernement à venir, car le nouveau chancelier, Friedrich Merz n’est pas du tout un politique ? C’est un homme qui vient de chez BlackRock, de la finance, il n’a jamais fait aucune campagne électorale…

KL : Et il a déjà commis énormément d’erreurs en amont de la formation de cette coalition. C’était même lui qui avait mis en péril le succès des négociations en faisant des yeux doux à l’AfD, l’extrême-droite. Le fait de se présenter comme AfD-compatible, ça posait problème au SPD. Ce ne sera donc pas une coalition formée par amour. C’est le bon sens qui veut qu’on évite une participation de l’AfD au nouveau gouvernement. Donc, ça va être un gouvernement qui aura beaucoup de difficultés, surtout dans la mesure où la majorité au Bundestag n’est que de 12 voix.

Aujourd’hui, combien d’Allemands soutiennent Monsieur Merz ?

KL : Un tiers environ, et Monsieur Merz part dans ce nouveau poste avec un malus énorme. Jamais un chancelier allemand n’a commencé son mandat avec 66% des Allemands qui ne sont pas de son côté.

On comprend bien que c’est un gouvernement pour barrer la route à l’AfD mais, quand même, avec des décisions politiques qui ressemblent beaucoup à celle de l’AfD, comme le contrôle aux frontières.

KL : Oui, tout à fait. Et cela a été annoncé déjà bien en amont par Friedrich Merz. L’Allemagne sort factuellement de l’espace Schengen en instaurant des contrôles à toutes les frontières extérieures. Il y en a 11, avec une nouvelle règle, qui est le refoulement de réfugiés qui ne sont pas arrivés en Allemagne, c’est la règle de Dublin. Si vous regardez la géographie, il n’y a aucun réfugié qui est arrivé en Allemagne comme premier pays d’arrivée.

Ce gouvernement sera donc mis en place le 6 mai, pendant que l’AfD, lui, continue son bonhomme de chemin auprès des électeurs allemands.

KL : Actuellement, c’est le parti le plus fort dans tous les sondages en Allemagne. Et si le nouveau gouvernement ne peut pas donner de résultats concluants pour les Allemands, une autoroute s’ouvre à l’AfD pour toutes les prochaines élections.

Et que peut-on espérer pour la relation franco-allemande ?

KL : C’est difficile à dire parce que Monsieur Merz n’a pas énormément d’expérience dans le franco-allemand, mais il affiche une grande volonté d’être proche de la France. Il va se rendre à Paris immédiatement après l’élection du gouvernement. Ce sera sa première visite à l’étranger. Donc il y a des signes encourageants.

Pour écouter cet entretien, il suffit de cliquer sur ce lien !

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