Nouvelle donne pour la Région ALCA avec le voisinage de SaarLorLux

La nouvelle grande région de l’est de la France vient de commencer les travaux. Avec un changement d’attitude ?

Le public participait de manière engagée au débat autour de la "Stratégie France" de la Sarre. Foto: Claude Truong-Ngoc / Eurojournalist(e)

(Par Antoine Spohr) – Il aura fallu que la Fondation Entente Franco-Allemande (FEFA) sise à Strasbourg, avec l’aide des Institutions Régionales, invite Annegret Kramp-Karrenbauer, la Ministre-Présidente du Land Saar, l’un des 16 états de la Fédération Allemande, pour qu’on assiste à une rencontre émouvante et positive de responsables français et allemands pour une leçon de Relations Internationales. Assez facile d’ailleurs : la traduction était sûrement bien assurée, mais quasiment inutile. En effet, on n’a vu que peu de têtes casquées d’écouteurs même si les intervenants s’exprimaient dans les deux langues, tour à tour ou même parfois dans l’une en écho de l’autre.

Le bon sens ou au moins le respect de la loi ? La tempête s’est calmée. Malgré tous les recours, les textes de la réorganisation territoriale sont adoptés. Si fait ! Les Alsaciens, entendez surtout une grande partie des élus à écharpe qui ont coloré les manifestations, d’abord dépités, semblent à présent résignés à leur inclusion dans la grande Région (Alsace, Lorraine, Champagne-Ardenne). On peut même sentir l’amorce d’une adhésion raisonnable mais prudente surtout lorsqu’ils prennent conscience que l’heure n’est pas au repli sur soi.

Comme dit le Préfet de Région, Stéphane Bouillon : «il faut renoncer à la nostalgie des châteaux forts. D’ailleurs ils sont en ruines.» Propos qui n’ont pas eu l’air de plaire à tout le monde et particulièrement à des «fous d’alsacianité», comme le président de «Culture et Bilinguisme» qui s’est permis dans la revue «Land un Sproch» qu’il contrôle, apparemment seul, de prendre une position radicale, outrée, d’un goût douteux en rébellion ouverte. Curieux pour un haut fonctionnaire à la retraite.

Plus intelligent et plus habile, le président de Région, Philippe Richert, a avalé en bon républicain la pilule amère dont surtout l’enrobage (les limites à l’ouest) ne lui convenait pas. En quelque sorte, puisque c’est comme çà, «faisons avec, pour le mieux».

Outre les enragés parmi lesquels les plus ardents des autonomistes, la plupart des opposants ont du se calmer, de mauvaise grâce certes. C’est le chef-lieu de Région qui fait débat à présent : Strasbourg déjà Eurométropole, Nancy ou Metz en raison de l’interface avec le Luxembourg et la Belgique. Strasbourg a pourtant déjà été choisie dans le projet de loi. Encore des affrontements torrides en perspective.

«La stratégie France», portée par la bonne fée allemande. Une fois de plus, un «Ländel» allemand, plus petit et moins peuplé que l’Alsace, se hisse au premier plan d’un rêve. Celui de voir se développer des coopérations innovantes, des collaborations effectives, des échanges justes et équilibrés, non seulement économiques mais aussi culturels pour constituer une sorte de Lotharingie, on ose parfois le dire, qui préfigurerait l’Europe de Charlemagne en plus vaste encore. Une utopie ? Certes, mais elle peut se profiler à l’horizon lointain vers lequel il faut tendre.

C’est donc au cœur de cette Europe si fragile qu’il faut laisser battre cet espoir, à un rythme régulier, fût-il lent parfois. Mme Kramp-Karrenbauer l’a compris en rappelant que la Sarre est une voisine de la Grande Région. Qu’on se souvienne alors de SaarLorLux, entité bien concrète jadis, à l’époque du charbon et de l’acier jusqu’à la fin des Trente Glorieuses et même de «Sarre et Moselle», comme à Strasbourg on se souviendrait de «Rhin et Moselle» . Ce n’est pas si loin !

Alors par où commencer ? L’ambition de la ministre-présidente est claire : «la Sarre doit être à la fois une passerelle vers l’Allemagne et une porte d’entrée sur la France». On ne peut qu’acquiescer. Dans un fascicule intitulé «Les grands axes d’une Stratégie France pour la Sarre» où sont présentés tous les outils nécessaires, on retiendra surtout celui qui, à côté de «compétences interculturelles» est essentiel. Il s’agit évidemment de l’extension, presqu’à pas forcés, du bilinguisme dès le plus jeune âge et surtout de sa poursuite au moins jusqu’à l’Abitur (le bac). C’est aussi ce qu’on tente de faire en Alsace dans l’autre sens. Le tout c’est d’y croire, tous, parents et enfants, responsables politiques et enseignants, sine qua non… Pas question pour autant d’abandonner à un certain niveau un multilinguisme plus étendu, bien sûr à l’anglais. A suivre.

Vous pourrez télécharger le document de la «Stratégie France» sur le site de la FEFA.

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