Ne défend pas les langues régionales qui veut…

Le député LREM Bruno Studer a suscité une indignation virulente en essayant de s’exprimer avec un (mauvais) accent alsacien devant l’Assemblée Nationale. Peu à peu, l’Alsace commence à se mettre hors-jeu.

A gauche, Alsacien pur souche (né en Alsace), à droite, Alsacien pas de pure souche (immigré d'Afrique)... Foto: Gzen92 / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0int

(KL) – Il est tombé dedans, le député Bruno Studer. Tombé dans le « puresouchisme » alsacien qui veut que l’Alsace appartient aux seuls Alsaciens et à personne d’autre. Et même si Bruno Studer est natif de Colmar, le fait qu’il ne maîtrise visiblement pas la langue régionale alsacienne ainsi que l’accent, semble le disqualifier pour la défense de cette langue régionale. Et des 75 autres langues et dialectes parlés en France. En vue des réactions virulentes, il convient de se poser la question de la sanction.

Le contenu de son intervention devant l’Assemblée Nationale était pourtant clair : il a demandé au gouvernement sa position concernant l’enseignement des langues en général et des langues régionales en particulier. En concluant : « Vive l’Alsace, vive la France ! ». Mais ça, la plupart des personnes choquées par sa (maladroite) tentative de parler avec un accent alsacien, n’ont plus entendu – un scandale était née. Mais quel scandale, au juste ?

A un moment où le monde part en miettes, l’Alsace découvre le seul sujet vraiment important : comment défendre ce « puresouchisme », cette attitude magnifique qui est l’exclusion de tous ceux qui ne peuvent pas être identifiés comme « Alsaciens de pure souche ». Et non, détrompez-vous, il ne s’agit pas d’un nombrilisme poussé à l’extrême, il s’agit de la défense de la race alsacienne à l’état pur. Il convient donc de réfléchir pro-activement comment empêcher ce genre de scandale à l’avenir.

Une bonne approche serait la mise en œuvre d’un permis de séjour pour l’Alsace, accordé uniquement après un test linguistique (le livre de préparation à cet examen pourrait s’intituler « Hoplà ! ») et la récitation d’au moins un texte d’André Weckmann (au choix : René Schickele ou Germain Muller) et de trois recettes de cuisine alsaciennes. Suivi par un serment sur le drapeau « rot un wiss » et le chant de « Hans im Schnoggeloch ». Pas assez de points pendant l’examen ? Inscription dans le registre des « non-Alsaciens » avec interdiction de séjour sur le territoire du peuple alsacien !

Toutefois, il convient de constater qu’il y a un réel problème avec « l’identité alsacienne ». L’Alsace, terre d’accueil et carrefour européen depuis le temps des Romains, ne semble pas se faire confiance en elle-même. Le fait de voir cette identité vieille de plusieurs millénaires menacée, ne fait que traduire un terrible manque de confiance en soi, une peur irrationnelle de se voir disparaître, de devoir se mélanger avec d’autres identités forcément d’une moindre valeur (Lorrains, Champenois ou pire encore, Français). Et pourtant, ni les Romains, ni les Allemands, ni les Francs, ni Lothaire ou Louis XIV, ni Hitler et pas non plus François Hollande n’ont pu effacer cette identité alsacienne, au contraire. Ce sont les errances de l’Histoire qui ont carrément forgée cette identité alsacienne qui, ces derniers temps, se mue d’une identité accueillante, ouverte vers le monde, aux idées nouvelles, à un Humanisme que l’on appelle fièrement « humanisme rhénan », vers une identité étriquée, fermée, hostile à tout ce qui ne correspond pas au « puresouchisme ».

Mais quelle serait donc la bonne sanction pour Bruno Studer ? Evidemment, on ne peut pas l’inviter au consulat de l’Alsace à Paris sur les Champs-Elysées pour le découper sur place. Alors, on devrait peut-être l’attacher au sapin de Noël sur la Place Kléber et permettre aux passants non seulement de l’insulter copieusement (en langue alsacienne, s’il vous plaît, sinon il ne retiendra pas la leçon, le vilain !), mais aussi de l’arroser de vin chaud et de lui lancer des bredele. Trois semaines comme ça, et l’homme aura eu l’occasion de se rendre compte de son crime contre le « puresouchisme alsacien ». Et après, mais seulement après, on se penchera sur d’autres sujets de l’actualité qui eux, sont bien entendu moins importants que cela. Hoplà !

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