« On doit montrer notre force ! »

Depuis trois ans, nous entendons cette phrase en ce qui concerne la Russie. Maintenant, on l'entend également en ce qui concerne les États-Unis. Seul problème – on n'est pas si forts que ça...

L'Europe (à droite), en train de montrer sa force à Poutine et Trump... Foto: Sgt. Heidi Kroll / Wikimedia Commons / PD

(KL) – C’est une phrase que nous entendons quotidiennement depuis trois ans. « Ils ne comprennent que le langage de la force », et cette phrase était pendant ces trois ans réservée à Vladimir Poutine. Désormais, comme l’a dit la cheffe des Verts allemands Franziska Brantner, il faut aussi « montrer notre force » à Donald Trump, parce que c’est le seul langage qu’il comprend.

Il est assez surprenant que les Verts allemands, un parti issu de trois mouvements citoyens dans les années 80 du siècle dernier, à savoir le mouvement anti-nucléaire, le mouvement de la libération de la femme et le mouvement pour la paix (si, si, un tel mouvement a bel et bien existé !), veulent montrer leur « force » aux Russes et aux Américains. Ce parti, qui se situe actuellement à 12% dans les sondages, veut alors rouler les mécaniques et montrer aux superpuissances notre « force ». Mais quelle force ?

Que ce soit la guerre militaire que la Russie a déclenché, que ce soit la guerre économique que Trump vient de déclencher, on veut montrer une « force » dont nous ne disposons pas. Du coup, ce discours frôle le ridicule, surtout dans la mesure où nous n’osons même pas isoler la Russie économiquement. En 2023, l’Europe a importé plus de gaz russe que jamais avant, une hausse de 18% par rapport à la période d’avant la guerre, et notre « force » se limite à financer actuellement autant la guerre pour la Russie que la défense pour l’Ukraine et à faire des déclarations fortes.

Notre « force » est imaginaire. Les armées européenne sont dans un état assez pitoyable (autrement, il ne serait certainement pas nécessaire d’investir des centaines de milliards € pour les rendre « apte à la guerre ») et cela ne changera pas d’aussitôt. Donc, notre « force » se résume à des slogans, à de la vantardise, à des mensonges. Aujourd’hui, tout est dans la propagande et cela fonctionne jusqu’au moment où les grandes puissances se décident de montrer aux Européens ce que la « force » est réellement.

L’actuelle génération de responsables politiques issue des grandes écoles, a seulement appris à administrer les crises et à exceller dans la communication politique. Mais autant les Américains que les Russes savent que ce que les Européens racontent, n’a pas vraiment de valeur. Car l’Union européenne n’est plus une union, mais une organisation comptant 27 états-membres qui poursuivent tous des objectifs individuels et souvent, incompatibles.

Visiblement, ce sont les Européens qui ne comprennent pas le langage de la force, ce langage que Poutine et Trump utilisent quotidiennement. Militairement, l’Europe est dépendante depuis 80 ans des Américains et se retrouve aujourd’hui dénudée après la trahison américaine et n’a aucune chance contre la Russie qui elle, est soutenue par les états BRICS dont les Européens n’ont jamais mesuré la puissance ; économiquement, les Européens ne peuvent pas stopper les lubies de Donald Trump.

A quoi servent donc ces slogans qui suggèrent que nous soyons tellement forts ? Quelqu’un pourrait finir par y croire, ne serait-ce que les politiques eux-mêmes. En se racontant des histoires à eux-mêmes, il risquent de continuer à prendre les mauvaises décision…

Et si on revenait à un peu de réalisme pour sortir le monde de ce pétrin ?

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