Nicanor poursuivra ses études !

Un jeune étudiant espagnol obtient le maintien de sa pension alimentaire, malgré sa réorientation une fois diplômé de l’université.

A l’issue de sa formation de pompier professionnel, Nicanor sera affecté à un centre de secours, comme par exemple le « Parque de Bomberos de Mairena del Aljarafe » dans le sud du pays. Foto: Carlos VdeHabsburgo / Wkimedia Commons / CC-BY-SA 4.0int

(Jean-Marc Claus) – Peut-on à l’âge de 23 ans, après de brillantes études universitaires, soutenues financièrement par ses parents, se réorienter et prétendre au maintien d’une pension alimentaire ? C’est sur ce cas, sans mauvais jeu de mots qualifiable d’école, que deux cent kilomètres au sud de Madrid, la Cour Provinciale de Ciudad Real eut à se prononcer fin septembre.

Une première décision de justice avait, en juin dernier, validé la décision du père de Nicanor (le jeune étudiant dont il s’agit dans cet article) de supprimer la pension alimentaire qu’il lui versait et la réduction de celle destinée à son frère Onesimo. Mais le fait que son frère ait obtenu un diplôme universitaire dans la chimie, ne l’empêche pas de s’orienter maintenant dans une formation de pompier, pour laquelle son savoir acquis à la faculté ne lui sera pas inutile.

C’est dans cet esprit que la requête de Nicanor fut entendue et validée en appel. Le tribunal statuant ainsi définitivement, sur le fait qu’à l’issue de séparations ou divorces, les parents demeurent tenus de verser des pensions alimentaires à leurs enfants qui étudient, sachant que « les règles seront interprétées en fonction de la réalité sociale du moment où elles doivent être appliquées » (sic).

Ainsi, les magistrats ont-ils pris en compte qu’actuellement, l’obtention d’un diplôme universitaire, n’est plus une garantie d’emploi, et a fortiori dans un contexte pandémique mettant à mal l’économie du pays et réduisant les possibilités d’immigration des jeunes diplômés. Par ailleurs, ils ont, au regard du cursus de Nicanor, estimé à juste titre que sa situation n’avait rien d’un quelconque « parasitisme social » comme le souligne l’article d’El País résumant le procès.

Les attendus du jugement, trop longs à détailler ici, témoignent d’une justice en prise directe avec la réalité. Par ailleurs, une affaire traitée du printemps à l’automne par deux juridictions, peut être qualifiée de rondement menée. Nicanor peut maintenant commencer sa formation de pompier professionnel et, « guinda del pastel » (cerise sur le gâteau), son frère Onesimo n’aura pas à subir une décote de sa pension alimentaire.

Au-delà de ce cas particulier de cet étudiant, et plus largement des jeunes dont les parents sont séparés ou divorcés, cette histoire parle de l’époque actuelle avec beaucoup d’acuité. La vie n’est pas simple pour les « vingtenaires », à qui un an et demi de pandémie de covid-19 a mis à mal nombre de projets et entravé la liberté dont ils espéraient jouir pleinement à cet âge-là.

La flexibilité et la mobilité, mises en avant par les économistes ultra-libéraux, est une vue de l’esprit encore plus absurde dans le contexte sanitaire actuel. Pour un Nicanor qui réussit à se réorienter et s’engage dans une voie où il a de bonnes chances de réussite, combien restent sur le carreau, en Espagne comme partout ailleurs en Europe et dans le monde ?

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