Sénatoriales : «Nous défendons les Etats-Unis de l’Europe !»

Le Parti Fédéraliste présente une liste aux élections sénatoriales du 28 septembre prochain. Pourquoi est-ce que les protagonistes du Parti Fédéraliste s'engagent autant ?

Gérard Bouquet et Norma Serpin défendent l'idée des "Etats-Unis d'Europe" au sein du Parti Fédéraliste Européen. Foto: Kai Littmann

(KL) – Gérard Bouquet, conseiller municipal à Schiltigheim, conseiller communautaire et de l’Eurodistrict Strasbourg-Ortenau, est la tête de liste du Parti Fédéraliste pour les élections au Sénat. Rencontre avec Gérard Bouquet et sa colistière Norma Serpin.

Madame Serpin, Monsieur Bouquet, en regardant votre liste, on a l’impression de lire une liste établie par la société civile. Comment expliquez-vous l’absence de «politiques professionnels» ?

Gérard Bouquet : Nous sommes un parti jeune qui n’existe dans sa forme actuelle que depuis trois ans. Par contre, nous sommes représentés dans 18 pays européens et ce, avec le même concept de base – le fédéralisme européen. C’est ce leitmotiv qui motive les gens à s’engager chez nous et donc la raison pour laquelle vous ne trouvez pas «d’apparatchiks» au Parti Fédéraliste.

Norma Serpin : Je dirais même que nous sommes en train de vivre une petite révolution politique. Nous défendons l’idée d’une vraie démocratie participative, concept dont tout le monde parle, mais que personne ne met en oeuvre. Nous assistons aujourd’hui à un renversement de la situation. C’est au monde politique d’aller chercher les citoyens sur le terrain car c’est là que la vie se passe. L’époque des «politiques politiciens» semble révolue. A l’avenir, la politique ne se passera plus entre la droite et la gauche, mais du bas vers le haut.

Votre candidature, est-elle réaliste ? Avez-vous une vraie chance de pouvoir être élu au Palais Luxembourg ?

GB : Pas vraiment. Mais le Parti Fédéraliste s’inscrit dans le temps, il faut donc être présent aux rendez-vous électoraux. Ce n’est pas le succès électoral rapide que nous visons, mais nous souhaitons implanter l’idée d’une Europe fédéraliste dans le paysage politique, surtout à un moment où les eurosceptiques et extrémistes aient le vent en poupe.

Donc, vous défendez les «Etats-Unis de l’Europe»?

GB : Absolument ! Ce fédéralisme est la seule voie que l’Europe peut emprunter pour résoudre ensemble, de concert avec nos partenaires européens, les défis de notre époque.

NoS : Il faut avouer que sur la plupart des sujets, nous n’avons toujours pas de vraie politique européenne. Que ce soit l’immigration, la monnaie commune ou d’autres sujets – la politique européenne reste, pour l’instant, assez théorique. Ceci dit, j’ai beaucoup d’espoir que la nouvelle Commission Européenne avec sa nouvelle structure défendra aussi l’idée du fédéralisme européen. Jean-Claude Juncker est un fédéraliste convaincu.

Oui, mais si la structure de la Commission est innovatrice, bon nombre des nouveaux commissaires sont quand même des erreurs de casting…

GB : D’où la nécessité d’être présent lors de ces échéances électorales pour que les gens puissent se rendre compte qu’il y ait une vraie alternative pro-européenne. Pour que cette idée puisse trouver un ancrage dans le débat politique.

Donc, vous devriez être aussi des adhérents d’un système électoral proportionnel ?

GB : Cette question n’a pas encore été débattue par notre parti au niveau national, mais ce débat viendra. A titre personnel, je suis adepte du système fédéral allemand. D’ailleurs, François Hollande avait annoncé lors de la campagne présidentielle de vouloir introduire un système proportionnel. On attend toujours…

Votre slogan pour ces élections sénatoriales est «L’Alsace – fer de lance de l’Europe fédérale». Quelle est votre position par rapport à la réforme territoriale prévue ?

