On joue la montre…

L'audience en appel du procès des trois jeunes Allemands arrêtés en amont du sommet G7 s'est soldée par un nouveau report. On fait traîner jusqu'à ce que leurs peines soient consommées.

Les trois jeunes Allemands sont traités comme des terroristes par la justice française. Foto: Rainerzufall1234 / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0int

(KL) – On en avait parlé sur Eurojournalist(e), des arrestations en amont du sommet G7, effectuées sur la base d’un fichier fortement contesté en provenance des services secrets allemands. Nos articles nous avaient même valu un « fake news » de la part des collègues de Libération qui pourtant, n’étaient même pas au courant que ce fichier faisait l’objet d’une contestation de la part d’un député allemand – mais puisque Libération avait sagement repris les communications officielles du parquet (qui n’allait pas contester ses propres actions…), Libération estimait que nos sources (député allemand, comité de soutien, parents des trois jeunes incarcérés) n’étaient pas fiables. S’il le disent. Voici la suite.

Le 27 septembre dernier avait lieu l’audience en appel à Pau contre le jugement (2 et 3 mois de prison) contre ces trois jeunes qui, au moment de leur arrestation, étaient sur la route pour faire du camping au Pays Basque. Entourés par une douzaine de policiers, les trois étaient présentés au tribunal comme des terroristes – et leurs avocats Alice Becker, Raphael Kempf et Arié Alimi critiquaient dès l’ouverture de l’audience les nombreux vices de procédure ayant marqué ce procès. La liste des vices de procédure remplit quand même 30 pages…

A la fin de l’audience, avant que la police ne vide le bâtiment en arrosant les observateurs du procès de gaz lacrymogène, aucun verdict n’a été prononcé, mais le tribunal s’est reporté au 17 octobre, donc à un moment où au moins une des peines prononcées sera écoulée.

La violence affichée envers ces trois jeunes Allemands, avant et après le sommet G7, est incroyable. Et une chose est claire  : on fera traîner un verdict final jusqu’au moment où les peines prononcées contre les trois seront consommées. Si par la suite, comme dans le cas du jeune journaliste-radio allemand de Radio Dreyeckland arrêté et expulsé illégalement à Dijon en amont du sommet G7, le tribunal trouvera que l’arrestation et l’incarcération étaient démesurées, ils auront quand même purgé leurs peines.

L’Etat français roule les mécaniques en statuant un exemple sur trois jeunes Allemands qui ont le malheur que leurs noms se trouvent sur un fichier dont la légalité est plus que douteuse, puisqu’il contient non seulement les noms de personnes qui se sont fait remarquer lors de manifestations violentes, mais également ceux de leurs contacts familiaux, privés, ou même de journalistes.

L’attitude des autorités allemandes est tout aussi surprenante – les trois n’ont pas eu de soutien consulaire dans le cadre du premier procès et pire, l’Ambassade allemande à Paris avait d’abord informé les parents que les trois « ne souhaitaient pas avoir du contact ». Comprendre : même l’ambassade allemande se fait agent de cette procédure plus que douteuse. A noter également l’absence de toute intervention de la part du ministère des Affaires étrangères à Berlin – personne ne veut créer de scandale diplomatique, donc, on laisse moisir ces trois jeunes dans leur prison du Sud-Ouest.

Les parents des trois, présents à cette audience, étaient choqués après l’intervention musclée des forces de l’ordre. Pour eux, les 8 heures d’audience, l’absence d’un verdict et l’intervention violente de la police n’étaient autre qu’un « cauchemar ».

Le procès et son déroulement, y compris ce report à une date où en principe, les peines sont déjà purgées (donc, même s’ils obtiennent gain de cause, cela ne changera plus rien à la peine infligée), constitue ce qu’on appelle un « procès politique ». En l’an de grâce 2019, cette procédure est tout simplement honteuse. Où, comme l’a exprimé l’avocat Arié Alimi : « Il se trouve une continuité entre le régime de Vichy et la République Française, et cette continuité se trouve dans ces lois. » A suivre.

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