Mousse Party et Mickey Mouse

Le débat politique tend en France à devenir une gigantesque mousse party, les influenceurs prenant l’ascendant sur les journalistes, les influencés ne cherchant pas à aller au delà de l’écume des choses.

A l'instar des fêtes votives espagnoles de Gatón de Campos, la macronie a transformé la France en une gigantesque mousse party, mais de manière permanente. Foto: Arolca / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0int

(Jean-Marc Claus) – D’une étude menée il y a sept ans pour la Walt Disney Company France (WDCF), il ressortait que 10% des Français d’alors pouvaient être considérés comme « Mickeynnials ». Un constat coïncidant avec l’accession au pouvoir d’Emmanuel Macron, mais ne sombrons pas pour autant dans le complotisme ! Quoi que… Plus sérieusement, la tendance à se contenter de l’écume des choses, renonçant ainsi à tout approfondissement, se confirme tant dans l’opinion publique que sur la scène politique.

Toujours d’après l’enquête citée plus haut, 83% des Français d’alors aimaient Mickey. Qu’en est-il aujourd’hui ? Selon Statista, la cote de popularité d’Emmanuel Macron, est passée de 62% en mai 2017 à 26% en juin 2024, avec un maximum en juin 2017 (64%) et un minimum en décembre 2018 (23%). Mieux vaut-il donc parader quotidiennement à Disneyland Paris, que de signer un second bail à l’Élysée !

Les dégâts de sept années de macronisme sont quasiment sans limites, et l’impact négatif de la politique de la coquille vide, appelée communément « en même temps », est très largement perceptible dans une société où, à force de ne plus rien approfondir, on en arrive à une inversion totale de la hiérarchie des normes et des valeurs. A savoir : « il faut maintenant que le Gouvernement Barnier réussisse, et ceux qui ne le soutiennent pas, sont de mauvais Français. » Mais aussi : « la guerre doit s’intensifier en Ukraine jusqu’à la victoire, et ceux qui parlent de paix, sont des traîtres. »

Le débat politique tend en France à devenir une gigantesque mousse party, les influenceurs prenant l’ascendant sur les journalistes, les influencés ne cherchant pas à aller au delà de l’écume des choses. Ce qui aboutit à des réflexions du genre : « L’extrême droite est la seule qu’on n’a jamais essayé. ». Faut-il être à ce point inculte et désespéré, pour ne pas ouvrir un livre d’histoire contemporaine ? Le Régime de Vichy, l’État Français, La Cagoule, l’Organisation Armée Secrète (OAS), le Service d’Action Civique (SAC), sont pourtant des produits du terroir franco-français.

Se prétendant grand pourfendeur de l’extrême-droite, pour laquelle à l’issue de son impériale présidence, les Français n’auraient plus aucune raison de voter, Emmanuel Macron lui a en réalité préparé une voie royale d’accès au pouvoir. Allant bien au-delà du célèbre slogan publicitaire du début du siècle, « Vous en avez rêvé, Sony l’a fait. », le malheureusement toujours locataire de l’Élysée a réalisé ce à quoi n’avait probablement pas osé rêver la châtelaine de Montretout : gouverner par personne interposée.

Le RN-ex-FN a maintenant tout le temps de faire le ménage, pour remplacer ses « candidats problématiques » des dernières législatives, par des dames et des messieurs bien propres sur eux, car parallèlement, le gouvernement placé sous sa surveillance, ne cesse de lui (dé)montrer son allégeance. Il serait alors ballot de voter une motion de censure, à moins que le procès visant Marine Le Pen pour détournement de fonds publics européens, connaisse un surprenant coup de boost, qui obligerait cette dernière à rechercher la protection de l’inviolabilité empêchant notamment toute procédure (administrative, civile ou pénale) à son encontre, pour des faits commis en dehors des fonctions présidentielles…

Contrairement à 2012 où Nicolas Sarkozy a lamentablement loupé son opération d’auto-sauvetage, il y a de très fortes probabilités que 2027 et peut-être même 2025 ou 2026, voient la réussite haut la main de celle qui, prétendant représenter le peuple contre les élites, est de la même trempe que Trump. Donald Trump, et nous revoilà à Disneyland ! Blague à part, cette propension à ne rien approfondir, va nous conduire dans l’abîme, mais au vu des résultats des dernières élections dans d’autres pays européens, c’est désormais une tendance lourde sur notre continent.

Qu’est-ce qui peut, maintenant et dans un proche avenir, empêcher la résistible ascension de l’extrême-droite ? Le barrage érigé par le front républicain ? Vu l’instrumentalisation qu’en a fait Emmanuel Macron, les électeurs ne se laisseront pas (ré)entuber de si tôt. D’autant plus que selon les dernières déclarations de Michel Barnier, le RN-ex-FN étant implicitement inclus dans l’arc dit républicain, il peut alors faire partie du barrage… contre la gauche. Ce qui, aussi hilarant que cela soit, n’a rien d’une absurdité et encore moins d’une vue de l’esprit, car chaque pièce déplacée actuellement sur l’échiquier politique par les détenteurs du pouvoir, va exclusivement dans ce sens.

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