NoS : Notre but serait le maintien de l’Alsace dans sa forme actuelle, pour qu’elle puisse devenir une région européenne et transfrontalière, une sorte de laboratoire européen, comme l’avaient souhaité Jacques Chirac et Gerhard Schröder. Il est temps de laisser s’épanouir l’Alsace vers l’Est. En principe, l’Alsace doit et peut choisir sa nouvelle orientation. Pendant des siècles, l’Alsace a toujours été tirée entre la France et l’Allemagne, mais là, nous pourrons choisir notre orientation. Il faut que l’Alsace puisse rester unique, une région à vocation bilingue, une région franco-allemande.

GB : La réforme, telle qu’elle est prévue, est une réforme très jacobine. L’Etat, malgré la volonté de donner davantage de compétences aux régions, continue à tout diriger. Depuis la création des départements en 1790, cela n’a pas changé.

Mais est-ce que cette révolte contre Alsace-Lorraine-Champagne-Ardennes ne vient pas trop tard ? En suivant les débats en Alsace, on a l’impression que tout est encore ouvert et que ce soit aux Alsaciens de déterminer leur avenir. Mais vu depuis l’Allemagne, on a l’impression que cette décision aurait du être prise le 7 avril 2013 et que maintenant, les Alsaciens n’ont plus vraiment leur mot à dire ?

NoS : En effet, j’aimerais entendre davantage l’Alsace à Paris. Suite aux déclarations de Manuel Valls qui disait «on ne laissera pas l’Alsace se recroqueviller sur elle-même», le Président de la Région Philippe Richert aurait du rebondir. Mais rien n’est encore joué. Si l’Alsace arrive à présenter un vrai projet pour son avenir, les débats pourront reprendre.

GB : Le référendum sur le Conseil Unique d’Alsace le 7 avril 2013, auquel vous faites allusion, était tout simplement mal préparé. Personne ne savait de quoi il s’agissait et finalement, ce référendum était une opération catastrophe.

NoS : Il n’est jamais trop tard pour défendre une bonne idée. Mais il faut d’urgence un projet pour l’Alsace qui puisse être présenté à Paris.

Et votre idée serait donc une Région Alsace au coeur d’une région européenne ?

NoS : Tout à fait. Nous voulons une Alsace ouverte et transfrontalière.

Mais ne craignez-vous pas que ce postulat politique fasse peur à Paris où l’on soupçonne depuis toujours l’Alsace de regarder trop vers l’Allemagne ?

GB : Je vis depuis 25 ans dans la région, ma grand-mère est née allemande, ces mélanges font partie des réalités de notre culture. Mais je suis choqué de constater le massacre commis sur les langues régionales. Malgré le rôle important que jouent de langues comme le Basque, le Breton ou l’Alsacien, la France refuse toujours de signer la Charte Européenne sur les Langues Régionales. Paris semble toujours avoir peur des régions et des spécificités de ces régions qui représentent la richesse de la culture française.

NoS : Justement – il faut s’ouvrir et cesser de regarder toujours en arrière. Les réalités d’aujourd’hui font que la proximité avec la Suisse et l’Allemagne soit un élément très important. Actuellement, 500 entreprises allemandes sont implantées en Alsace – c’est donc tout à fait normal d’approfondir les échanges.

Pour obtenir un siège au Sénat, il vous faut quoi ?

GB : Sur les 2727 Grands Electeurs, il faudrait que 545 votent pour nous. Cela s’annonce difficile, mais le Parti Fédéraliste Européen compte être présent aux rendez-vous démocratique. Si les autres partis ne sont pas favorables à l’idée du fédéralise européen, il faut que les électeurs aient un choix. Celui de suivre les eurosceptiques et les extrémistes ou celui d’adhérer à notre idée de l’Europe qui met la solidarité, le social et les régions européennes au premier plan.

Madame Serpin, Monsieur Boquet, merci pour cet entretien.

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