Motion de censure – l’Allemagne aussi

Le parlement allemand, le Bundestag, a censuré le chancelier Olaf Scholz. Ainsi, la voie est libre pour des élections anticipées qui auront lieu le 23 février 2025.

Olaf Scholz, Ursula von der Leyen et Emmanuel Macron – trois erreurs de casting... Foto: Dati Bendo / Wikimedia Commons / CC-BY 4.0int

(KL) – Voilà, l’Allemagne suit sur les traces de la France. Après qu’Olad Scholz avait posé la semaine dernière la « question de confiance » au Bundestag, hier, les députés allemands ont voté. 207 députés lui ont accordé la confiance, 394 députés ont voté contre lui et 116 députés se sont abstenus. Immédiatement après ce vote, le chancelier Scholz s’est rendu auprès du président fédéral Frank-Walter Steinmeier pour demander à ce que le président déclare, d’ici le 6 janvier, le Bundestag dissout et pour qu’il fixe la date pour l’élection législative anticipée au 23 février 2025. Mais il y a de fortes chances que cette élection anticipée donne un résultat comparable à celui en France et sans majorité claire au Bundestag – l’Allemagne risque de rester ingouvernable comme aujourd’hui.

La suite de cette procédure est prévisible, le président fédéral va dissoudre le Bundestag et les Allemands devront élire un nouveau parlement. Mais cela ne veut dire en aucun cas qu’une majorité claire puisse se dégager de cette élection anticipée, le Bundestag pourra bel et bien être aussi déchiré que les diètes régionales ayant été élues au mois de septembre dans trois Länder de l’est du pays. A une période extrêmement difficile, les opinions politiques vont de plus en plus vers des extrêmes et pour les partis traditionnels, cette élection anticipée pourrait tourner en désastre.

Après que la coalition au pouvoir à Berlin avait explosée suite au retrait des libéraux du FDP, le SPD et les Verts ne pouvaient pas finir la mandature qui aurait du se terminer normalement en septembre 2025. Mais comme c’est le cas en France, il est impossible de gouverner l’Allemagne sans majorité au parlement – l’élection anticipée est donc le résultats logique des années d’une politique tiède et sans ambition qui s’est principalement limitée à administrer les crises actuelles.

Si les sondages actuels donnent les conservateurs de la CDU grands favoris pour cette élection anticipée, on peut s’attendre à des surprises. D’une part, la CDU aura besoin de partenaires de coalition et devra composer avec ses adversaires politiques. Mais qui avec qui ? Ce qui est possible au niveau des Länder où on trouve des coalitions très différentes, au niveau national, cela semble difficile. Néanmoins, les Allemands auront le choix entre des partis qui défendent des concepts diamétralement opposés, et former une coalition dans ces conditions, ressemble à la quadrature du cercle.

Pour le reste, la « qualité » du débat hier au Bundestag avant le vote, n’avait rien à envier aux débats à l’Assemblée Nationale. Toute le monde criait sur tout le monde, les insultes fusaient et personne n’était responsable de l’échec du gouvernement sortant. Ce qui est inquiétant, c’est que quasiment tous les partis veulent aller à l’élection anticipée avec le même personnel qui a largement apporté la preuve de son incompétence. Revoir les mêmes têtes lors d’une brève campagne en janvier/février, ne risque pas d’attirer des électeurs. Au contraire. Et il est incroyable que les partis ne comprennent visiblement pas les sondages – aucune tête de liste ne trouve plus d’un tiers d’opinions favorables dans les sondages et au lieu de remplacer ceux qui ont lamentablement échoué, on prend les mêmes en espérant que les électeurs ne s’en rendent pas compte.

La situation politique en Allemagne devient aussi grave qu’en France et ce, à un moment où les crises multiples et mondiales nécessiteraient des responsables politiques responsables et capables. Mais on en a pas, ni en France, ni en Allemagne. 2025 risque d’être pire que 2024…

2 Kommentare zu Motion de censure – l’Allemagne aussi

  1. La grande différence avec la France et en se basant sur les sondages à l’instant présent, la perspective d’une coalition CDU/CSU/SPD ne semble pas absurde et de ce fait le risque d’ingouvernabilité est plus faible en Allemagne qu’en France. Cependant, si cette hypothèse devait se confirmer en février 2025, on ne pourra plus parler comme par le passé de Grande Coalition. Compte tenu de l’émiettement du paysage politique allemand, les deux ex-Volksparteien ne dépasseront sans doute que de peu la majorité des sièges au Bundestag. C’est là la grande différence avec les Grandes Coalitions connues par le passé.

    • Je partage votre analyse. On verra tout cela en février 2025 et il y a un avantage en Allemagne par rapport à la France : le résultat de cette élection anticipée sera accepté et personne ne peut s’asseoir dessus…

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