«Mutti» perd toutes les grandes villes allemandes

La ville de Dresde était la dernière grande ville allemande (400 000+ habitants) encore dirigée par la CDU. Qui perd maintenant aussi son fief en Saxe.

Avec la ville de Dresde, la CDU perd sa dernière grande ville allemande. Foto: Kay Körner / Wikimedia Commons / CC-BY 2.5

(KL) – Il y a un paradoxe dans la politique allemande qui devient de plus en plus difficile à analyser. Tandis que la chancelière Angela Merkel est solidement installée avec la CDU au niveau national, plus aucune grande ville allemande n’est dirigée par le parti qui rafle la mise au niveau national. Le candidat CDU lors des élections municipales à Dresde, le ministre de l’intérieur de la Saxe Markus Ulbig, a dû se contenter d’un score minable – 15,4%. Ce qui le situe presque au même niveau que la candidate de la «Pegida», Tatjana Festerling, qui elle, totalise 9,6% des votes.

Le phénomène mérite réflexion – si la CDU n’arrive pas à se faire élire dans les grandes villes allemandes, c’est que les électeurs estiment le parti incapable de gérer correctement les villes. Mais comment se fait-il que cette incompétence se traduise par des scores fleuves lors des élections nationales ? Est-ce vraiment l’image de la chancelière qui prime par-dessus tout ?

Pour trouver une grande ville allemande gérée par la CDU, il faut chercher longtemps. Pour finalement tomber sur la ville de Wuppertal, 17e ville allemande avec 340 000 habitants et à vrai dire, une ville pas réellement considérée comme un centre allemand. Les 16 villes comptant plus d’habitants sont soit dirigées par le SPD ou les Verts – ce qui est étonnant, surtout dans la mesure où les électeurs n’accordent pas leur confiance à ces deux formations au niveau national.

Le SPD, parti urbain, la CDU, parti de la campagne ? La réponse réside dans la personne d’Angela Merkel qui, avec une image d’une bonne ménagère, semble s’occuper de la bonne marche de la «famille allemande». Une image qui n’a rien à voir avec la réalité de cette femme politique totalement axée sur son pouvoir qu’elle défend avec virulence depuis une bonne dizaine d’années. Lorsque l’on demande aux Allemands de citer trois ou cinq mesures majeures prises par la chancelière en l’espace de ces dix ans, c’est le silence. Pourtant, malgré une inertie politique qui paralyse le pays depuis de longues années, malgré les scandales comme celui du BND et de la NSA, «Mutti» continue à être aimée par les Allemands qui eux, ne pourront même pas dire pourquoi.

Le SPD et les Verts, eux, doivent se poser la question pourquoi ils n’arrivent pas à percer au niveau national, malgré leur succès indéniable au niveau municipal. Erreurs de casting ? Est-ce que les électeurs du SPD et des Verts sont fatigués de voir toujours les mêmes têtes ? Les deux partis ont un réel problème – une image de «loser» leur colle à la peau, tandis que «Mutti» est considérée comme une «winner». Sauf à Dresde, qui sera également perdu pour la CDU dimanche prochain.

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