Nous y voilà à nouveau

Comme dans les années 30 du siècle dernier, il devient dangereux de porter une kippa en Allemagne. Et dans d’autres pays européens.

Lorsque le port de la kippa est déconseillé, il y a quelque chose qui a totalement déraillé. Foto: James MacDonald / Wikimedia Commons / CC-BY 2.0

(KL) – A quoi sert l’Histoire si c’est pour réitérer toujours et toujours les mêmes erreurs ? A un moment où néonationalisme, néorégionalisme, xénophobie, populisme et la haine des autres connaissent une renaissance inquiétante, les Européens se semblent être accordés pour se défouler sur leur bouc émissaire de toujours – les Juifs. Le Président du Conseil Central des Juifs en Allemagne, Josef Schuster, vient de prononcer une recommandation qui devrait réveiller le dernier des optimistes : il déconseille le port de la kippa, du couvre-chef traditionnel des Juifs, dans les grandes agglomérations.

Suite à plusieurs incidents de nature antisémite ces dernières semaines en Allemagne, le « nouvel antisémitisme » favorisé par l’immigration, est devenu un sujet de débat public. Si en 2018, il faut déconseiller le port de la kippa dans les rues d’Allemagne, toutes les bornes sont dépassées. Bien sûr, d’autres pays européens enregistrent également des incidents antisémites terribles, mais en Allemagne, cette évolution connaît une dimension supplémentaire qui est celle de l’Histoire.

L’analyse de Josef Schuster est précise : l’antisémitisme ne peut être dissocié du racisme et de la xénophobie, et représente ainsi une véritable menace pour la démocratie. Et l’Histoire nous enseigne qu’il a raison. Lorsque la violence des propos se transforme en violence dans la rue, le totalitarisme n’est plus loin. Le fait que le Conseil Central des Juifs en Allemagne refuse de tomber dans la facilité en plaçant le phénomène de l’antisémitisme dans un contexte plus global, ne peut pas cacher l’urgence d’agir. Au contraire, désormais toutes les forces vives sont, comme en France après le terrible meurtre de Mireille Knoll, appelées à œuvrer ensemble contre ce fléau qui est la haine d’autrui.

En même temps, le Conseil Central des Musulmans s’est positionné clairement. Son président Aiman Mazyek a souligné que « l’antisémitisme, le racisme et la haine sont de grands péchés dans l’Islam et donc, nous n’allons jamais les tolérer ». Et effectivement, la communauté musulmane aura un rôle important à jouer. Tant que des imams radicaux peuvent prêcher la haine et radicaliser des jeunes esprits faibles, protégés par l’omerta des communautés, les conflits ne cesseront de s’intensifier. Il est temps que les fédérations musulmanes combattent, autant à leur niveau qu’en coopération avec les autorités, les éléments radicaux qui évoluent en leur sein.

Si la chancelière Angela Merkel a raison de rappeler que l’antisémitisme n’a pas été importé par les réfugiés arrivés depuis peu des pays musulmans, il est indéniable que les incidents de nature antisémite ont augmenté depuis l’arrivée de plus d’un million de personnes de croyance musulmane. Etrangement, les musulmans judéophobes ont un allié de circonstance – l’ultra-droite néonazie, surtout dans les Länder de l’est du pays,est aussi antisémite que les musulmans judéophobes.

L’Allemagne porte une responsabilité particulière pour ce qui concerne la protection de ses citoyens de croyance juive. Ceci implique une politique « zéro tolérance » de la part de la police et de la justice dans de tels cas, mais également une coopération étroite entre les fédérations religieuses et les autorités. En Europe, nous bénéficions de la plus grande liberté religieuse possible – quasiment toutes les croyances sont tolérées et se trouvent sous une protection particulière. Mais qui veut bénéficier de cette tolérance religieuse, est tenu de l’appliquer également à son propre niveau. Il est inconcevable de réclamer la liberté religieuse tout en tolérant des éléments qui prêchent la haine, la radicalisation et la violence. En ce qui concerne ces néonazis, ce sont les autorités qui doivent intervenir avec détermination.

Aujourd’hui, les habitants de la capitale allemande sont invités à porter la kippa, en guise de solidarité avec la communauté juive. Espérons que cette action sera massivement suivie, et que le combat contre l’antisémitisme, le racisme et la xénophobie deviendra européen et efficace. La montée de l’antisémitisme est un signal que nous nous trouvons à nouveau sur une pente raide. Il y a un seul moment pour agir – maintenant.

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