Nicolas Sarkozy – une mauvaise copie de Marine Le Pen ?

Pour se positionner en vue des présidentielles 2017, Nicolas Sarkozy a vivement critiqué la politique allemande et française en matière de l’accueil des réfugiés.

L'accueil des réfugiés en Allemagne (comme ici à Karlsruhe) est trop tendre pour Nicolas Sarkozy qui veut réinstaurer le délit de "sale gueule". Foto: Claude Truong-Ngoc / Eurojournalist(e)

(KL) – Y-a-t’il vraiment une différence entre Nicolas Sarkozy et Marine Le Pen ? On pourrait répondre par «non», du moins en ce qui concerne leur perception de la question des réfugiés. Si Nicolas Sarkozy le pouvait, il instaurerait le «délit de sale gueule» – dans une interview accordée au Figaro, il a expliqué qu’il aimerait réintroduire des contrôles aux frontières, du moins «pour les réfugiés». En imaginant ce projet dans son application pratique, cela voudrait dire que tous ceux qui ont une «gueule de métèque» se feraient contrôler aux frontières. Georges Moustaki s’en retournerait dans sa tombe.

L’ancien président de la République et potentiel candidat à la succession de François Hollande ne semble toujours avoir rien compris aux raisons qui poussent les réfugiés de quitter leurs pays pour chercher à survivre en Europe. Ainsi, il reproche à l’Allemagne (et dans la foulée, à François Hollande) de créer des stimuli pour venir en Europe. Par un accueil un peu trop sympathique. Il se défend également contre des quotas d’accueil, craignant qu’un tel système pourrait être considéré comme une invitation à venir en Europe. Est-ce que personne dans son entourage n’a pu lui dire que ces gens prennent des risques extraordinaires pour fuir des guerres, des guerres civiles, des représailles religieux, politiques et autres ? Que les réfugiés ne viennent pas parce qu’ils s’ennuient, mais pour sauver leur vie ?

Comme Marine Le Pen, Nicolas Sarkozy dessine un scénario catastrophe pour la France en exprimant sa conviction qu’à cause de Schengen, «la plupart des réfugiés finiront inévitablement par venir chez nous en France». On croit rêver. Ce populisme constitue la base de la haine, de l’exclusion et de la violence. Et Sarkozy va jusqu’à soupçonner une sorte de complot entre la chancelière Angela Merkel et le président François Hollande de s’être déjà entendu sur des quotas européens. Tout en reprochant à François Hollande de «mentir» sur le chiffre de 24000 réfugiés que la France pourrait accueillir.

Autre idée de l’ancien président : la mise en œuvre de «centres de rétention» dans les pays européens se trouvant à la périphérie de l’UE. Des «centres de rétention» ? Une sorte de «camps de concentration» ? Pour pouvoir punir ceux qui osent chercher à sauver leur vie en Europe ? De toute manière, pour Sarkozy, Schengen ne fonctionne pas et ne fonctionnera plus. Donc, hoplà, on réinstaure les frontières et on fait marche arrière dans l‘Histoire. Justement, en instaurant ce «délit de sale gueule». Si jamais vous avez la peau bronzée ou encore plus foncée, vous serez à ce moment bon pour être stoppé aux frontières.

«Heureusement qu‘il y a toujours des frontières», se réjouit Nicolas Sarkozy. Des frontières, oui, mais visiblement pas de limites. Pas de limites pour ceux qui, pour le bénéfice du pouvoir personnel, sont prêts à sacrifier toutes les valeurs pour lesquelles notre continent s’est battu pendant des siècles et qu’il a si chèrement payées. L’idée d’un deuxième tour entre Nicolas Sarkozy et Marine Le Pen en 2017 commence à donner la chair de poule.

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