Mouvement social : Vers une nouvelle grève des trains en Allemagne ?

Après que le GDL ait terminé (temporairement) sa lutte sociale en acceptant des négociations avec la Bahn, c’est le deuxième syndicat (EVG) qui se fait menaçant.

Une nouvelle fois, l'Allemagne se dirige vers une grève des chemins de fer. Mais cette fois, le GDL n'en est pas responsable. Foto: Eurojournalist(e)

(KL) – L’Allemagne avait souffert de multiples grèves des chemins de fer ces dernières semaines. Le syndicat des conducteurs de trains GDL avait organisé plusieurs grèves qui, selon les courts allemandes, n’était non seulement légale, mais en plus justifiée. Car la Bahn refusait les négociations tant que le GDL insistait sur son droit constitutionnel qui dit clairement qu’il puisse y avoir plusieurs conventions collectives au sein d’une même entreprise. La Bahn avait posé la condition préalable aux négociations que le GDL se passe unilatéralement de ce droit constitutionnel, portant ainsi une large responsabilité de ces grèves récentes. Maintenant, l’EVG, qui compte plus de membres que le GDL, menace à son tour de se mettre en grève.

Le patron de l’EVG, Alexander Kirchner, semble craindre pour la position de son syndicat auprès de la Bahn. Malgré le fait que l’EVG compte plus d’adhérents que le GDL, Kirchner refuse l’idée qu’il puisse y avoir deux conventions collectives pour les mêmes corps de métier au sein d’une même entreprise – pourtant, le conflit autour de la grève du GDL avait démontré que cela est non seulement parfaitement possible et légal, mais carrément souhaité par le législateur. Pour un syndicat, l’EVG affiche une attitude des plus surprenantes – menacer d’organiser une grève parce qu’un autre syndicat souhaite bénéficier de ses droits constitutionnels ne peut en aucun cas justifier une grève de l’EVG. Mais c’est exactement ce qu’annonce Alexander Kirchner.

Est-ce que l’EVG, connu pour être l’interlocuteur préféré de la Bahn, craint la concurrence du GDL qui vient de démontrer sa détermination et sa combattivité ? La pluralité des syndicats au sein des entreprises avait été confirmé par la Cour Suprême du Travail (Bundesarbeitsgericht) en 2011 – vouloir faire taire la “concurrence” par le biais d’une grève constituerait exactement ce que l’EVG avait reproché au GDL lors des grèves récentes : l’abus du droit à la grève pour des raisons politiques.

Ceux qui risquent de faire les frais de cette évolution, sont, bien entendu, les voyageurs et utilisateurs des transports en commun. Une nouvelle grève, en plus en hiver, risque de mettre bon nombre de voyageurs en difficultés, de ternir davantage l’image de la Bahn et favoriser une fois de plus les opérateurs de bus. Au frais de la population.

Il serait grand temps que la Bahn cesse de manipuler les syndicats et le grand public – ses “offres” étaient empoisonnées et la Bahn avait tenté de mettre le GDL sous pression pour que ce syndicat renonce à ses droits. Le moment est venu d’arrêter les jeux tactiques, de se mettre à table pour négocier et si à la sortie, la Bahn doit gérer deux conventions collectives pour les conducteurs, les contrôleurs ou le personnel dans les gares, qu’il en soit ainsi. Cela s’appelle la concurrence et si l’un des deux syndicats arrive à négocier de meilleurs conditions salariales que l’autre, ce sera aux cheminots de choisir le syndicat qui les représente le mieux. Mais cette question ne justifie en aucun cas une nouvelle grève. Qui elle, ne pourra être évitée qu’à condition que la Bahn et l’EVG cessent de mentir, ce manipuler l’opinion public et se mettent enfin à négocier correctement.

Kommentar hinterlassen

E-Mail Adresse wird nicht veröffentlicht.

*



Copyright © Eurojournaliste