«Nuit debout» n’est plus un mouvement franco-français
A Berlin a eu le premier rassemblement «Nuit debout» et si les jeunes Berlinois défendent les mêmes idées, leur approche est légèrement différente. Un mouvement s’internationalise…
(KL) – «Désormais, ‘Nuit debout’ n’est plus un mouvement franco-français», disent les organisateurs du premier rassemblement «Nuit debout» dans la capitale allemande qui a eu lieu, comme partout en France et d’autres villes européennes, la nuit de samedi à dimanche. Le 40 mars. Si les militants berlinois adhèrent totalement à «Nuit debout» en France, en ayant établi des contacts et échanges avec d’autres «Nuit debout» en France, notamment à Strasbourg et à Paris, ils s’organisent à leur manière. Puisque les participants à ce premier rassemblement «Nuit debout» à Berlin étaient originaires de différents pays, la langue de travail en Assemblée Générale et dans les commissions, est l’Anglais.
Et les «Nuit debout» en Allemagne ne perdent pas le nord – ils s’organisent. Un groupe «ND Deutschland» avec plusieurs centaines de membres s’est créé qui réfléchit déjà à la prochaine ville allemande où «Nuit debout» pourrait faire son apparition, on parle de Frankfurt am Main. A Berlin, la nuit debout n’était pas une manifestation ponctuelle, au contraire. Les prochains rassemblements sont prévus mercredi et samedi prochain et ce, pas nécessairement pendant la nuit, histoire de permettre aux personnes ayant des enfants ou devant travailler le lendemain, de participer sans se présenter avec trop de rides le matin au travail.
L’idée paraît claire – il s’agit maintenant de porter ce mouvement français à l’échelle européenne et de mobiliser de plus en plus de personnes qui ne sont pas d’accord avec l’état de nos démocraties actuelles. La solidarité avec le mouvement «Nuit debout» dépasse donc désormais les frontières, ce qui crée un besoin urgent de trouver une orientation. En France, après 10 jours, ils sont de plus en plus nombreux à se poser la question quant à la finalité de ce mouvement, mais il n’est pas facile de trouver une réponse à cette question. Les uns souhaitent intégrer le paysage des partis politiques, d’autres préfèrent des actions en dehors de ce monde considéré, à juste titre, comme corrompu. Il s’agit maintenant de trouver un fil d’action, car «Nuit debout», en France et ailleurs, fait peur à l’establishment politique.
Toutefois, et il est important de souligner cela, ce mouvement aura déjà eu un effet plus que salutaire pour nos sociétés. Les militants de ce mouvement ont déclenché un débat de société, nous obligent tous à réfléchir quant aux «valeurs démocratiques», les inégalités sociales dans nos pays, le fonctionnement de la politique nationale et européenne et ce débat ne peut être que bénéfique. En plus, «Nuit debout» contredit tous ceux qui se plaignent depuis longtemps que la jeunesse «ne s’intéresse pas à la politique» – faux et archi-faux. Les jeunes s’intéressent parfaitement à la politique, mais plus dans le sens de la «res publica» et moins au monde des partis politiques. Compréhensible lorsque l’on voit les choix que ce monde nous propose…
Ceux qui tentent actuellement de discréditer ce mouvement qui vient juste de naître, clamant que c’est dangereux lorsque des jeunes occupent l’espace public (qui leur appartient tout autant qu’à tout le monde et quelle meilleure façon d’utiliser des espaces publics que de les transformer en «agora» à l’instar de la Grèce ancienne ?), sont les véritables dangers pour la démocratie. Personne ne peut clamer de nos jours que nos sociétés fonctionnent bien – ceux qui tentent de défendre le statut quo sont ceux dont il convient de se méfier…
Il sera intéressant de voir comment «Nuit debout» évoluera à Berlin et dans les autres villes européennes. Ce mouvement a déjà déclenché des débats des plus intéressants, il a déjà le mérite de nous obliger à remettre en question les dysfonctionnements de nos sociétés et si ce mouvement pouvait arriver à se structurer, il pourra en effet générer un effet bénéfique pour la démocratie dans nos pays. A suivre. Et on suivra.
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