Mobilisation contre les violences faites aux femmes
Le Portugal n’en a pas fini avec les violences faites aux femmes, mais les institutions se mobilisent.

(Jean-Marc Claus) – Au début de cette décennie, nous disions que comme d’autres pays européens, le Portugal devait encore lutter contre les violences envers les femmes. Or, entre 2020 et mars 2025, les décès dans le cadre de violences conjugales y ont représenté 25% des enquêtes pour homicide, soit 145 affaires. Lors des trois derniers mois, sur 41 enquêtes pour homicide 6 concernaient des violences conjugales au cours desquelles 6 femmes et 1 homme perdirent la vie.
Face à ces chiffres, rapportés par le coordinateur de la Police Judiciaire Pedro Maia, le Procureur Général de la République Amadeu Guerra en poste depuis octobre 2024, a précisé qu’il allait sensibiliser le Ministère de la Justice au fait que « dans les cas de violences domestiques, ce ne devrait pas être être la victime qui quitte le domicile et l’environnement familial, mais l’agresseur » (sic). Défendant le principe que la loi doit être la même pour tous, ayant réalisé un parcours exemplaire jusqu’à sa retraite en 2020, ce septuagénaire d’origines modestes, s’engage dans un combat qui l’honore.
S’il peut paraître surprenant qu’un retraité occupe ce poste, n’oublions pas que le Président de la République Marcelo Rebelo de Sousa qui l’a nommé à ces hautes fonctions, est lui même retraité de l’enseignement et qu’il va renoncer à sa retraite de président à l’issue de son second mandat en 2026 pour retourner enseigner. Quant à Amadeu Guerra, gageons que l’expérience acquise au cours de sa carrière, va l’aider à faire avancer la protection des victimes de violences conjugales.
Ce qui est d’autant plus nécessaire que Luis Neves, le directeur de la Police Judiciaire, pointait récemment l’existence de « jeux en ligne » ayant pour cibles des femmes qu’il faut persécuter, violer, tuer. Il a rapporté le cas d’un mineur âgé de dix-sept ans, qui depuis Santa Maria da Feira où il vit avec ses parents, a encouragé à distance de jeunes Brésiliens à attaquer massivement une école. Les charges pesant contre lui sont nombreuses, dont celles d’incitation de tiers au viol et de chantage envers les victimes.
Il ne faudrait pas maintenant s’imaginer que le Portugal devient un pays cultivant le féminicide, mais les éléments rapportés plus haut témoignent de la perméabilité de la société portugaise à l’air du temps. Or là, pas plus qu’ailleurs en Europe, on ne peut parler de féminicides résiduels. La montée en puissance des extrêmes-droites, dans un contexte de capitalisme aux abois, créé les conditions nécessaires et suffisantes à l’épanouissement des pulsions les plus immondes.
Les femmes (re)deviennent des objets, la précarité causée par le ralentissement de l’économie réelle et l’explosion de l’économie virtuelle, les touche plus que les hommes. Avec les néo-nationalismes, arrivent le néopatriarcat, l’un et l’autre n’étant pas moins nocifs que leurs versions antérieures. L’intelligence artificielle ne mettra pas fin à la bêtise naturelle, puisque cette dernière contribue à l’alimenter. Donc en résumé, on est mal patron(ne), on est très mal !
Les sanctions sont néanmoins rapides, comme par exemple dans le district de Porto, pour le quadragénaire qui, à Matosinhos, avait avec sa voiture en juin 2024, renversé dans la rue sa compagne et était passé sept fois sur son corps jusqu‘à ce que mort s’en suive. La procédure n’a pas duré plus d’une année, pour qu’il écope de vingt-deux ans de prison ferme.
Kommentar hinterlassen