Noël, la Fête de la Mort ?

Le constat est amer – le « confinement partiel » en Allemagne n’a pas fonctionné. Négocier maintenant des allègements pour les fêtes de fin d’année, c’est accepter de payer le prix fort pour 3 jours de fête…

Le virologues allemands se prononcent en faveur d'un confinement strict pendant les fêtes... Foto: Kora27 / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0int

(KL) – Oui, Noël est une fête importante. Il s’agit d’une occasion de revoir sa famille, de passer trois jours en compagnie de ceux qui souvent, on ne voit pas durant l’année. Les grands-parents et les parents sont heureux de pouvoir prendre leurs enfants dans les bras et personne ne voudrait se passer de ces belles rencontres familiales. Pourtant, l’année 2020 n’est pas une année comme les autres et insister pour fêter Noël comme tous les ans, c’est accepter de jouer une sorte de « roulette russe » qui occasionnera aussi des malades et des morts. Et ce, parmi ceux qui nous sont les plus chers.

En Allemagne, les virologues tirent la sonnette d’alarme, en demandant non pas un allègement des mesures sanitaires pendant les fêtes, mais au contraire, une règlementation plus stricte en ce qui concerne la mobilité et surtout, les rencontres familiales. Il est évident que les largesses autorisées pendant les fêtes, conduiront d’une part à de nouvelles infections en nombre, d’autre part à une relance du virus et finalement, à une surcharge de travail pour les métiers soignants qui eux, sont déjà au bout du rouleau. A la chaîne d’information « n-tv » de titrer : « Combien de morts vaut Noël ? »…

En Allemagne, les fêtes familiales seront autorisées pour jusqu’à 10 adultes (allez, personne ne comptera, si vous êtes 15, personne ne le saura), auxquels on peut ajouter un nombre illimité d’enfants de moins de 14 ans. Dans cette configuration, une telle fête familiale peut rapidement rassembler une trentaine de personnes dans des espaces clos et limités. Le virus s’en frotte déjà les mains.

Pourtant, il faut être conscient que malgré tous les discours politiques, Noël 2020 ne pourra pas être une fête « sûre ». Les appels à la responsabilité individuelle sont osés… si cette pandémie ne pourra être combattue que par le bon sens collectif et un comportement responsable de chacun, autant accepter que cette pandémie ne nous quitte plus. Donc, il faudra faire un choix – celui de protéger les siens (en se passant pour une fois de ces rassemblements familiaux), soit celui de faire fi de la situation en assumant le risque de faire circuler le virus parmi tous les participants d’une telle fête familiale. Nous assisterons à la gestation de nombreux nouveaux foyers et ces foyers déclencheront la troisième vague à la mi-janvier.

Autre point de critique des virologues allemands, la mobilité. « En autorisant de se déplacer librement partout dans le pays, nous assurerons que le virus arrive même dans les endroits les plus reculés », disent-ils. Pour les experts du corps médical, un confinement strict pendant les fêtes de fin d’année serait le seul moyen pour stopper la propagation du virus. Mais le confinement strict, les Allemands n’en veulent pas. Visiblement, ils préfèrent perdre des proches, si ceci est le prix à payer pour faire la fête en fin d’année.

Nous payons aussi tous le prix pour l’absence d’une stratégie européenne. Nous allons nous passer et repasser le virus entre villes, régions et pays et le nombre de victimes ne cessera d’augmenter. De peur de passer pour un gouvernement autoritaire, le gouvernement allemand se limite à émettre des « recommandations » qui sont mis en œuvre pas les Länder – ou pas. Peu étonnant que l’Europe n’arrive pas à se mettre d’accord sur une stratégie commune, si déjà l’Allemagne n’arrive pas à concerter ses 16 Länder (régions) pour une démarche partagée.

Noël 2020 coûtera cher, très cher. Car plus cette crise durera, moins les états seront en mesure d’apporter les aides nécessaires pour sauver de l’emploi, les entreprises, les gens de la nouvelle précarité. Faire passer l’envie de Noël avant la protection de la population, nous risquons d’en payer le prix fort. Et ce, dans tous les pays européens. Du coup, l’avent prend un goût un peu amer…

Kommentar hinterlassen

E-Mail Adresse wird nicht veröffentlicht.

*



Copyright © Eurojournaliste