Moscou flirte avec Athènes – ce qui était à prévoir

Les responsables de l‘Union Européenne réagissent vivement aux discussions actuelles entre Moscou et Athènes. Mais ils s‘attendent à quoi ? A ce que Tsipras regarde son pays périr ?

Alexis Tsipras se rendra prochainement en Russie. Si l'UE ne trouve pas de réponse à la situation en Grèce, pourquoi pas la Russie ? Foto: Fraktion DIE LINKE im Bundestag / Wikimedia Commons / CC-BY 2.0

(KL) – Le chef du groupe PPE conservateur au Parlement Européen, Manfred Weber (Allemagne, CSU), n‘est pas content. Car la Grèce discute actuellement avec Moscou et Vladimir Poutine avait déjà proposé son aide à la Grèce depuis un bon moment. A un moment où l‘UE s‘est engagée dans un bras de fer peu constructif avec Athènes, ces discussions avec la Russie semblent normales, à moins que l‘UE s‘attende sérieusement à ce que Tsipras laisse le destin de son pays entre les seules mains des Merkel, Juncker, Dijsselbloem & Cie. «Le flirt avec la Russie rend les solutions constructives difficiles», estime Manfred Weber et cette attitude traduit déjà une partie du problème. Bruxelles et Berlin voudraient que la Grèce abandonne son autonomie politique au détriment des marchés financiers – et refuse de voir que le peuple grec se bat pour sa survie.

La quasi-totalité des experts sont aujourd‘hui d‘avis que la politique d‘austérité extrême imposée à la Grèce n`a comme conséquence que la paupérisation rapide d`une grande partie de la population grecque. Les «mesures de sauvetage», il faut le dire clairement, ne visent que les intérêts des banques internationales : les «aides» accordées sont utilisées pour satisfaire les grandes banques ayant spéculé sur la crise en Grèce. Le peuple grec, lui, continue à souffrir, chaque jour un peu plus.

Dans une situation où l‘UE traite le gouvernement grec avec une arrogance à la limite du supportable, à un moment où de nombreux grands médias en Allemagne se distinguent par une propagande ciblée qui vise le peuple grec, il semble tout à fait normal que le gouvernement grec mène des discussions avec tous ceux qui lui proposent réellement du soutien. Et non pas un soutien lié à une ingérence politique.

Le 8 Avril, Alexis Tsipras se rendra à Moscou et la Grèce intensifie actuellement ses discussions avec la Russie. Ainsi, cette semaine, le ministre de l‘énergie grec Panagiotis Lafazanis ira en Russie pour y rencontrer son homologue Alexander Nowak ainsi que des managers du géant russe Gazprom.

L‘UE est en train de pousser la Grèce vers la porte de sortie, une porte que la Grèce n‘a jamais voulu prendre. Les spéculations bruxelloises sur les possibilités de soumettre la Grèce à la politique d‘austérité, une politique qui pousse actuellement de millions d‘Européens dans la misère la plus totale, touchent à leurs limites. Il serait temps que l‘Union accepte qu‘il faille changer de politique – l‘Europe des marchés financiers est un modèle qui ne peut plus durer – il convient désormais de trouver une nouvelle approche européenne. Avant que Vladimir Poutine ne s‘incruste au sein des instances de l‘Union Européenne.

Les menaces du genre «Tsipras devait bien réfléchir si le système agressif et autocratique à Moscou puisse être le bon partenaire ou si la Grèce ne devrait pas préférer les peuples libres et gouvernés démocratiquement de l`Europe qui elle, a fait preuve d`une grande solidarité avec la Grèce pendant des décennies» (Manfred Weber). Est-ce que l`UE s`attend sérieusement à ce que Tsipras sacrifie son peuple sur l‘autel des marchés financiers européens et internationaux ?

La Grèce n‘a pas vraiment le choix. Et l‘UE non plus. Il faut sauver la Grèce, il faut réorienter l‘UE qui elle, est en train de perdre toute son crédibilité. Du moins, le peu qui lui reste…

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