« Nous avons compris les leçons de Juin 2017 »

Sous un soleil estival à Aubervilliers, le PS a lancé son processus de renaissance. Interview avec Pernelle Richardot. Foto: Gabriel Derais

(KL) – Nous avons rencontré Pernelle Richardot, Première Secrétaire Fédérale du Bas-Rhin PS, lors du congrès socialiste à Aubervilliers le week-end dernier. A cette occasion, Pernelle Richardot a insisté sur l’européisation du PS et, fait très remarqué en Allemagne, elle a adressé un message de solidarité aux victimes de la tragédie à Münster (RFA), intervenue une heure avant son intervention. Interview.

Pernelle Richardot, est-ce que nous avons réellement assisté à la renaissance du PS ?

Pernelle Richardot : Ce n’est pas la renaissance du PS, parce que pour l’instant, nous avons posé la première pierre d’un travail qui va être long et difficile et ce, dans un climat apaisé, avec de vrais débats de fond, on a donc posé la première pierre d’une renaissance-refondation. Les choses vont prendre du temps, très certainement, notamment parce qu’il va falloir qu’on prouve aux Français qu’on est à leur écoute et qu’on a compris les leçons de juin 2017.

Vous avez fait une intervention très remarqué, soulignant notamment une orientation européenne plus importante – est-ce que le PS pourrait devenir un moteur pour une nouvelle gauche européenne ?

PR : Je souhaite que le PS français prenne toute sa place. D’abord, au sein du PSE, au milieu des partis de gauche, des travaillistes et socio-démocrates européens, qu’on puisse faire entendre nos idées, nos valeurs, de manière à construire une Europe fédérale, parce que c’est la seule condition pour avoir demain une Europe véritablement politique et une Europe sociale.

Pendant ce weekend à Aubervilliers, vous avez été une véritable ambassadrice de l’Alsace – est que la voix de l’Alsace deviendra encore plus importante au sein du PS ?

PR : Je ne fais pas partie de ces élus alsaciens, de droite comme de gauche d’ailleurs, qui ont méprisé Paris, j’ai toujours dit qu’il faille aller à Paris et dire haut et fort ce qu’il se passe dans les territoires. Je suis très content d’entendre les nouvelles orientations d’Olivier Faure en matière de représentation des fédérations, de représentation des militants, donc là, nous sommes réellement sur un renouvellement des pratiques. Le fait de rouvrir les Bureaux Nationaux qui sont à Paris et qui se réunissent souvent un mardi soir à 18 heures et qui sont accessibles à peu de provinciaux – le fait de les ouvrir et d’organiser des vidéoconférences, ça va dans le bon sens pour plus de démocratie, de plus d’accessibilité, d’une meilleure information en moins de temps disponible pour tous les militants. Et il y aura, Olivier Faure l’a dit et redit, une meilleure coopération avec les Premiers Secrétaires fédéraux. Je plaide depuis les élections régionales pour une véritable décentralisation. Il n’est plus possible de nos jours d’être organisé comme « En Marche » de manière pyramidale. Nous avons toujours œuvré pour une vraie décentralisation, donc nous Socialistes, devons l’appliquer déjà à notre niveau.

Est-ce que le PS sera prêt pour les élections européennes en 2019, pour présenter une véritable alternative à « La République en Marche » ?

PR : La République en Marche, ce sont des Européens de droite. On ne peut pas sérieusement se comporter comme le plus grand des Européens à l’extérieur de la France et en France, appliquer des politiques de casse sociale en empruntant une phraséologie qui est finalement celle de tous les populistes anti-européens. Il n’y a pas de discours européen à géométrie variable, Olivier Faure était extrêmement clair là-dessus. Je souhaite que les Socialistes français prennent leur place en Europe au sein du PSE, prennent leur place au sein de cette campagne européenne, fassent entendre leur voix et j’espère qu’on sera prêts !