Nous étions heureux…

...et nous ne le savions pas - c’est ainsi que le Président du Portugal Marcelo Rebelo de Sousa évoquait il y a peu, ses huit années de cohabitation (politique) avec l’ex-premier ministre António Luís Santos da Costa.

Un bonheur relatif, mais un bonheur tout de même. Foto: José Cruz, Agencia Brasil / Wikimedia Commons / CC-BY-3.0BR

(Jean-Marc Claus) – « Éramos felizes e não sabíamos. », voilà un aphorisme qui, dans la mémoire politique du Portugal, occupera une place de choix ! C’est lors d’une intervention consacrée au populisme et à la montée en puissance des radicalismes, que le président du Portugal a, non sans humour, fait un bilan très positif des huit années de cohabitation politique, vécues avec l’ex-premier ministre António Costa.

Une cohabitation entre le Partido Social Democrata (PSD), c’est à dire de centre-droite et le Partido Socialista (PS), c’est à dire de gauche, au cours de laquelle les deux protagonistes ont su, dans l’intérêt du pays, se placer au dessus des stricts intérêts de leurs partis politiques d’origine. Soit l’exact opposé de ce que connaît la France, durant les deux quinquennats d’Emmanuel Macron. A savoir, des politiques s’entêtant dans des raisonnements absurdes, où pensant avoir raison tout seul, ils préfèrent perdre plutôt que de concéder quoi que soit, dans l’intérêt général.

Un intérêt général qui pour très peu fait encore sens, et le Portugal n’échappe pas à cette tendance. Revenant sur ce bonheur qu’il dit relatif (felicidade relativa), mais bonheur tout de même en comparaison de la situation du monde actuel, Marcelo Rebelo de Sousa souligne avec beaucoup de justesse que les systèmes politiques, économiques, sociaux et de communication entrant dans un nouveau cycle, la réalité n’est pas rationnelle, mais émotionnelle.

« Les nouveaux dirigeants sont émotifs, les nouvelles formes de communication sont émotives, les nouveaux pouvoirs sont émotifs, ils ne sont pas rationnels », rapporte l’agence de presse Lusa des propos du président qui, revenant sur l’élection de Donald Trump en 2016, la met en relation avec l’émergence d’un courant de communication directe, dont il ne fait pas l’éloge. Mais dans une autre déclaration, il a néanmoins affirmé qu’aucun cycle politique aux USA, n’ébranlera les solides relations établies entre les deux pays.

Exacte antithèse de Donald Trump, Marcelo Rebelo de Sousa devra faire le gros dos jusqu’en 2026, année d’expiration de son second mandat ! Soit un an après l’investiture du nouveau locataire de la Maison Blanche. Ce qui ne sera pas simple pour l’homme cultivé qu’il est, lorsque les obligations des relations internationales, le confronteront au Géant du Néant. Le président portugais n’a pas été élu et réélu sur un slogan « Portugal primero », tout comme António Costa.

Lors de la Journée Internationale des Volontaires (5 décembre), instituée par les Nations Unies en 1985 pour valoriser le bénévolat, dans un communiqué, Marcelo Rebelo de Sousa a mis l’accent sur le fait que « le volontariat encourage la participation des citoyens à la recherche de solutions aux problèmes réels de leurs collectivités », et l’agence Lusa rappelle qu’en 2018, il considérait que le bénévolat devait être non seulement pratiqué à l’école, mais aussi par les politiques, ainsi que les dirigeants de syndicats et d’entreprises.

« Les Jours Heureux », programme du Conseil National de la Résistance en 1944, pourrait aussi servir de titre à un biopic, relatant la cohabitation voulue par les électeurs portugais de 2016 à 2024. Pour mémoire, Charles de Gaulle avait de 1944 à 1946, gouverné avec des ministres issus d’une coalition composé de partis, allant de la droite à la gauche. Ce qui s’est poursuivi tant qu’a duré la IVe République, et ne s’est pas reproduit durant les trois cohabitations de la Ve République. Alors osons tout de même la question : la cohabitation (politique) à la portugaise, serait-elle la recette du bonheur ?

Kommentar hinterlassen

E-Mail Adresse wird nicht veröffentlicht.

*



Copyright © Eurojournaliste