Niederschaeffolsheim. La vie. La vraie. (1)

Dans cette nouvelle série, Eurojournalist(e) vous présente un village bas-rhinois où les choses se passent autrement qu'ailleurs. Le vivre-ensemble n'y est pas un vain mot.

Niederschaeffolsheim, un village pas comme les autres... Foto: Eurojournalist(e) / CC-BY 2.0

(KL) – Jeudi matin. Madame le Maire de Niederschaeffolsheim Brigitte Steinmetz a la gentillesse de m’accueillir à la gare de Haguenau. Nous traversons les étendues boisées et parsemés de plantations de houblon du Pays de Haguenau, pour arriver au village. Très joli. Un beau village alsacien. En traversant, Madame le Maire salue à droite et à gauche. Une ambiance comme dans une série télévisée des années 60. Et tout est propre. Mais nous sommes où, là ?!

Nous sommes à 48° 46′ 23” Nord et 7° 44′ 21” Est. Niederschaeffolsheim, 1394 habitants et habitantes. Un village qui évolue. Madame le Maire montre le chantier d’un nouveau lotissement, une belle dynamique et le village compte bientôt atteindre les 1500 « Schaeffelse », comprendre, habitants de cette commune de l’Arrondissement Haguenau-Wissembourg, membre de la Collectivité européenne d’Alsace (CeA), de la Région Grand Est. Un village surprenant.

Pourquoi alors avoir fait le choix de vous faire connaître Niederschaeffolsheim ? A vrai dire, Niederschaeffolsheim avait retenu notre attention par les descriptions de nombreux petits chantiers et projets où un mot revenait souvent dans les récits de la mairie du village sur les réseaux : « bénévole ». Dans ce village, il y a tout le temps des petits (et parfois des grands) chantiers. Un village alsacien, ça demande de l’entretien, des embellissements, de nouveaux projets. Et à Niederschaeffolsheim, on a l’impression que tous les habitants du village s’engagent pour le bien commun, pour le vivre-ensemble. Et ce, en bénévoles.

Brigitte Steinmetz. Foto: Eurojournalist(e)

Brigitte Steinmetz. Foto: Eurojournalist(e)

Pendant qu’on traverse les rues (extrêmement propres !) du village, Brigitte Steinmetz (SE), en poste depuis 2020, explique la philosophie du village : « On refuse d’être pessimistes ! ». Sur le terrain de foot du village, un monsieur est en train de réparer les filets des buts. « Un monsieur bénévole », dit Brigitte Steinmetz après l’avoir salué et ici, ça semble presque normal. Après avoir garé la voiture devant la mairie, nous nous dirigeons vers la boulangerie du village. Sur le chemin, nous croisons des personnes de tous âges, une jeune mère avec une poussette, des dames plus âgées, mais très actives, tout le monde se salue et se sourit, des gestes du quotidien qui se perdent de plus en plus dans l’anonymat des villes.

Assis autour d’un café dans la boulangerie qui elle, fait partie des points d’échanges sociaux du village, on a droit à des rencontres avec les villageois. Toujours pareil, tout le monde sourit, tout le monde salue. Un monsieur, en occurrence membre d’une famille puissante du village, explique : « Nous avons une maire qui sait mobiliser tout le monde ! » « … et chacun selon ses compétences, disponibilités, envies ! », complète Madame le Maire.

Plus tard, dans la mairie, il n’y a personne. Congés, postes partagés entre plusieurs villages de la Communauté d’agglomération de Haguenau (CAH), et quand c’est comme ça, Madame le Maire se retrouve parfois seule à la belle petite mairie.

« Tout est question de respect », explique Brigitte Steinmetz sa vision de la politique locale. « Si j’ai mes opinions politiques, je me suis présentée sans étiquette. Dans tous les partis, il y a du bon et du moins bon, mais ce sont des considérations qui n’ont pas vraiment leur place dans notre Conseil Municipal ». Dans ce Conseil Municipal siègent 15 conseillers de tous bords politiques, mais les sensibilités politiques n’interviennent pas dans les affaires courantes du village. Et quand il s’agit du développement et de la gestion de Niederschaeffolsheim, il n’a pas d’adversaire politique, mais tout le monde s’engage pour le bien du village.

Cette attitude rigoureusement positive explique aussi le bénévolat dans le village. Sans ce bénévolat, de nombreux projets, comme le Sentier des Calvaires et le Cercle de Pierres, n’auraient pas pu voir le jour. Mais les « Schaeffelse » s’engagent dans bien d’autres domaines, dès lors cet engagement profite à tous. Sécuriser des carrefours dangereux, intervenir pour assurer non seulement le maintien, mais carrément l’extension d’un cabinet médical au cœur du village, assurer les échanges entre les associations et l’administration, suivre les intérêts du monde agricole, sans pour autant négliger le développement du village à un rythme que tout le monde peut assimiler (« l’avenir est la somme du passé et du présent », dit Brigitte Steinmetz) et du coup, on comprend pourquoi ce village est si bien maintenu et propre et pourquoi les gens sont souriants et polis – il fait bon vivre à Niederschaeffolsheim !

Ce sont les villageois qui font vivre leur village et ils ont la chance d’avoir un maire qui sait fédérer toutes les forces vives du village. « Mais je vous rassure », dit Brigitte Steinmetz, « tout n’est pas paradisiaque ici, nous avons aussi nos problèmes à résoudre. » Elle doit les connaître mieux que personne, ces problèmes, dont nous n’avons pas vu la trace pendant cette première visite.

Cette façon de gérer une commune bas-rhinoise, avec un tel pragmatisme, un tel respect de la population et un tel amour de ses terres, redore le blason de la politique locale. N’est-ce pas le sens propre du terme « politique », de gérer le bien commun, d’assurer le vivre-ensemble et de faire en sorte que personne ne reste en rade ?

Niederschaeffolsheim n’est certainement pas le seul village qui fonctionne aussi bien, avec une population tellement engagée et faisant preuve d’autant de positivisme. Mais nous voilà tombés sur Niederschaeffolsheim et environ une fois par mois, nous vous raconteront la vie à Niederschaeffolsheim dans le cadre de cette série. Peut-être l’exemple de Niederschaeffolsheim pourra rendre un peu de la confiance perdue en la politique…

PS : C’est effectivement Madame LE Maire. Nous avons demandé. Il s’agit d’une désignation d’un poste. Dit Madame Le Maire !

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