Nãm, première ferme urbaine lisboète

Partant du marc de café collecté dans la ville, une ferme urbaine produit des champignons en plein Lisbonne.

Street art à Marvila, quartier de Lisbonne où Natan Jaquemin a installé les locaux de Nãm. Foto: Wojtek Scibor / Wikimedia Commons / CC-BY 2.0

(Jean-Marc Claus) – A l’issue de ses études à l’Université Catholique Portugaise (UCP) et d’un stage en Bretagne, Natan Jacquemin s’est mis à travailler à la création d’une entreprise à impact positif sur l’environnement. Convaincu de l’impérative nécessité de s’orienter le plus possible vers des modèles d’économie circulaire, une idée lui est venue en buvant son café. Café avec lequel le Portugal a une relation particulière, un peu à l’image de celle qu’entretiennent les habitants du Royaume-Uni avec le thé.

Si en termes de consommation par habitant, le pays est loin derrière la Hollande (4,3 vs 10,6 kg / an / habitant), la consommation quotidienne de ses habitants génère néanmoins des quantités de marc insuffisamment exploité. Installée dans le quartier de Marvila le long de l’embouchure du Tage et au cœur de Lisbonne, la ferme urbaine de Natan Jacquemin est un exemple de mise en pratique de l’économie circulaire. A l’issue de plusieurs expérimentations, il avait dans un premier temps, avec l’aide de ses associés, réussi à produire mensuellement 500 kg de champignons obtenus par ensemencement d’un substrat constitué de paille et de marc de café.

En 2019, Rui Miguel Nabeiro, le directeur général de la société lisboète « Delta Cafés », présente dans plus de 35 pays et leader du marché portugais depuis 1994, lui a offert son aide. Ce soutien a permis à Natan Jacquemin de donner plus d’envergure à son projet initial, pour arriver à traiter mensuellement trois tonnes de marc de café, aboutissant à la production d’une tonne de champignons. Ce partenariat est arrivé à point nommé, car l’entreprise parvenant à peine à couvrir ses frais, la question de sa pérennité commençait à se poser de façon cruciale. Si l’association d’une petite entreprise locale avec une multinationale peut susciter une méfiance légitime, il s’avère qu’en l’espèce, l’opération profite à Nãm, sans l’éloigner de ses valeurs.

Comme son nom le laisse supposer, Natan Jacquemin n’est pas portugais. Il est venu de Belgique en 2016 à Lisbonne pour y étudier le commerce et l’économie. Passionné par la Blue Economy dont le fondateur est aussi belge, il s’est ensuite rendu en Bretagne pour un stage à la Fondation Zeri. Selon lui, les déchets sont des actifs dormants (sic). De cette ressource gratuite, il est possible de créer de la valeur, tant économique qu’environnementale.

Les pleurotes produites par Nãm sont biologiques et la réduction du bilan carbone constitue l’un des piliers de la philosophie de Nãm. Au point que la ferme urbaine propose aussi des kits de culture à domicile, permettant de réaliser sa propre production de champignons. Pour Natan Jacquemin, l’apport de ces modules va au-delà de la simple production à usage individuel ou familial, mais incite leurs utilisateurs à donner du sens à leur alimentation en revenant à son origine. Ce sont en quelque sorte des travaux pratiques d’un cours de Sciences de la Vie et de la Terre (SVT), qui se terminent dans l’assiette de leurs participants. Ces derniers ayant toutes les raisons d’en être fier !

Lisbonne n’est pas novatrice dans le genre car d’autres fermes urbaines existent dans des capitales européennes, comme par exemple « Agricool » à Paris ou « InFarm » à Berlin. Mais cette expérience lisboète nous parle à toutes et tous, consommateurs de café. En commençant par ne pas jeter le marc de café que nous produisons, mais à le recycler pour divers usages, même si elle reste minime, nous faisons, à notre niveau individuel, la part du colibri. Ce que Natan Jacquemin et toute son équipe apprécieront

 

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