Mieux vaut tard que jamais…

Après les 11 ans de détention arbitraire et criminelle de Julian Assange en Grande Bretagne, 38 députés français ont demandé à ce que la France accorde l'asile politique au lanceur d'alerte. 11 ans !

Est-ce que la France proposera l'asile politique à Julian Assange ? Foto: Ministerio de Cultura de la Nacion Argentina / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 2.0

(KL) – Oui, c’est louable. 38 députés français, toutes sensibilités confondues, ont déposé un projet de résolution à l’Assemblée Nationale demandant à ce que la France accorde l’asile politique à Julian Assange. A un moment où la procédure d’extradition de Julian Assange vers les Etats-Unis se trouve dans la phase décisive, une telle proposition est plus que nécessaire. Et on peut aussi se poser la question comment les députés français se sont débrouillés pour ignorer pendant 11 ans le tort que les Etats-Unis et la Grande Bretagne infligent à celui dont le « crime » consiste à avoir informé le monde des crimes de guerres américains.

Ce n’est pas tous les jours qu’on voit une proposition de résolution portée à l’Assemblée Nationale par des hommes et des femmes politiques aussi incompatibles que François Ruffin, Cédric Villani, Jean Lassalle, Adrien Quatennens, Marie-George Buffet ou Martine Wonner, pour ne citer qu’eux. Mais, cette proposition de résolution est loin d’être votée et à un moment où l’Assemblée Nationale s’apprête à voter une nouvelle loi de protection des lanceurs d’alerte, c’est le moment de prouver qu’il ne s’agit pas d’un texte dépourvu de sens, mais que la France est sérieuse en voulant protéger ceux qui alertent le public sur des vérités qui dérangent.

Si jamais cette résolution devrait être votée, il faudra prévoir aussi un calendrier très rapproché pour mettre la Grande Bretagne et les Etats-Unis sous pression, ce que la France et toute l’Union Européenne auraient du faire depuis des années. Mais autant l’Europe que la France ont préféré fermer les yeux face à la torture que subit Assange dans cette prison à haute sécurité de Belmarsh près de Londres.

Personne ne sait s’il n’est pas déjà trop tard. Il est évident que les grandes lignes de la procédure contre Assange sont négociées derrière des portes fermées entre Londres et Washington. Dans cette situation, il est primordial de définir les moyens pour mettre les Etats-Unis et la Grande Bretagne sous pression pour que ces deux états acceptent qu’Assange soit accueilli (et soigné) en France. Car sans pression concrète, Londres et Washington ne prendront même pas acte d’une proposition d’asile pour Julian Assange.

La crédibilité de la « loi sur la protection des lanceurs d’alerte », portée par le vice-président de l’Assemblée Nationale Sylvain Waserman, dépendra de l’aboutissement de cette proposition d’asile pour Julian Assange. Est-ce que la majorité LREM à l’Assemblée aura le courage de défendre, même aussi tardivement, les Droits de l’Homme face aux USA et au Royaume Uni ? Ou est-ce que cette majorité se comportera comme celle d’avant en regardant ailleurs ?

Julian Assange n’est pas un criminel, mais un lanceur d’alerte qui, grâce au concours d’autres lanceurs d’alerte, a informé le monde sur des crimes de guerre et contre l’humanité commis par les Etats-Unis. Ceux qui devraient se trouver sur le banc d’accusés, sont ceux qui poursuivent Assange sans merci. Chaque député français qui ne votera pas en faveur de la proposition de résolution No. 4613 se rendra complice des Etats-Unis et de la Grande Bretagne qui elle, selon le chargé spécial de l’ONU Nils Melzer, est en train de torturer Julian Assange. Même si c’est incroyable que les députés aient mis 11 ans avant de réagir, espérons que cette démarche aboutisse à la libération de Julian Assange et que la résolution, si jamais elle était votée, ne restera pas une « communication politique ». #freeassangenow !

Voici la liste des signataire de la proposition de résolution No. 4613 :

Erwan BALANANT, Thierry BENOIT, Éric BOTHOREL, Moetai BROTHERSON, Alain BRUNEEL, Marie‑George BUFFET, Annie CHAPELIER, Jennifer DE TEMMERMAN, Frédérique DUMAS, Paula FORTEZA, Hubert JULIEN‑LAFERRIÈRE, Sébastien JUMEL, Mansour KAMARDINE, Jean‑Christophe LAGARDE, Michel LARIVE, Jean LASSALLE, Philippe LATOMBE, Jean‑Paul LECOQ, Marion LENNE, Marie‑Ange MAGNE, Denis MASSÉGLIA, Sereine MAUBORGNE, Sébastien NADOT, Danièle OBONO, Mathilde PANOT, Valérie PETIT, Dominique POTIER, Adrien QUATENNENS, Pierre‑Alain RAPHAN, Muriel RESSIGUIER, Fabien ROUSSEL, François RUFFIN, Maina SAGE, Bénédicte TAURINE, Nicolas TURQUOIS, Cécile UNTERMAIER, Cédric VILLANI, Martine WONNER,

Kommentar hinterlassen

E-Mail Adresse wird nicht veröffentlicht.

*



Copyright © Eurojournaliste