Nous avons poussé la Grèce dans les bras de la Russie

L’Union Européenne est en colère. La Grèce obtiendra probablement 5 milliards d’euros de la Russie, une avance sur de futurs bénéfices résultant du transit du gaz naturel par une nouvelle pipeline.

Si l'UE préfère voir le peuple grec dans la misère, il est normal que Tsipras cherche l'aide là où il peut la trouver. Foto: www.kremlin.ru / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0

(KL) – A quoi servent tous ces jeunes analystes politiques qui se baladent dans les couloirs à Bruxelles, à Berlin, à Paris ou à Washington ? Pas à grande chose, lorsque l’on considère les évolutions actuelles dans la crise greque. Car ce que la propagande occidentale avait exclu, à savoir un soutien financier russe à la Grèce à un moment où l’Union Européenne et le FMI se plaisent à couper les vivres à la Grèce, est en train de se matérialiser. Même si la Russie a démenti la signature d’un accord en ce sens prévu mardi. A la base de cette évolution qui risque de faire exploser non seulement la zone euro, mais également l’Union elle-même, se trouve une erreur d’appréciation énorme qui elle, ne fait que traduire l’ignorance absolue des responsables occidentaux, des conditions de vie des gens dans le sud de l’Europe.

Cette erreur consiste à sous-estimer l’émergence des états BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) – sous la direction russe, la Chine financera des opérations pareilles. Même si nos «experts» grassement payés ne s’en rendent pas compte, les états BRICS sont en train de prendre le contrôle dans le monde, à une échelle où ni l’Europe, ni les Etats-Unis pourront intervenir. Pourtant, cette évolution s’est passé devant les yeux du monde entier, par exemple avec la signature du plus grand contrat économique jamais signé entre deux pays – l’accord sino-russe sur des fournitures de gaz naturel et la construction de nouveaux gazéoducs, porte sur une somme de plus de 400 milliards de dollars – et lors de cette signature, nos «experts» auraient pu comprendre que l’équilibre politique et économique s’était décalé vers l’est. Mais nos «experts» ont préféré fermer les yeux et croire en leur propre propagande qui décrit une Russie affaiblie, en crise et plus capable de bouger. Quelle erreur !

Les états BRICS fonctionnent de manière assez simple – la Russie assume le leadership politique et la Chine dirige les opérations économiques. Et l’Union Européenne ? Avec l’arrogance propre aux institutions européennes, l’Union demande les remboursements de crédits contractés d’ailleurs par Samaras que Merkel & Cie. aimaient tellement bien, tout en serrant la gorge au nouveau gouvernement grec – normal que Tsipras tente de sauver son peuple et si l’Union refuse de l’aider, il est tout à fait logique qu’il se tourne vers ceux qui lui proposent de sauver la Grece. Mais cette logique semble dépasser des fonctionnaires européens qui eux, ne connaissent que les mécanismes des marchés, tout en ignorant les souffrances des peuples.

L’Union Européenne comptera désormais 29 pays – car dans toutes les discussions à 28, la Russie sera représentée par la Grece. Et qui pourrait en vouloir à la Grèce ? Dans un pays où la population subit une paupérisation qu’aucun autre pays européen n’a connu depuis plus de 50 ans, les gens se battent quotidiennement pour la survie. Tandis que les Schäuble, Juncker, Merkel et les autres se sont délectés des souffrances du peuple grec en évaluant les avidités des banques plus haut que les besoins de survie des citoyens européens, ils ont forcé Tsipras dans les bras de Poutine. En se sentant plus malins que tout le monde. Eh ben, ils se sont, comme si souvent, méchemment trompés. Tsipras se conduit en responsable de son peuple et il fera tout pour éviter le pire à ses citoyens – qui pourrait lui en faire un reproche ?

L’Allemagne, habituée à perdre ses guerres, perdra aussi la guerre économique qu’elle a délenché dans le sud de l’Europe. La génération Merkel réussira à casser ce que les générations précédentes avaient construit – une Europe aux valeurs communes, assurant la paix et une certaine prospérité. Et dire que nous, citoyens européens, aient voté pour ces fossoyeurs d’une Europe humaniste…

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