Mini-série (3) – Retour sur le Chemin de Saint Jacques

Au fur et à mesure qu'il avance vers Santiago de Compostela, Claude Haudier plonge dans cette ambiance particulière qui règne sur le Chemin de Saint Jacques.

Le Chemin de Saint Jacques a un charme tout à fait particulier. Avec chaque pas, on s'approche un peu plus de soi-même. Foto: Claude Haudier

6 juin : Villafranca Montes de Oca – Burgos. – Départ une fois de plus au lever du jour. Magnifique lever de soleil sur l’église avant d’entreprendre la montée du col. L’histoire récente est aussi présente sur le chemin : en effet, juste avant le sommet, un monument à la mémoire des événements tragiques de 1936. Long chemin vallonné parcouru avec Martine. Tout un chacun a déjà à l’esprit à l’arrivée sur Burgos, la plus grande ville-étape depuis le départ du Puy en Velay. Finalement, la traversée à pied de la zone commerciale se fait sans difficulté. A pied, même s’il est admis que les transports collectifs peuvent être utilisés pour rejoindre le centre. Cette zone commerciale, c’est la réalité du chemin aujourd’hui. Au passage, une grande entreprise allemande installée aussi en Alsace nous fait un petit clin d’œil. Somptueuse visite de la cathédrale et de son cloître. La tour lanterne qui inonde de lumière la cathédrale fait presque oublier les stèles du Cid et Chimène à la croisée du transept. A cet instant, le sentiment d’avoir déjà fait un grand bout de chemin. 

7 juin : Burgos – Hontanas. – Derniers regards sur la cathédrale et petit retour en arrière pour découvrir l’église Saint Lesme et l’ancien hôpital afin de réparer l’erreur de parcours de la veille. Sortie par la porte Saint Martin où se trouve un monument relatant l’histoire du Cid né tout près d’ici. Journée ordinaire, sans visite : pas étonnant puisqu‘il nous est arrivé de faire plus d’une dizaine de kilomètres sans rencontrer un seul village. Précisément, arrivée dans un petit village très paisible, Hontanas. L’hospitalière du gite communal est très chaleureuse. Beaucoup d’échanges au cours de la préparation du diner. Une soirée comme on les aime sur le Chemin et qui marque les esprits.

8 juin : Hontanas – Fromista. – Première découverte de la journée : les ruines du cloître de San Anton,aujourd’hui traversé par la route. Etranges ruines à l’image des voussures du tympan qui ont subi les affres du temps. Pas trouvé les gardes à manger de l’époque, intégrés dans les murs extérieurs, réservés aux pèlerins. Sans doute se trouvent-t-ils dans ce qui constitue aujourd’hui un domaine privé. Longue et belle traversée de Castrojeriz. Puis, sur la route, l’ermitage San Nicolas, un havre de paix, bien restauré avant d’arriver au pont Fitera, cité par Aimery Picaud, le grand historien du Chemin. Franchi ce pont, c’est la voie ouverte sur la Palencia. A Boadilla del Camino, un rollo (tour) juridictionnel bien conservé. Et déjà l’on arrive à Fromista par le canal et ses écluses si réputées. Plus de place à l’albergue communal. Repli dans une bodéga qui réserve un accueil sympathique avec un diner très convivial.

Avant, retour au centre-ville pour visiter l’église de Fromista, une merveille dans le plus pur style roman. A l’intérieur, un chapiteau retient l’attention : celui qui raconte la scène du corbeau et du renard. Fromista, Rosheim ou Murbach: que des joyaux de l’art roman !

9 juin : Fromista – Carrion de los Condes. – Départ ressemblant à une marche populaire dominicale en Alsace ! Malgré tout, beau cheminement le long de la rivière Ucieza au chant des oiseaux. Etonnement à Villalcazar de Sirga, sa collégiale Santa Maria la Blanca. Cet endroit, d’une grande beauté, respire la sérénité. Etape au monastère de San Clara. C’est dimanche et les espagnols se promènent en famille dans les rues. En cet après-midi, les églises sont pourtant fermées. Découverte du monastère San Zoilo, un peu à l’écart de la ville, sur les conseils d’une famille croisée dans la rue. Un style bien différent de ce que nous connaissons en France, moins austère, mais toujours cette même sérénité qui se dégage de ces lieux.

10 juin : Carrion de los Condes – Moratinos. – Déjeuner dans le restaurant de la veille avant de partir dans la brume. Seize kilomètres sans traverser le moindre village. La nature va nous émerveiller avec l’éclosion des ombrelles. L’albergue dans laquelle je pensais m’arrêter, de l’extérieur ne m’inspire pas . Je continue jusqu’à Moratinos. Guère plus de chance : San Bruno –le nom de l’auberge- n’était pas là à nous attendre.

11 juin : Moratinos – Calzadilla de Hermanillos. – Sur le parcours, rapidement, une ville chargée d’histoire : Sahagun, en pleine préparation de la fête de la corrida. Malheureusement, l’église San Lorenzo (XIIIième siècle) est en travaux. Regret de ne pas avoir choisi de dormir sous les voutes de l’église de la Trinidad transformée en albergue. Comment ne pas faire le détour par l’ermitage de la Virgen de Puente, autre page historique du Chemin. A Calzadilla de Hermanillos, je retrouve mes amis brésiliens, Winston et Danielle, attablés à une terrasse, qui se restaurent et m’invitent. Pas de refus à cette heure. Etape à l’auberge communal : accueil formidable par un hospitalier, Planediez. Je pense à Jean François, hospitalier rencontré au Carmel de Figeac. Des hospitaliers qui par leur présence sont les témoins et les gardiens de l’esprit du Chemin.

Les photos ont été réalisées par Claude Haudier. La suite – vendredi !

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