Niederschaeffolsheim. La vie. La vraie. (12)
Le 8 mai dernier, la Municipalité de Niederschaeffolsheim a honoré Georges Isenmann pour son indéfectible implication auprès des enfants de la commune.

(Jean-Marc Claus) – Arrivé à l’école primaire de Niederschaeffolsheim en 1974, Georges Isenmann y a enseigné jusqu’à sa retraite en 2000. Une carrière commencée après le baccalauréat, par un apprentissage qu’il qualifie de « formation sur le tas », aboutissant à l’obtention en 1964, d’un Certificat d’Aptitude Pédagogique. Il y eut aussi en 1966 le temps du service militaire qu’il accomplit à Offenbourg, dans les Forces Françaises en Allemagne (FFA). Il enseigna aux appelés désireux de décrocher leur Certificat d’Études Primaires (CEP), et joua dans la musique du 43e Régiment Blindé d’Infanterie de Marine (43e RBIMa),où avait servi l’année précédente un certain Jean-Philippe Smet, devenu Johnny Hallyday.
Musique et enseignement, deux passions qui remplirent la vie professionnelle de Georges Isenmann, et occupent encore aujourd’hui une place importante dans son existence, car il anime toujours des activités musicales à l’école du village, fait chanter le enfants lors des cérémonies commémoratives et officie avec « Les Célestins », un jazz band créé officiellement au début des années 1970, avec ses deux frères Pierre et Paul. Mais tout cela avait commencé bien avant, quand le trio battait la mesure sur des casseroles et jouait avec des instruments improvisés, dans le logement que la famille occupait à Neudorf. Oui, Georges Isenmann est un Strasbourgeois, qui emménagea d’abord au Quartier des Pins à Haguenau, car son épouse y avait alors obtenu un poste de médecin scolaire. Le couple s’est ensuite installé à Kriegsheim, afin de donner à ses trois enfants, un cadre de vie plus verdoyant.
Après un premier poste à l’École Élémentaire Reuss, dans le quartier du Neuhof, enseigner à Niedeschaeffolsheim fut pour lui un changement radical, mais il garde globalement un bon souvenir de ses anciens élèves strasbourgeois et de leurs parents. Ici, il travailla en bonne intelligence avec une sœur-enseignante, de surcroît directrice d’école, avec qui il conclut un pacte sous forme d’échange de bons procédés. A savoir, prendre en charge les cours de musique et de chant, pendant qu’elle assurait les cours de religion. En terre concordataire, il n’y eut donc pas d’affrontement à la Pagnol, façon « La gloire de mon père ».
De la musique, encore et toujours de la musique, sans pour autant que cela impacte les apprentissages dans les matières fondamentales, mais Georges Isenmann, comme de nombreux instituteurs de sa génération, fut novateur tant dans le domaine des arts musicaux que du sport, qu’il faisait pratiquer à ses élèves à raison de trois fois une heure chaque semaine. Ancien gymnaste, il a toujours associé activités physiques, artistiques et intellectuelles. Ce qui aujourd’hui à 79 ans, lui permet de conserver une forme physique, une créativité et une vivacité d’esprit, que d‘autres n’ont plus au même âge.
La participation de l’école dès 1980, au Festival Chante-Mai créé en 1978 à Haguenau, fut aussi une de ses grandes réussites. Épaulé par un collègue également musicien, il se lança dans l’aventure, et en fut jusqu’à 2010, soit dix ans après son départ à la retraite. Pour les enfants du village, tant à l’école maternelle qu’élémentaire, Georges, comme il se laisse nommer, est le monsieur qui, au son de sa guitare, vient les faire chanter. Des enfants dont il constate une baisse des capacités d’attention, par rapporta à ses anciens élèves, mais dont il parvient toujours à gagner les cœurs, même en les faisant voyager dans un répertoire qui n’est plus forcément très actuel.
Ancien corniste passé par le Conservatoire, venant à l’âge de dix-huit ans renforcer l’Orchestre Philharmonique de Strasbourg pour les œuvres de Richard Wagner et Richard Strauss, Georges Isenmann a très tôt su faire preuve de capacités d’adaptation. Jouant du cor d’harmonie, de l’euphonium, du trombone à coulisse dont il fit l’apprentissage à l’armée, ainsi que du banjo et de la guitare aux premiers temps des Célestins, il n’est pas abusif de le qualifier du moins au sens figuré, d’homme-orchestre, car au sens propre, on ne l’a jamais vu pratiquer tous ces instruments simultanément. Jamais vu ou pas encore vu, car son regard vif et malicieux, laisse supposer des talents cachés !
Le jazz-band New Orleans auquel Georges Isenmann participe depuis sa création, a débuté de façon informelle en 1965 à Neudorf. Impliqué alors avec ses frères dans la fanfare de la paroisse protestante, ils eurent envie de passer à un autre style musical. C’est en entendant à la radio Sidney Bechet et Louis Armstrong, que se produisit le déclic. Le groupe nommé « Les Célestins », connut une refonte en intégrant une partie d’une formation colmarienne, et adopta comme date officielle de naissance, l’année 1972, sortie de son premier album. C’est celui où les frères Isenmann officient toujours, et dont le concert annuel se tient en décembre à Schiltigheim, dans la mythique salle du Cheval Blanc. Cette année, Les Célestins participent également au concert du très brumathois « Klac’son Big Band » (KBB), créé lui en 1978.
Aux fidélités musicales, il associe une indéfectible fidélité confraternelle, que Madame Véronique Perretier, actuelle directrice de l’école maternelle et bientôt elle aussi retraitée, a soulignée le 8 mai dans un discours où notamment, elle l’a décrit comme son mentor. Touché par l’attention qui lui fut manifestée à cette occasion, grand par son invariable humilité, Georges Isenmann a tenu lors de sa prise de parole, à remercier le village pour l’accueil chaleureux qui lui a toujours été fait à Niederschaeffolsheim. S’il est certain, qu’ici comme dans toutes les communes, les avis sur des sujets et des personnalités sont parfois pour le moins diversifiés voire même divergents, l’œuvre et la personne de cet ancien instituteur, font assurément l’unanimité. Alors encore merci monsieur Isenmann, et ne boudons pas le plaisir de continuer à faire route ensemble !
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