Nouvelle grève des cheminots allemands

Pas qu'en France... les grèves des cheminots ont aussi une longue tradition en Allemagne... Foto: Bundesarchiv, Bild 183-1990-1128-301 / Link, Hubert / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0de

(KL) – A partir de dimanche soir 22h et mardi minuit, le syndicat de cheminots allemand EVG paralysera la circulation des trains en Allemagne et cette grève risque d’avoir également des conséquences au niveau des grandes lignes européennes qui risquent, selon un communiqué de l’EVG, d’être également affectées par cette nouvelle grève.

Il s’agit déjà de la troisième grève EVG cette année, et les négociations entre la Deutsche Bahn et le syndicat n’avancent pas vraiment. Ainsi, l’EVG a décidé d’organiser cette troisième grève, appelée « Warnstreik » (grève d’avertissement), avec la menace sous-jacente que les prochaines grèves pourraient être bien plus longues.

La grève concernera non seulement les trains de passagers, mais également le fret. Considérant que 6 des 10 grandes lignes de fret européennes passent par le réseau allemand, il faudra également compter avec des perturbations dans les chaînes logistiques européennes.

A la Deutsche Bahn, on est furieux. « Une grève de 50 heures en semaine, ce n’est plus une ‘grève d’avertissement’, mais une grève tout court », estime le directeur RH de la Deutsche Bahn, Martin Seiler. « Cette grève folle est totalement infondée et démesurée ».

Il est vrai que l’ambiance entre la Deutsche Bahn et les syndicats est tendue. Et elle est encore plus tendue depuis que l’on sait que fin Avril, la Deutsche Bahn a versé des primes de plus de 100 millions d’euros à quelques 30000 salariés, dont 3800 collaborateurs dans le management. Maintenant, les syndicats (il y en a deux à la Deutsche Bahn, l’EVG et la GDL, le syndicat des conducteurs de locomotives) veulent leur part du gâteau. Ils réclament une augmentation de 650 € / mois ou 12% pour les salaires les plus élevés et ce, pour une durée de 12 mois. La Deutsche Bahn, elle, est prête à accorder une augmentation plus modeste et surtout, elle demande une durée d’un tel accord de 27 mois, histoire de mieux pouvoir gérer les budgets.

Déjà pendant la pandémie, il fallait subventionner la Deutsche Bahn à hauteur de 2,1 milliards d’euros, on sait que les infrastructures (rails, gares, ponts etc.) sont vétustes et nécessitent des investissements pharaoniques et dans une telle situation, les demandes des syndicats semblent très élevés. Toutefois, comme le disent les syndicats, ils veulent se calquer sur le récent accord pour la fonction publique qui prévoit une augmentation et une « prime inflation » pas loin de ce que demande l’EVG.

Pour cette grève, les cheminots ne peuvent pas vraiment compter sur la solidarité de la population. La Deutsche Bahn fait partie des sociétés de chemins de fer les moins performantes en Europe, avec seulement 65,2% des trains qui sont ponctuels. Si on comprend que les salaires doivent augmenter, de nombreux Allemands estiment que ces augmentations et primes, devraient avoir un lien avec les performances de l’entreprise.

Les voyageurs ayant prévu de prendre le train en Allemagne entre dimanche soir et mardi minuit, seront remboursés avec un minimum de bureaucratie, annonce la Deutsche Bahn. Pour le reste, il faudra se préparer à d’autres grèves en Allemagne, car l’autre syndicat, le GDL, risque de ne pas adhérer à un éventuel accord conclu entre la Deutsche Bahn et l’EVG. Il faut espérer que ces grèves ne se prolongent pas jusqu’à l’été et la saison des vacances – sinon, le chaos est programmé.