Mini-série (4) : Retour sur le Chemin der Saint Jacques

Claude Haudier avance bien sur le Chemin de Saint Jacques. Les rencontres se multiplient et le voyage prend tout son sens.

Sur le Chemin de Saint Jacques, vous avez tout le temps pour rétrograder et pour penser aux choses de la vie. Foto: Claude Haudier

12 juin : Calzadillas de Hermanillos – Mansilla de las Mulas. – 24 km sous le soleil et sans rencontrer le moindre village. Le chemin s’identifie avec l’ancienne voie romaine. Marche avec des Bretons du Morbihan et des Côtes d’Armor. On a discuté pays, du canal de Nantes à Brest et même de Jean Paul, le charcutier de Saint Congard dont la renommée dépassait visiblement largement la commune !

13 juin : Manzilla de las Mulas – Leon.- Programmation d’une courte étape pour avoir plus de temps à profiter de Leon et découvrir la cathédrale (superbes vitraux floraux ) et son cloître, sans oublier la basilique San Isidoro et son musée qui contient des peintures uniques (une chapelle Sixtine en plein art roman !). L‘architecture de Gaudi est aussi présente. Hébergement à la résidence Saint François d’Assise. Soirée marquée par la disparition de ma «ropa» (mon linge) que j’avais mis à laver, retrouvé deux heures plus tard grâce aux caméras de surveillance installées dans la buanderie ! Un gag : ce sont mes amis brésiliens qui avaient fait la confusion… et emporté par mégarde mon linge tout propre avec le leur.

14 juin : Leon – Hospital de Orbigo. – Un petit café dans un bar à la sortie de la ville et c’est le début d’une longue route, cadencée par le bruit des camions. On entend quand même le coassement des grenouilles dans les canaux d’irrigation. Dans le ciel tout bleu, une cigogne emportant dans son bec une grenouille. Pas l’ombre d’une curiosité culturelle ou architecturale sur le chemin avant d’arriver à Hospital de Orbigo. Traversée du plus long pont du Chemin avant de s’installer dans un auberge paroissiale bien dans la tradition.

15 juin : Hospital del Orbigo – El Ganso. – Encore un français qui râle au petit matin pour une porte qu’il considère comme devant être fermée ! Premiers champs de houblon. Beau chemin de campagne jusqu’à Astorga avec un système d’irrigation bien entretenu (les grenouilles sont à leur aise). Très belle ville. Retrouve mon ami Alfonso devant la mairie au moment où les automates sonnent 10 h. Visite de la cathédrale (piliers et vierge en majesté) et de son musée et tout près encore une construction de Gaudi, l’architecte de la cathédrale de Barcelone. Sarcophage paléo-chrétien en marbre blanc qui nous renvoie aux temps anciens du christianisme.

A la sortie d’Astorga, le paysage change : une terre ocre et beaucoup de genêts. Bel accueil à l’alberge d’El Ganso, petit village tout en poésie. A l’auberge, de mon lit au premier étage, une vue imprenable sur le toit de l’église et un nid de cigognes. Observation de jeunes cigogneaux qui essaient de prendre leur envol.Qui sait s’ils ne vont pas rejoindre l’Alsace… Spectacle extraordinaire en tout cas, plus original qu’une émission de téléréalité.

16 juin : El Ganso – Molinaseca. – Départ avec un vrai café et des toasts. De quoi arriver prestement à Rabanal del Camino. Entré dans l’église romane où un prêtre (japonais ?) dit la messe devant personne. Difficile dans ce contexte de faire une photo des parties romanes les plus anciennes. Dommage tant l‘intérieur de l ‘église est plein d’authenticité. Emouvante traversée de Foncebadon, village qui renait de ses ruines grâce au Chemin. Arrivée au somment de la Cruz de Hierro, un moment fort du Chemin. Arrêt incontournable. Soirée dominicale de récupération en goûtant les bonnes cerises d’un jardinier voisin du gite.

17 juin : Molinaseca – Villafranca del Bierzo. – Départ sous la pluie jusqu’à Ponferrada et son château imposant datant du Moyen Age. Longue marche en grappillant les fruits de saison sur le bord de la route. Seule visite, la chapelle Saint Roch à Cacabelo. J‘arrive à hauteur de Yolande, une habituée du chemin qui peste contre des témoins de Jéhovah, installés sur le bord de la route, et qui, dit elle, abuseraient de la faiblesse de pèlerins. Pas sûr que ces témoins de Jéhovah comprenaient le français…

Ambiance étrange dans cet albergue tout près de l’église romane et de son portail. Y aurait il eu un changement de propriétaire ? Une descente jusqu’au centre de la ville très chargée d’histoire. Pour cause : les pèlerins malades qui arrivaient jusqu’ici pouvaient considérer qu’ils avaient accompli le Chemin jusqu’à Santiago.

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