Mosquée de Strasbourg : fin de la polémique ?

Suite au retrait de la demande de subvention pour la nouvelle mosquée de Strasbourg, la mairie de Strasbourg s’engage dans l’élaboration de nouveaux cadres concernant les demandes de subvention des cultes.

Jean Werlen, conseiller municipal délégué aux relations avec les cultes. Foto: Marine Dumény

(Marine Dumény) – Lors de la conférence de presse du 16 avril, Jeanne Barseghian, maire de Strasbourg, réitère l’annonce du retrait de demande de subvention de la -très controversée- association Milli Görüs pour la nouvelle mosquée à la Meinau. Retrait intervenu la veille, et qui semble signer la fin de la polémique. Et amorcer une réflexion autour de la transparence des délibérations, et du cadre des demandes de subventions des cultes avec Jean Werlen, conseiller municipal délégué aux relations avec les cultes.

Une tension encore palpable – Pourtant, si elle « regrette les violences de cette polémique et les stigmatisations » qu’ont dû souffrir certains strasbourgeois durant celle-ci, Jeanne Barseghian ne recule pas sur les décisions prises jusqu’alors. « Je ne pense pas qu’il s’agisse d’une erreur politique », argue-t-elle. Dans sa lettre aux Strasbourgeois.e.s, Jeanne Barseghian fait d’ailleurs état de menaces à son encontre et envers ses collaborateurs et collaboratrices à la Ville. Les sollicitations, engagées par la maire, à la préfète et au gouvernement en la personne de Monsieur Darmanin, n’ont « apporté aucun élément tangible », dit-elle, en conférence de presse. « Ce n’est pas la Ville de Strasbourg qui dispose de services de renseignements », commente, à propos du ‘danger’ de Milli Görüs évoqué par Gérald Darmanin et l’opposition. Sur les diverses réactions des membres du gouvernement, et notamment la dernière de Marlène Schiappa sur LCI, évoquant « la lâcheté de la mairie », la maire de Strasbourg s’offusque de la « façon de s’adresser, des membres du gouvernement, aux élus locaux ».

Interrogé sur la polémique autour de l’association Milli Görüs, Jean Werlen rappelle que l’historique du projet de construction et la présence de l’opposition actuelle et des représentants de l’Etat à la pose de la première pierre. Il rappelle qu’à « partir du moment où l’Etat ne dissout pas une association, elle garde les mêmes droits et les mêmes devoirs que tout autre ». Dans le cas où celle-ci n’aurait pas retiré sa demande de subvention, « le conseil municipal aurait délibéré ». Il répète que « l’Etat n’a toujours pas amené d’élément dans ce dossier ». Pour lui, il ne s’agit pas non plus d’une erreur politique. En effet, « respecter la constitution et son préambule, à savoir ‘Liberté-Égalité-Fraternité’, n’en est jamais une », assène-t-il. Et quand un rappel de la réputation européenne et de ses positions anti-féministes (entre autres) en Turquie de Milli Görüs est fait, Jean Werlen rétorque que la Ville de Strasbourg a eu à traiter « avec une association française, composée de français, qui certes adhère à une fédération qui, en Turquie a des comportements culturels déplacés, mais ici, n’a jamais eu ces manifestations-là ».

Cadre à venir – Après cette agitation politique, la Ville souhaite repartir sur un bon pied. Jeanne Barseghian annonce donc une rencontre avec les représentants des différents cultes, pour revoir les procédures des demandes de subvention. Durant cette réunion, une discussion est prévue quant au traitement à réserver aux demandes en instance. Néanmoins, c’est sur de nouvelles bases, plus « transparentes », mais « dans le respect de ce qui fait la spécificité de la région, à savoir le Concordat et le droit local », que la Ville souhaite continuer de travailler sur ces dossiers. Jean Werlen, conseiller municipal délégué aux cultes, présente en sortie de conseil du 19 avril les premières idées de ce nouveau cadre. L’ensemble du conseil municipal, ainsi que les représentants des principaux cultes reconnus par l’Etat, seront amenés à réfléchir et délibérer. « Une consultation populaire est également en cours de réflexion, même si nous ne savons pas encore sous quelle forme », expose le délégué aux cultes. Il développe : « Sous réserve des variables d’ajustement, à savoir la loi sur le séparatisme et le droit local d’Alsace-Moselle, un schéma d’expertise aux comptes sera désormais obligatoire (ce qui n’était pas le cas avec la délibération de 1999), la séparation des objets cultuels et culturels des associations sera également une condition sine qua none, la présence d’un maître d’ouvrage, en cas de construction ou travaux importants, sera à réfléchir pour soutenir d’une expertise les associations. Des éléments de stabilité, comme la non-revente des baux emphytéotiques (ndlr : un bail immobilier de très longue durée, le plus souvent compris entre 18 et 99 ans) pour éviter les changements de nature ou de fonction des lieux. » Sont aussi évoquées les besoins de cohérence avec les « lois et valeurs de la République ». Comme dans les paroisses, l’hypothèse d’un « représentant de la collectivité dans les associations cultuelles pour ‘garder le lien’ et apporter une aide, sans voix délibérative » fait partie des propositions envisagées par Jean Werlen.

Et de confirmer qu’aucune demande de modification du Concordat n’est en discussion, mais que « la délibération de 1999 sera révisée » pour adapter aux besoins et contexte de notre époque, les textes encadrant les demandes et accords de subventions aux constructions et travaux des lieux de culte. Il s’agit donc d’une affaire à suivre !

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