On se pointe mutuellement du doigt

Lors du sommet G7, les pays qui en font partie, pointent la Chine du doigt pour ses violations des Droits de l’Homme. La Chine répond en faisant la même chose. Et ils ont tous raison…

Le sommet G7 avait lieu dans la petite ville Carbis Bay en Cornouaille. Foto: Vdemedina / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(KL) – Les G7, ce sont les Etats-Unis, la France, le Japon, l’Allemagne, la Grande Bretagne, l’Italie et le Canada. A la table de ces sommets participe aussi l’Union Européenne. Pas la Chine, pas la Russie, pas les états BRICS. Si ces états ont utilisé ce sommet de Carbis Bay en Cornouaille pour apostropher la Chine pour ses violations des Droits de l’Homme, la Chine a profité de l’occasion pour indiquer que les G7 représentent un monde d’hier qui n’a plus grande chose à voir avec les réalités planétaires.

Les G7 craignent la Chine et sa puissance économique, mais aussi une sorte d’impérialisme économique qui se traduit par une prise d’influence croissante dans des pays du Sud. Et, lorsque les G7 ne sont pas nécessairement sur une ligne commune, il est de coutume de taper sur un autre état absent des discussions, parfois la Russie, parfois la Chine, parfois les pays arabes. Au moins, cela permet d’afficher une « harmonie » entre états G7. A Carbis Bay, les G7 ont donc critiqué les violations des Droits de l’Homme en Chine et ils ont demandé une nouvelle enquête sur l’origine du Coronavirus soupçonnée se trouver dans le tristement célèbre laboratoire P4 à Wuhan. Par contre, la réponse chinoise était aussi cinglante.

« L’époque où des décisions de portée mondiale étaient prises par un petit groupe de pays, est révolue depuis longtemps », disait un porte-parole de l’ambassade chinoise à Londres, « tous les états, qu’ils soient grands ou petits, forts ou faibles, riches ou pauvres, sont égaux. Des dossiers de portée mondiale devraient être réglés par des concertations de tous les pays. » Là, la Chine marque un point. Après, les violations des Droits de l’Homme ne sont pas limitées à la Chine.

En Grande Bretagne, où le sommet G7 avait lieu, la Grande Bretagne torture un prisonnier politique en la personne de Julian Assange, qui avait l’audace de rendre public des crimes de guerre américains, des crimes assez peu compatibles avec les Droits de l’Homme… Pendant ce temps, d’autres pays européens poursuivent leur politique de colonisation en exploitant les richesses des pays pauvres, créant ainsi une situation qui motive des millions de personnes à quitter leurs pays pour chercher à survivre ailleurs. Côté Droits de l’Homme, à des degrés différents, ils se valent tous et jeter la première pierre, pourrait rapidement se transformer en boomerang.

Personne ne met en doute les violations des Droits de l’Homme de la Chine. Les dénoncer, c’est bien et nécessaire. Mais il serait trop facile de rester figé sur l’ordre de pensée « eux, c’est les méchants et nous, nous sommes les bons » – une telle vision en noir et blanc du monde, est tout simplement erronée.

Laissons de côté les chamaillades entre Emmanuel Macron, Boris Johnson et l’Union Européenne concernant la situation en Irlande du Nord – un sujet qui, théoriquement, n’a pas à figurer sur l’ordre du jour d’un sommet G7. Posons-nous plutôt la question à quoi servent ces sommets.

Le méga-projet de la « Route de la Soie 2.0 », actuellement en cours de réalisation par la Chine et ses partenaires, inquiète les Européens et les G7. Qui eux, avaient fait fi de la possibilité d’intégrer ce projet, tout comme l’Europe a loupé l’occasion de s’engager dans la Banque BRICS, l’équivalent de la BCE. Evidemment, la Banque BRICS est l’organisme principal du financement de ce projet économique d’une dimension pharaonique qui est la « Route de la Soie 2.0 ». Est-ce réellement la faute de la Chine que les responsables européens n’avaient pas compris la portée de ce projet lorsqu’ils avaient la possibilité de l’intégrer ?

Maintenant, les G7 veulent mobiliser des sommes aussi pharaoniques pour affirmer leur influence dans les pays où la Chine est déjà présente. Comprendre : on se prépare de part et d’autre, à une « guerre économique » qui a déjà commencé et qui prendra des dimensions de plus en plus importantes.

Et l’ONU dans tout ça ? Tous ensemble, les G7, G8, G20 et la Chine, ont dévalorisé cette assemblée des pays du monde, en se bloquant mutuellement et presque systématiquement sur toutes les résolutions en utilisant leur droit de véto. Peut-être faudrait-il raviver l’ONU et lui donner enfin !, un nouveau statut. La Chine a raison – il n’y a aucune raison que les G7 se comportent en « maîtres du monde », ils ne le sont pas. Ni économiquement, ni moralement. En même temps, les G7 ont raison de dénoncer ce qu’ils ont à dénoncer.

Mais avant que l’histoire ne se termine comme dans une cour de récréation où tout le monde se pointe mutuellement du doigt, il serait temps de se pencher ensemble sur les vrais problèmes de notre planète qui elle, s’en fiche de savoir qui est plus fort, plus riche, plus influent que les autres. Pandémie, climat, famines, guerres et guerres civiles, voilà les problèmes qui sont réellement importants. Les G7 apportent depuis longtemps la preuve qu’ils sont incapables de les résoudre, la Chine ne s’est jamais engagée dans la résolution de problèmes planétaires. Le monde a besoin de solutions pour ces nombreux problèmes – les joutes diplomatiques n’intéressent que ceux qui les mènent.

 

Kommentar hinterlassen

E-Mail Adresse wird nicht veröffentlicht.

*



Copyright © Eurojournaliste