Next Generation EU, oui mais…

Quelques considérations sur un plan de relance se voulant ambitieux.

Est-ce que l'Union Européenne sera assez forte pour survivre les crises multiples actuelles ? Foto: Chabe01 / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0int

(Jean-Marc Claus) – Dans une précédente publication, nous avions évoqué le plan « Next Generation EU ». Encore une usine à gaz européiste, diront les eurosceptiques et europhobes. Évidemment, un accord passé en juillet 2020 entre les 27 pays de l’Union Européenne et ratifié en mai 2021, pour un plan de 750 milliards d’Euros destiné à la relance après la pandémie de Covid-19, c’est de la poudre de perlimpimpin !

Il est cependant regrettable qu’il ait fallu la survenue d’une pandémie ayant, entre autre effets, celui d’ébranler l’économie des pays européens, pour que dans les hautes sphères de l’UE soient sérieusement associés les termes écologie, numérique, santé, force et justice. Des mots que l’on n’avait jusqu’ici, pas vraiment l’habitude de voir cohabiter.

Mais plus que simplement cohabiter, c’est coexister qu’il leur faudra pour que ce plan de relance réussisse. Oui à une Europe plus verte, plus numérique, en meilleure santé, plus forte et plus juste. Mais, car il y a un mais, ces grandes orientations des plus louables, ne doivent pas être mises au service d’une seule catégorie de la population.

Comme il y a des exclus de la croissance, il existera aussi des exclus de la relance, si la mise en application de ce plan n’intègre pas que les ménages à faibles revenus, et notamment ceux qui travaillent, sont souvent les grands perdants de la plupart des subventions. Bien sûr, il n’est pas ici question d’aides spécifiques allouées individuellement, mais ça ne change rien au fond du problème, car on en revient toujours au sujet du « Qui supporte les frais des crises et de leurs conséquences ? ».

Cela peut sembler faire partie d’un autre débat, cependant relever le niveau de vie des plus modestes, dans des pays comme ceux de l’UE, n’est pas incongru et secondaire, mais concevable et primordial. Permettre aux retraités de vivre dignement, après avoir largement contribué à la richesse collective, n’est pas une option économique, mais une obligation morale. Un plan de relance qui laisse une partie de la population sur le carreau, est en « novlangue capitaliste », un plan social.

Entendez par là en français courant, un plan de licenciements pur et simple, or il n’est pas question ici que de privation d’emploi, chose en soi déjà très grave, mais d’une mise au ban de la société causée par des ressources trop faibles. Tout comme il est possible de réduire artificiellement les chiffres du chômage, en radiant des listes ceux arrivés en fin de droits, une partie de la population européenne peut passer sous les radars des indicateurs du suivi du plan « Next Generation EU ».

Ce plan se veut ambitieux et il l’est. Reste à voir si, comme par exemple le souhaitent les maires d’Alcañiz, Morella et Tortosa, il les aidera à développer un projet créateur d’emplois et favorisant l’économie locale. Si « Next Generation EU » se joue en partie à un niveau global, il ne pourra réussir qu’en intégrant et soutenant aussi fortement des initiatives locales, car le sentiment d’appartenance à l’Europe ne se fabrique pas à Bruxelles.

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