On ne déjeune pas avec le diable…

...même avec une très longue cuillère, dit le proverbe anglais repris à diverses occasions par plusieurs personnalités politiques françaises, et qu’il importe maintenant aux syndicats d’appliquer.

Pointer la perversité de l’actuel exécutif, est tout aussi important que de dénoncer la dédiabolisation de l’extrême droite. Foto: Antoine Oury6 / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0int

(Jean-Marc Claus) – Fort de sa victoire à la Pyrrhus contre le peuple français, à l’issue de trois mois et demi de grèves et de manifestations très suivies, le président des ultra-riches s’est empressé de dire qu’il allait rencontrer les syndicats. Syndicats auxquels il a fermé sa porte durant toute la période de la bataille, dont la première ministre a eu le front d’affirmer, qu’il ne ressort ni vainqueur ni vaincu. Un « ni-ni » aux accents mitterrandiens qui, sortant de la bouche d’une ex-socialiste recyclée par la macronie, a une odeur de trahison toute particulière.

L’actuel président français avait pris plaisir en 2017 et 2019 à déjeuner avec le diable, en invitant amicalement Vladimir Poutine à l’Elysée puis au Fort de Brégançon, alors qu’en 2014, au mépris du droit international, celui-ci avait annexé la Crimée. Depuis février 2022 nous ne connaissons que trop la suite des ambitions impérialistes du président russe, malgré les multiples gesticulations macronistes en vue de soi-disant le ramener à la raison. Arroseur arrosé de sa politique surréaliste envers la Russie poutinienne, ayant désormais perdu toute crédibilité sur la scène internationale, Emmanuel Macron, dans un geste auguste qui le caractérise, tend aujourd’hui, dans un prétendu esprit de concorde, la main aux syndicats… pour mieux leur tordre le bras.

La ficelle étant très grosse, il apparaît clairement que le but de l’opération, probablement orchestrée par les communicants hors-sol du palais présidentiel, vise à discréditer les syndicats optant pour la politique de la chaise vide et à fracturer le front exceptionnellement uni en faisant plier ceux dits réformistes. Sauf que ces derniers, notamment la CFDT, l’ont particulièrement mauvaise. A trop mépriser les dits partenaires sociaux, on se retrouve à jouer la partie en solo et c’est ce qui arrive à l’actuel exécutif français, en espérant que cela va durer, quitte à connaître au pire, quatre années de blocage.

Car que y a-t-il de pire : continuer et même accroître les régressions sociales, sous couvert de prétendues réformes destinées à sauver leur système, ou voir notre quotidien à (presque) tous perturbé, pour mettre enfin un coup d’arrêt à ces politiques mortifères, n’ayant d’autre but que de détruire méthodiquement l’héritage du Conseil National de la Résistance ? La question, elle est vite répondue, dirait un apprenti comique ayant, il y a peu, connu ses heures de gloire sur YouTube !

Malgré le faible taux de syndicalisation en France, le pluralisme syndical constitue une richesse, mais face à un individu particulièrement manipulateur, c’est un vrai danger et il n’y a aucun doute que l’exécutif va maintenant tout tenter pour, comme à son habitude, jouer la carte de la division pour régner. Souhaitons que la leçon du Grand Débat, faisant suite à la crise des Gilets Jaunes, aura servi. Or, le bilan des douze journées de mobilisation, ainsi que les sondages d’opinion, laissent à le penser.

Accepter de participer à toute négociation avec l’actuel exécutif, tant que s’appliquera cette réforme des retraites injuste et promulguée nuitamment, reviendra à déjeuner avec le diable et à se faire rouler dans la farine comme l’a été le narcissique Emmanuel Macron par le sanguinaire Vladimir Poutine. Or, si ce dernier a chaque jour toujours plus de sang sur les mains, il ne faudrait pas pour autant exonérer le premier de tout crime, à commencer par l’assassinat de la démocratie, sans parler des sanctions infligées par cette loi scélérate à tous « ceux qui ne sont rien » et vont voir leurs galères se multiplier, puis leur espérance de vie en bonne santé diminuer.

Tout syndicat s’aventurant à accepter de déjeuner avec le diable, fut-ce avec une très très très longue cuillère, sera responsable de la fragilisation d’un front jusqu’ici uni, mais aussi de la perte de crédibilité de l’action syndicale dans une opinion publique qui lui est actuellement majoritairement favorable. Il importe plus que jamais de ne pas perdre de vue que seuls les négociateurs du GIGN, du RAID et du GIPN, sont aptes à négocier avec un forcené.

2 Kommentare zu On ne déjeune pas avec le diable…

  1. Francis Alexis Hammer // 18. April 2023 um 10:57 // Antworten

    Ce que l’on devient doit pour beaucoup à ce qui a marqué sa jeunesse. Pour Emmanuel Macron, ce fut son passage au lycée Henri IV où son allure de poète romantique tranchait avec l’attitude de ses camarades. Son assurance, cultivée au théâtre du collège jésuite d’Amiens, avait trouvé en ce lieu élitiste matière à croire en son destin. Il y trouva une manière de penser et de s’exprimer, et d’utiliser plus que de raison le Name-Dropping dont il se servira plus tard comme argument d’autorité dans ses choix politiques. « Il parlait très bien, singeant le langage universitaire à la perfection, mais c’était au fond assez creux» disait de lui un de ses camarades d’hypokhâgne…
    Sa grande chance fut de pouvoir émerger sur les ruines d’une droite et d’une gauche en déshérence. Aujourd’hui, son passé le rattrape au galop. Sans ses habits de majesté le roi est nu.

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