On se rassure comme on peut…
L’Agence pour l’Emploi de l’Ortenau annonce un taux de chômage de 3,7% pour le mois d’octobre, une amélioration de 0,2% par rapport au mois précédent. Mais est-ce que ces chiffres reflètent les réalités de la crise actuelle ?
(KL) – Les chiffres sont surprenants. Selon le communiqué de l’Agence pour l’Emploi d‘Offenburg (Arbeitsagentur), seulement 3,7% de la population active dans l’Ortenau voisine seraient actuellement à la recherche d’un emploi – à croire que l’Allemagne ait déjà surmonté la crise actuelle. Pour trouver le bémol, il convient de lire le communiqué attentivement et jusqu’à la fin…
Au moment où l’Allemagne se met dans un « confinement partiel », en fermant hôtels, restaurants, bars, cafés, théâtres, cinémas etc., un taux de chômage de 3,7% peut faire des jaloux. Le ministre de l’économie Peter Altmeier (CDU) avait déjà annoncé que la baisse du PIB resterait à 5,5% en 2020 et puisqu’il table sur une croissance de 4,4% en 2021, l’Allemagne considère être plus ou moins sortie du plus gros. Mais ceci n’est qu’une partie de la vérité.
A un moment où même Angela Merkel perd un peu de son calme (« des choses terribles nous guettent ! »), à un moment où tout le monde s’attend aux conséquences gravissimes de cette pandémie pour la santé publique et l’économie, l’annonce d’un tel taux de chômage paraît étrange. En chiffres concrets, ce taux de 3,7% correspond à 9525 femmes et hommes dans l’Ortenau qui seraient à la recherche d’un emploi. Mais ce chiffre ne tient pas compte des 73600 salariés dans 4950 entreprises concernés par le chômage partiel dans la même Ortenau. Le chiffre exact est difficile à déterminer, car les entreprises disposent de trois mois pour faire valoir leur demande d’indemnisation auprès de l’Agence pour l’Emploi. Pour le mois de juin, cette dernière a versé les indemnités pour 32.452 salariés au chômage partiel dans 2.375 entreprises.
On ignore encore combien des entreprises touchées par le chômage partiel survivront à la fin – cela dépend en premier lieu de l’évolution et de la durée de cette pandémie. Mais il semble malheureusement logique que beaucoup de salariés aujourd’hui encore au chômage partiel, viendront grossir les rangs des chômeurs d’ici quelque temps. A quoi bon alors de faire semblant que tout aille pour le mieux dans le meilleur des mondes ?
Pour Horst Sahrbacher, le patron de l’Agence pour l’Emploi d’Offenburg, les choses semblent s’arranger : « Nous voyons un léger mieux sur le marché de l’emploi », a-t-il dit, « voilà un signal important par temps de pandémie. Le nombre de chômeurs baisse, surtout chez les jeunes et le nombre d’offres d’emplois augmente de manière continue. » Est-ce que les professionnels du marché de l’emploi sifflent dans la cave ? En attendant le tsunami ?
Restons prudents – le « miracle allemand » n’existe pas, comme le montrent les chiffres sanitaires qui, après presque 6 mois, commencent à rejoindre ceux des autres pays européens. S’il est vrai que l’Allemagne investit lourdement dans le maintien de l’emploi, en prolongeant par exemple le chômage partiel jusqu’à la fin 2021, l’Allemagne est autant touchée que le reste de l’Europe. Et, en toute logique, l’économie en souffrira en Allemagne comme ailleurs. Et si la publication de ce taux de chômage de 3,7% était surtout destinée à se rassurer soi-même ?
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