Niederschaeffolsheim. La vie. La vraie. (4)

De gauche à droite : Manuela, Evann, Tom, Cloe, Jeremy. Foto: 9 Pizza

(Jean-Marc Claus) – Ouverte en novembre 2012, au 9 rue du Général de Gaulle à Niederschaeffolsheim, « 9 Pizza » est installée dans un corps de ferme racheté par Jeremy Schiffmacher et rénové de fond en comble. Cet ex-citadin a précédemment vécu à Schiltigheim puis Saverne, avant de se fixer en 2006 à Niederschaeffolsheim, où il a plus tard fait la connaissance de Manuela Riff. Après avoir exercé plusieurs métiers, dont celui de cuisinier, Jeremy a souhaité sortir de l’univers des travaux publics où il était chauffeur poids-lourds, pour se reconvertir. D’où le projet, après évaluation de l’existant, de créer dans son village d’adoption, un commerce de pizzas à emporter.

Projet qu’a immédiatement soutenu Manuela, qui est depuis 2003 aide-soignante en EHPAD, où elle travaille maintenant à mi-temps. Le couple de quadragénaires parle de « 9 Pizza » un peu comme d’un enfant dont la venue au monde n’a pas été simple, la crise des sub-primes de 2007-2008 ayant rendu les banques très réticentes pour le financement de projets tels que celui-ci. Puis, il y eut les crises provoquées par la pandémie de Covid-19 entravant l’activité en 2020, et la tentative d’invasion de l’Ukraine par la Russie de 2022, provoquant une hausse phénoménale des coûts des matières premières ainsi que de l’énergie.

Sur ce dernier point, Jeremy peut se féliciter d’avoir pris assez tôt l’initiative d’équiper la maison en panneaux solaires et accumulateurs, ce qui depuis mai 2022, permet à l’entreprise de fonctionner en autoconsommation une grande partie du temps. Mais face au doublement du prix de la farine et au quadruplement de celui de l’huile d’olive, il n’y a pas d’autres options que de, comme pour la Boulangerie Parré, rogner les marges bénéficiaires car augmenter proportionnellement les tarifs, conduirait inévitablement à une chute des ventes et donc à la mise en péril de l’entreprise.

Par ailleurs, Manuela et Jeremy, très respectueux de leur clientèle venant parfois même de Strasbourg, se refusent à donner dans l’escroquerie de la shrinkflation ou à réduire la qualité de leurs pizzas en ne recourant plus à un maximum de produits frais. Produits frais demandant l’implication régulière d’une main d’œuvre, dont la plus ancienne collaboratrice est Nicole, la grand-mère de Manuela, qui les a soutenu dès le début. Devant lever le pied à l’issue de sept années de bénévolat, celle qui fut aussi l’infatigable porteuse de journaux du village, a passé la main à Marie-France, la maman de Jeremy.

Actuellement, « 9 Pizza » compte deux salariés (Manuela à mi-temps & Jeremy à plein-temps), et recourt régulièrement à trois extras lors de ses jours d’ouverture. Ce qui permet d’embaucher des jeunes de la commune en job-étudiants. Une fierté supplémentaire pour le couple qui conjugue ainsi, vivre au village et contribuer à le faire vivre. Ainsi, cette enseigne non franchisée, fait-elle partie des entreprises et commerces qu’il est impératif de soutenir, car n’enrichissant pas directement d’avides actionnaires et participant efficacement au vivre-ensemble d’une communauté villageoise ouverte sur le monde.

Acheter une pizza chez « 9 Pizza », c’est aussi en avoir pour son argent. Éléments essentiels sur le curseur des valeurs de ses propriétaires, ici, on ne transige ni sur la qualité comme dit précédemment, ni sur la quantité. Ainsi, prendre en main un carton contenant une pizza composée à partir d’un pâton de 450 grammes, permet de percevoir très vite que le poids du produit fini dépasse allègrement le kilo, la « 9 » (pizza-signature) pouvant friser le kilo et demi. La recherche de la satisfaction de la clientèle, est une vertu cardinale de la maison. D’où pour son dixième anniversaire, qui sera fêté avec une année de décalage pour cause de télescopage de crises, une surprise à découvrir d’ici l’été…