MSF – contre la politique de la dissuasion

Pour protester contre la politique cynique en matière des réfugiés, « Médecins sans frontières » refuse désormais tout financement de la part de l'UE. Et de la part des états-membre aussi.

Médecins sans Frontières intervient dans tous les pays en vert... Foto: Silver Spoon / Wikimedia Commons / CC0

(KL) – Le secrétaire général de « Médecins sans frontières » (MSF), Jérôme Oberreit, représentant l’organisation lauréate du Prix Nobel de la Paix 1999, a annoncé que MSF n’allait plus accepter des financements de la part de l’Union Européenne. Et de la part des états-membres non plus. « Nous ne pouvons pas accepter les fonds de l’UE ou de ses membres tout en traitant les victimes de leurs politiques, c’est aussi simple que ça », expliquait MSF cette décision.

Qualifiant la politique européenne en ce qui concerne les réfugiés de « honteuse », Oberreit expliquait que le comportement de l’Union allait à l’encontre des valeurs de l’organisation humanitaire, critiquant que la politique européenne vise la dissuasion et non pas l’aide aux personnes qui en ont besoin.

Les aides européennes et des états-membre représentent 8% du budget de l’organisation – 19 millions € de subventions bruxelloises, 37 millions € des états-membres et 6,8 millions de la part de la Norvège. MSF tentera de combler ce trou budgétaire par une augmentation des dons ou fera des économies dans son budget. En restant droit face à une politique que le Prix Nobel 1999 ne pouvait plus cautionner.

Jérôme Oberreit a également critiqué la politique européenne dans les états de l’Afrique de l’Est présentée récemment par la Commission au Parlement Européen. Cette politique ne prévoit pas uniquement une collaboration étroite avec des régimes comptant parmi les plus grands violateurs des Droits de l’Homme, mais également une réduction des aides au développement qui frapperait les pays qui ne réussissent pas à stopper la migration vers l’Europe ou qui refuseraient d’accepter le renvoi de migrants vers leurs pays.

Personne ne connaît mieux la situation des réfugiés que MSF. L’organisation intervient à de nombreux endroits critiques, comme dans le port de Calais, mais également sur les îles grecques ou en haute mer – en apportant soins et secours à plus de 200 000 réfugiés depuis le début 2015. Si cette organisation dénonce l’attitude européenne par un geste aussi spectaculaire, les institutions devront revoir leur politique. Pecunia non olet. Ou peut-être si ?

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