« Nous quittons l’Union Européenne, mais non pas l’Europe »…

Le nouveau ministre des affaires étrangères Boris Johnson s’est aventuré hier à Bruxelles à l’exercice de la quadrature du cercle. Quel ministre des affaires étrangères étrange…

Boris Johnson a déclaré hier à Bruxelles "nous quittons l'UE, mais non pas l'Europe" - il rêve ?! Foto: Alexrowe99 / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(KL) – Lors de la réunion des ministres des affaires étrangères hier à Bruxelles, celui qui s’est battu en faveur du « Brexit », l’ancien maire de Londres et nouveau ministre des affaires étrangères, le fantasque Boris Johnson, a donné des indications quant à la voie que son pays souhaite emprunter. Mais cette « Europe à la carte » ne fonctionnera pas. La Grande Bretagne ferait mieux de stopper cette folie du « Brexit » pour coopérer avec les autres pays européens en vue de la création d’un projet pour une « nouvelle Europe ».

Celui qui avait, lors de sa campagne pour la sortie de la Grande Bretagne de l’UE, comparé la politique européenne à celle menée à l’époque par Adolf Hitler, se montrait hier à Bruxelles tout doux. Au lieu de critiquer l’Union Européenne comme toujours, il a déclaré que la Grande Bretagne souhaitait coopérer avec l’Union aussi après la sortie de son pays. « Nous allons quitter l’Union Européenne », a-t-il déclaré, « mais non pas l’Europe ». Comprendre : « Nous entendons bien profiter des avantages qu’offre l’Union, sans toutefois participer en quoi que ce soit ». Mais cela ne pourra pas fonctionner.

La Grande Bretagne, presque quatre semaines après ce malheureux vote du 23 Juin, voudrait maintenant « normaliser » ses relations avec les Européens. Mais cela risque d’être difficile, car les autres états-membres n’accepteront pas que la Grande Bretagne choisisse ce qui lui plaît en Europe, sans participer ni au financement, ni aux travaux politiques, ni à la gestion de l’Union. Bien entendu, l’accès au libre marché européen intéresse Londres tout autant qu’une solution pour sa place financière, la « City ». Mais tout cela n’est pas sérieux – pour profiter des avantages, il y n’y a qu’une solution simple – rester dans l’Union et œuvrer aux côtés des partenaires européens pour construire enfin cette Europe dont les 500 millions d’Européens rêvent : une Europe sociale, solidaire et basée sur des valeurs humanistes.

Boris Johnson s’est comporté hier à Bruxelles comme un enfant qui vient de casser le jouet qu’on vient de lui offrir pour son anniversaire. Une fois cassé, il semble le regretter – peut-être parce qu’il se rend enfin compte que la Grande Bretagne est sur le point de se fractionner ? Que les menaces formulées en direction de l’Ecosse ne risquent pas de prendre ? Que la situation en Irlande risque de poser un vrai problème à Londres ? Que la livre sterling se trouve à son niveau le plus bas depuis 31 ans et que l’économie britannique se trouve déjà aujourd’hui endommagée par ce vote du 23 Juin ?

La nouvelle chef du gouvernement britannique Theresa May se rend demain à Berlin pour y rencontrer la chancelière Angela Merkel. Si cette rencontre se veut rassurante quant à l’avenir européen, elle ne l’est pas. L’époque d’une Europe qui s’organise derrière des portes fermées est révolue et aujourd’hui, les citoyens et citoyennes européens réclament de plus en plus une autre Europe que celle sous le joug de l’austérité allemande, une Europe de la transparence et force est de constater que la génération des Merkel & Cie. ne sera pas en mesure de réformer cette Europe selon les souhaits de ses peuples.

Même sous l’impression des événements terribles du week-end dernier, les responsables européens ne semblent pas comprendre qu’il faut changer de cap et ce, rapidement. A quand une initiative du Parlement Européen visant de vraies réformes, une démarche consultative à travers toute l’Europe, un changement d’orientation ? Faudra-t-il réellement que la rue prenne les commandes en Europe ? Cette perspective est angoissante – car cela reviendrait à abandonner l’Europe à l’extrême-droite qui, aussi grâce aux événements récents, a le vent en poupe. Même si notre attention est accaparée par Nice et la Turquie, la crise européenne est grave et risque d’avoir des conséquences que personne n’est en mesure d’évaluer aujourd’hui. Pendant ce temps, les responsables à Bruxelles continuent comme si rien n’était…

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