Miss Alsace et l’Histoire

Le Docteur Georges Yoram Federmann revient sur l’élection de Miss Alsace. En se posant quelques questions…

La première Miss Alsace portait également le prénom de Josephine. Mais à une époque bien différente... Foto: EJ

(Par Georges Yoram Federmann) – J’ai lu le compte-rendu de l’élection de Miss Alsace dans les DNA du 4 septembre. J’aimerais tant avoir de la sympathie pour ces filles qui sont supposées incarner « le beau et le luxe » ( « Quand on se présente, on est jolie, on le sait. Ce qui fait la différence, c’est ce qu’on dit. (…) ».

Et me laisser convaincre par les effets transcendantaux de la foi de l’élue : « Je suis croyante, catholique. »

Mais ce type d’élections me rend plutôt triste, je ne saurais dire pourquoi avec précision, peut-être parce qu’elles s’apparentent à une sorte de « marché » ( « mercato », dit-on aussi, sans se soucier que cela puisse s’appliquer à l’humain ).

Comme me rendent triste les transferts mirobolants de Neymar ou Mbappé, sans aucune commune mesure avec le sens commun de la vie et de l’histoire.

L’élue rappelle ingénument qu’elle porte le même prénom que la première Miss Alsace « en 1940 » : Joséphine. En fait, Joséphine Ladwig a été élue en Alsace en 1939, puis Miss France en 1940. Cette précision chronologique et ce lien « familier » se veulent de connivence, mais soulèvent plutôt un malaise car ils oblitèrent le fait que notre région a été évacuée en septembre 1939 et en mai 1940.

J’aimerais bien avoir des précisions sur les conditions dans lesquelles ces élections ont bien pu se tenir. Voir la chronique – CLIQUEZ ICI.

« Les conditions d’évacuation sont difficiles. Le voyage dure plusieurs jours, souvent dans des wagons à marchandises ou à bestiaux, dans des conditions d’hygiène déplorables. Le service médical pour chaque convoi fait souvent défaut.

Pour beaucoup, il s’agit du premier grand voyage. L’angoisse de l’inconnu se mêle à la peur de ne jamais revenir. Les évacués sont autorisés à emporter avec eux un maximum de 30 kilos de bagages. Le reste est à laisser sur place.

Dans les campagnes, des milliers d’hectares de terres ne sont plus cultivés, le matériel est abandonné et les récoltes ne sont pas rentrées. Ce ne sont pas seulement leurs maisons que les évacués doivent laisser, mais aussi les bêtes. Dans le plan d’évacuation était prévu qu’un groupe de quatre à cinq hommes par village conduirait le bétail dans des centres de rassemblement, mais cette directive a été aléatoirement exécutée. Laisser le bétail dans les étables revenait à le condamner, aussi a-t-il souvent été lâché dans la nature, errant plusieurs jours voire plusieurs semaines avant d’être ramassé ou abattu.

L’offensive allemande de mai 1940 conduit à une nouvelle vague d’évacuation : 33 000 Alsaciens quittent la région. »

Je suis en pensée solidaire à la mémoire de la sœur aînée de Mlle Meisberger, décédée à l’âge de 17 ans.

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