OK, on fête l’Europe. Et après ?
A un mois d'une élection européenne qui pourra donner lieu à une terrible montée des nationalismes en Europe, on fait semblant que l'Europe ne soit pas menacée comme jamais avant.
(KL) – A maintenant moins d’un mois de l’élection européenne, on fête le « Mois de l’Europe » à Strasbourg. Sympa, mais sans plus. Est-ce que l’Europe ne mériterait pas une toute autre attention dans la période que nous vivons ? L’Europe a aujourd’hui moins besoin de discours formatés et de gadgets pour les petits, que d’une réflexion sérieuse qui devrait avoir lieu dans le cadre de cette élection. Mais cela ne sera pas pour cette-fois-ci.
Les grands parti qui se présentent aux élections du 9 juin prochain, ne proposent pas grande chose de nouveau aux électeurs et électrices. Quel est le parti qui fait des proposition pour réformer les institutions européennes qui, surtout à Bruxelles, sont perçues par de nombreux citoyens, comme des fiefs de la corruption, du lobbyisme et de l’espionnage ? Pourquoi est-ce que ces sujets ne figurent pas sur les programmes pour cette élection ? Pourquoi est-ce que l’absence de cohésion parmi les 27 n’est pas thématisée ? Pourquoi est-ce que les prochaines extensions de l’Union ne vont pas de paire avec une réforme profonde des institutions dont les dysfonctionnements sont frappants ?
Il est vrai, l’Union européenne peut présenter quelques succès dans quelques domaines, comme par exemple la protection des consommateurs, l’aide aux entreprises ou les nombreux projets de recherche scientifique. Mais force est de constater que cette Union, comme beaucoup d’états-membre, fonctionne dans des systèmes vétustes et inefficaces, datant de l’époque d’avant la « Révolution technologique » et travaillant dans une sur-administration bruxelloise extravagante. Au lieu de distribuer des fanions et porte-clés aux jeunes, il serait plus sensé de mener une réflexion comment sauver l’Union européenne de l’insignifiance politique, de son enlisement administratif, de ses politiques bruxelloises qui se décident de manière peu démocratique derrière les portes fermées à Bruxelles.
Le monde, et donc aussi l’Europe, se trouve dans la plus profonde crise depuis la fin de la IIe Guerre Mondiale. Après la pandémie, l’Europe doit aujourd’hui faire face à la guerre en Ukraine ; trouver de nouvelles positions par rapport aux états BRICS qui eux, détiennent aujourd’hui le vrai pouvoir politique et économique ; l’Union doit trouver une position commune par rapport à la situation en Israël et à Gaza et l’Union doit inventer un mode de fonctionnement qui ne peut, en aucun cas, être le « on continue comme avant ! » d’une Ursula von der Leyen. Quid des prochaines extensions dans un « club » dont le règlement interne ne fonctionne déjà pas à 27 ? Quid des minima sociaux européens ? Quid de l’Europe de l’énergie, de la santé, de la défense ? Au lieu de se pencher sérieusement sur ces questions, les états-membre de l’Union mènent des campagnes qui se situent entre des « tests nationaux » et des « règlement de comptes » avec les gouvernement nationaux en place. Est-ce la bonne façon d’appréhender les nombreux problèmes que connaît aujourd’hui l’Union européenne ?
On ne peut pas se reposer éternellement sur le Prix Nobel de la Paix, attribué à l’Union européenne en 2012. A l’époque, ce prix voulait récompenser le travail européen pour « la paix et la réconciliation, la démocratie et les droits de l’homme » en Europe. Mais 2012 est déjà loin, et bon nombre des raisons ayant conduit à ce Prix Nobel, n’ont plus cours aujourd’hui. Les Droits de l’Homme ne sont plus systématiquement respectés, la liberté de la presse se trouve sous pression (il suffit de penser au cas de Julian Assange), la paupérisation de nos sociétés est visible dans les rues des villes ; et l’Europe aurait tout à gagner en réglant ses nombreux problèmes et en se hissant à un fonctionnement en phase avec l’an 2024. L’époque de Schuman et des autres pères-fondateurs de l’Europe est révolue, mais même à l’occasion de cette élection cruciale qui peut voir renaître un nationalisme malsain dans de nombreux pays européens, on évite les sujets qui fâchent.
Dommage qu’aucun grand parti n’ait eu le courage de faire campagne pour une réforme radicale des institutions européennes. Dommage qu’aucun grand parti n’ait annoncé dans son programme, un vrai projet anti-corruption et de contrôle des lobbys à Bruxelles. Dommage qu’aucun grand parti n’ait eu à cœur de proposer un rôle plus important du Conseil d’Europe qui lui, fonctionne très bien malgré des budgets réduits. Dommage que l’innovation européenne ait été étouffée par ceux qui se sont installés très confortablement dans le statut quo des institutions, en profitant personnellement de ces structures peu fonctionnelles.
Le moment est mal choisi de s’auto-célébrer pour des accomplissement des générations passées dans la politique européenne. Si c’est sympa de faire la fête, il est désolant que les questions brûlantes auxquelles les institutions européennes doivent trouver des réponses, ne figurent pas sur les programmes des partis et des institutions à quatre semaines de cette élection. Le 9 juin, nous risquons d’avoir une très mauvaise surprise, dont la responsabilité incombe clairement au monde politique national et européen. Ce ne seront pas les citoyens et citoyennes qui auront détruit l’Europe, mais ceux à qui nous confions les clés de la Maison Europe, mais qui ne savent pas la gérer comme il faut.
Mais pour ceux qui veulent quand même faire la fête et célébrer cette Europe, voici le programme du « Mois de l’Europe » à Strasbourg…
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