Mobilité européenne au temps de la crise sanitaire

En mars 2020, la sentence tombe. Confinement. Études et recherche se retrouvent temporairement en suspens en France. Qui est bientôt rejointe par ses voisins européens. S'engage alors, pour les mobilités européennes un vrai parcours du combattant.

Hier, Campus France a publié les chiffres actuels concernant la mobilité des étudiants en Europe. Foto: © Campus France

(Marine Dumény) – Mobilité obligatoire pour valider un diplôme, programme Erasmus, Campus France, thèse à l’étranger… étudiants et jeunes chercheurs européens ont rencontré des difficultés à poursuivre leur cursus. D’autres ont pu profiter de l’expérience sans ombre au tableau.

Lorena Goliarda est italienne. En master, elle étudie la jurisprudence italo-française. Malgré sa carte européenne d’assurance maladie, lorsqu’elle doit préparer son retour en Italie pour les fêtes de Noël, un hôpital lui indique que le « test n’est gratuit que pour les Français, et qu’ayant eu des problèmes dans le passé, ils ne font pas confiance aux mutuelles italiennes ». Arrivée difficilement en septembre dernier, c’est sa seule mésaventure causée par la situation sanitaire. Malgré un départ assuré seulement au dernier moment, « l’Université de Nanterre a décidé de nous assimiler, début septembre, à des étudiants régulièrement inscrits, car notre mobilité est obligatoire », explique-t-elle. Sur place, le programme Erasmus et une aide du MIUR (ndlr: Ministère italien de l’Université et de la Recherche), ainsi que divers organismes et administrations la renseignent et la soutiennent dans sa mobilité.

« C’était l’enfer », soupirent Alex Karten et Jean Humbert, respectivement Suisse et Belge. Étudiants à Lausanne, ils se sont rencontrés durant leurs déboires respectifs. Alex Karten, en ingénierie, a vu son échange avec la Pologne annulé par la première vague de contamination. Quant à Jean Humbert, en lettres, il est aujourd’hui bloqué en Suisse, suite aux décisions gouvernementales et a eu beaucoup de mal à arriver depuis la Belgique en octobre. Il explique : « je pourrais rentrer, en faisant un test à chaque territoire traversé, ou avec un avion, mais ils sont systématiquement déprogrammés et j’ai payé une somme folle à une compagnie aérienne qui ne m’a toujours pas remboursé ». Cependant, l’université de Lausanne et ses organismes, restent « présent et à l’écoute » envers ses étudiants internationaux, reconnaît-il.

Pour Albine Chanove, en thèse à Dresde et ancienne des Arts et Métiers à Metz, le problème principal est l’éloignement familial. « J’avais choisi ma thèse en fonction de la langue du pays, mais surtout du sujet. Je le souhaitais dans la continuité de mon master fait en Allemagne également », expose-t-elle. Avant de reprendre « même si j’ai pu rentrer dans ma famille en urgence la veille du confinement de mars, l’éloignement aujourd’hui pèse, après mon retour. Mon salaire et les complications logistiques ne me permettent pas de les voir aussi souvent que je le voudrais ». En contrat avec une entreprise et l’Ecole Doctorale (ndlr: équivalent au CIFRE en France) depuis 2018, Albine Chanove ne dépend plus des organismes français. Celle qui travaille sur l’harmonisation des données européennes dans le domaine de l’accidentologie, précise qu’aucun suivi n’est effectué par l’Ecole Doctorale auprès de ses doctorants.

Au Royaume-Uni, Éric Cello a toujours souhaité bouger durant ses études. Français, diplômé d’un master de biologie, il voulait « une thèse qui corresponde à mes attentes en termes de sujet ». Alors quand, après un déboire avec une proposition en Nouvelle-Zélande lors du premier confinement, par la force des choses, l’Université d’Oxford le retient pour le sujet rêvé, il n’hésite pas. « Je n’ai pas eu tant de soucis que ça liés à la Covid. Cependant, le Brexit, qui devait avoir lieu dernier délai au 31 décembre 2020, m’a poussé à accélérer mon départ », rit-il. L’accompagnement par les organismes anglais sur place est impeccable. De fiches généralistes aux mails personnalisés, le suivi du doctorant est complet et régulier. « Oxford est très étudiante, et son économie dépend énormément de cet aspect. Aujourd’hui, avec le Brexit et la crise sanitaire, des complications se profilent pour les PhDs (ndlr: intitulé du diplôme de doctorat dans le système anglo-saxon, et par assimilation doctorant) arrivés après décembre, mais même les anglais ne savent pas encore lesquelles », constate ce doctorant en biologie, dans le domaine des maladies transmissibles.

Si la mobilité européenne étudiante a ralenti du fait de la crise sanitaire, il est à relever que son attrait est toujours présent. En témoignent les derniers chiffres de Campus France, sortis ce 25 mars 2021. Et que les organismes de départ comme d’accueil font au mieux pour pallier le problème.

1 Kommentar zu Mobilité européenne au temps de la crise sanitaire

  1. Une flexibilite maximale pour s’adapter a une realite compliquee et mouvante : tel est le credo du programme Erasmus +, en cette rentree 2020 marquee par les fortes incertitudes liees a la crise sanitaire.

Kommentar hinterlassen

E-Mail Adresse wird nicht veröffentlicht.

*



Copyright © Eurojournaliste