¡No volverán !

La fresque murale féministe de Ciudad Lineal, a été sauvagement dégradée le 8 mars. Mais la résistance s’organise : ¡No volverán - Ils ne reviendront pas !

Photo du tweet de Rita Maestre, publié le 8 mars 2021, montrant la fresque vandalisée. Foto: Tweet Rita Maestre

(Jean-Marc Claus) – Nous avions publié le 8 février un article sur la polémique lancée par l’extrême-droite espagnole, à propos de la fresque féministe réalisée en 2018 sur le mur du Centre Sportif de Ciudad Lineal , district à proximité du centre de Madrid. Un mois plus tard, à l’occasion du 8 mars, Journée Internationale du Droit des Femmes très suivie en Espagne, cette œuvre d’art a été vandalisée.

Les voisins, déjà très mobilisés pour la conservation de cette fresque, ne décolèrent pas. Rita Maestre, conseillère municipale et porte-parole de Más Madrid, a exigé dans une lettre adressée à José Luis Martínez-Almeida (Partido Popular), le maire de Madrid, que cette fresque soit (enfin) protégée. D’autant plus que d’autres actes de vandalisme du même type, ont été commis ailleurs.

A Alcalá de Henares, commune de la Communauté de Madrid à une trentaine de kilomètres au sud de la capitale, une fresque féministe du même type, a été également vandalisée le 8 mars. Le maire Javier Rodríguez Palacios (PSOE-M) n’est pas resté sans réagir : « No podrán vencer y los murales permanecerán porque la lucha por la igualdad continua muy a su pesar.» (Ils ne pourront pas gagner et les fresques resteront parce que la lutte pour l’égalité continue malgré eux.).

Une réplique de la fresque de Ciudad Lineal, peinte le 6 mars à côté de la gare centrale de Getafe, 13 km au sud de Madrid, a été vandalisée trois jours plus tard. Ce qui ne décourage pas la municipalité, affirmant le jour même que la fresque sera restaurée autant de fois qu’il le faudra. Sara Hernández Barroso (PSOE), la maire de la ville, précise que « Tantas veces nos tiren, tantas nos levantaremos » (Autant de fois ils nous jetteront à terre, autant de fois nous nous relèverons.).

Ces actes lourds de sens ne doivent pas rester impunis, mais les enquêtes aboutiront-elles ? La police est à pied d’œuvre, or cela ne suffit pas. Les forces réactionnaires ne se contrent pas qu’avec des procédures. Il appartient aux progressistes, et plus largement à tous les citoyens soucieux de la préservation des valeurs de la Constitution Espagnole, de se lever pour faire front.

« ¡No pasarán ! », s’écriait la militante communiste Dolores Ibárruri Gómez le 19 juillet 1936, lorsqu’éclata la guerre civile, qui amena Franco au pouvoir 3 ans plus tard, pour une durée de 36 années. Les fascistes relèvent la tête en Espagne, tout comme l’extrême-droite dans ses différentes composantes gagne du terrain en Europe et dans le Monde. Alors pour qu’ils ne reviennent pas (« para que no vuelvan »), le collectif « Unlogic Crew », auteur de la fresque de Ciudad Lineal, a invité d’autres villes à reproduire cet hommage rendu à des femmes pionnières dans la lutte pour l’égalité.

Ainsi les artistes se rendront à Soria (19-22 mars) en Castille-et-León, Calahorra, (26-28 mars) dans La Rioja et à Rivas-Vaciamadrid (02-04 avril) dans l’agglomération madrilène, pour y réaliser des copies partielles ou totales de l’œuvre originale. Certaines variantes avec des dominantes de couleurs violette et rose, sont également prévues selon le quotidien El Diario. Des pourparlers sont en cours avec les districts madrilènes de Retiro et Chamartín, la municipalité d’Alcorcón (Communauté de Madrid), ainsi que celles de València et Geldo (Communauté Valencienne).

« Unlogic Crew » renonce à ses droits d’auteur, dès qu’une demande de reproduction de tout ou partie de l’œuvre lui est formulée. C’est ainsi que les visages de Rigoberta Menchú, Frida Kahlo et Rosa Parks, tels que peints sur le mur de Ciudad Lineal, se retrouvent dans les bus interurbains de l’île de Gran Canaria, à l’occasion d’une campagne européenne de promotion de l’emploi pour les femmes dans les transports.

Les liens entre l’extrême-droite espagnole, et ces dégradations hautement symboliques, sont mis en évidence par plusieurs observateurs fiables. La mobilisation est en cours, mais elle devra être forte et continue, pour que les fascistes ne reviennent pas au pouvoir en Espagne. ¡No volverán !

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